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Culture de la déprime

Lundi 4 Novembre 2013 - 0:48

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Un cimetière, c’est comme un monument aux morts, avec un même but : commémorer et honorer des personnes tuées ou disparues. Que ce soient des cénotaphes, des mémoriaux ou des monuments nationaux, la fin demeure la même, tant au mémorial Pierre-Savorgnan-de-Brazza qu’aux monuments nationaux du centre-ville de Brazzaville à la mémoire des victimes du vol UTA 772 du 19 septembre 1989 ou encore des explosions du 4 mars 2012.

Nous conviendrons sans ambages que ces espaces qui se veulent des endroits de recueillement et de ressourcement doivent être convenablement entretenus, et, il faut bien le reconnaître, ce n’est pas souvent le cas dans nos contrées. Nous venons de célébrer la Toussaint en l’honneur de tous les saints du panthéon catholique, mais aussi de nos fidèles défunts par des messes, en particulier pour ceux de l’année écoulée et, fidèles à nos traditions, nous avons consacré ce long week-end à une visite familiale aux cimetières et à l’entretien des tombes.

Nous pensons célébrer ainsi tous les saints, que nous assimilons volontiers à nos défunts, car ils sont tous supposés remis par le Très Haut de leurs pêchés commis ici-bas. Mais ce rituel que nous effectuons depuis des temps immémoriaux se trouve hélas souvent contrarié par l’état des lieux. Il s’exprime alors, et de manière très ressentie, un malaise provoqué par l’insalubrité de ces sites, malaise qui doit sans doute habiter tous ceux qui ont à cœur de s’y recueillir.

Il faut reconnaître que le sentiment qui vous habite, en parcourant le cimetière du centre-ville de Brazzaville, pour ne citer que ce dernier, réputé du domaine municipal, est un sentiment qui s’apparente à de la colère, car cet endroit censé inspirer le repos et le calme se révèle en fait un lieu de déprime au vu de l’insalubrité manifeste dans les allées et sur les tombes.

Ce n’est pourtant pas un endroit désert, car il est fréquenté par de nombreux individus et badauds dont le statut reste flou, en tout cas qui effectuent des travaux d’entretien de manière officieuse et vous harcèlent en vous proposant toutes sortes de services. Il est vrai qu’un flot de questionnements peut surgir dans les esprits lorsqu’on se rend compte que dans les cimetières privés, on est plus méthodique et organisé en dépit du fait que les frais multiples payés par le contribuable sont très variables et particulièrement élevés au centre-ville. Ces coûts n’incluent-ils pas l’entretien ?

Un journaliste très inspiré a écrit : « Toutes les richesses de l’Afrique se trouvent au cimetière. » Il ne croyait pas si bien dire, et il faut qu’on l’intègre et se rappelle qu’à juste titre le cimetière est par excellence ce lieu où l’on doit retrouver la paix, la quiétude afin qu’en le quittant on ait la sensation agréable d’avoir posé un acte salutaire et bénéfique, car ne dit-on pas que « les morts ne sont jamais morts » et que bien au contraire, « ils se sont éloignés pour mieux nous guider » ? Ce n’est donc pas dans la déprime occasionnée par l’insalubrité que nous pourrons honorer nos défunts !

Ferréol-Constant-Patrick Gassackys

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

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