Cuba : Miguel Diaz-Canel s’engage à poursuivre les réformes économiques entamées par Raul Castro

Jeudi 19 Avril 2018 - 19:39

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Une transition historique vient d’être entamée dans le pays pour la première fois depuis près de six décennies: l’île n’est plus dirigée exclusivement par les frères Castro, puisque l’actuel président a cédé le témoin à son dauphin désigné.

L’élection de Miguel Diaz-Canel, un civil de 57 ans, unique candidat pour succéder à Raul Castro, a été confirmée le 19 avril après avoir été soumise au scrutin de l’Assemblée un jour plus tôt. Il a été porté à la tête du pays pour un mandat renouvelable de cinq ans avec 603 voix sur 604, soit 99,83% des suffrages.

Dans son premier discours en tant que président du Conseil d’Etat, Miguel Diaz-Canel a dit réaliser l’ampleur de la mission qui lui est confiée.  « Le mandat donné par le peuple à cette législature est de poursuivre la révolution cubaine dans un moment historique crucial », mais aussi les réformes économiques entamées par Raul Castro.

Son accession en qualité de président cubain ne surprend guère puisque le chef de l’Etat sortant l’a préparé à assumer les plus hautes fonctions.  Celui qui était devenu le numéro deux du régime a gravi, dans l’ombre, les échelons du pouvoir cubain et s’est imposé peu à peu aux côtés de Raul Castro, jusqu’à être nommé premier vice-président en 2013. À ce titre, Miguel Diaz-Canel représentait son gouvernement à l’étranger tandis que les médias lui accordaient de plus en plus d’espace.

Le nouveau président est chargé de conduire une transition pour un mandat renouvelable de cinq ans. Il est le premier dirigeant cubain à n’avoir pas connu la révolution de 1959 et devra se forger une légitimité. Parmi les chantiers qui l’attendent, Miguel Diaz-Canel devra maintenir l’équilibre entre la réforme et le respect des principes essentiels du castrisme, et s’atteler à poursuivre les réformes d’une économie encore étatisée à 80%.

Il devra aussi tout faire pour parvenir si possible à la suppression de la double monnaie, un système unique au monde qui, aux yeux des experts, provoque des distorsions dans un modèle économique obsolète et entravé depuis 1962 par l’embargo américain. S’agissant de la nomination des membres du conseil des ministres, elle va intervenir dans les prochains jours, mais beaucoup d’observateurs estiment que la nouvelle configuration du pouvoir cubain sera moins centralisée.

Pour le président du groupe de réflexion Dialogue interaméricain, à Washington, Michael Shifter, qui évoquait les lourdes charges dévolues au nouveau dirigeant, « il est assez difficile d’évaluer la capacité de Diaz-Canel de remplir les fonctions de président ». « Il vient du système mais c’est la rigidité du système qui constitue le plus grand obstacle pour avancer », a-t-il noté, ajoutant que "ses débuts constitueront un test pour ses capacités politiques, et il peut s’attendre à des résistances ».

De son côté, le directeur de l’Institut des recherches cubaines de l’université de Floride, Jorge Duany, pense que Miguel Diaz-Canel « adoptera peut-être un style de direction plus institutionnel et bureaucratique que charismatique et personnel, comme ce fut le cas avec Fidel, puis un peu différemment avec Raul ».

Raul Castro qui a cédé le pouvoir à Miguel Diaz-Canel, un ingénieur électronique, avait succédé en 2006 à son frère Fidel, décédé fin 2016. Il a engagé une série de réformes autrefois impensables, comme l’ouverture de l’économie au petit entrepreneuriat privé et orchestré un rapprochement spectaculaire avec les Etats-Unis. Sur ce dernier point, La Havane et Washington ont notamment noué leurs relations diplomatiques en 2015, soit après cinquante-trois ans d’affrontements. L’année suivante, le président américain, Barack Obama, avait effectué une visite historique sur l’île. Mais depuis l’arrivée à la Maison-Blanche du républicain Donald Trump, la normalisation a subi un sérieux coup de frein.

Malgré des efforts consentis par les autorités cubaines, des observateurs estiment que les réformes ont été trop timides pour relancer une économie encore largement dépendante des importations et du soutien de son allié vénézuélien en plein déclin.

 

 

 

Nestor N'Gampoula

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