Danse : Osase met en ébullition le rond-point Huileries

Les battements de tambour de deux percussionnistes accompagnant les danseurs avaient mis en alerte passants, vendeurs à la criée, habitants des avenues avoisinantes, enfants de la rue qui trainaient par là, taximen et motards. Alors que les quatre danseurs postés non loin les rejoignaient progressivement, ils se rapprochaient de manière instinctive du petit cercle. Les badauds de tous âges agglutinés, les yeux rivés sur le spectacle inédit qui s’offrait à leurs yeux.

Tous les quatre débordant d’énergie dans une chorégraphie synchronisée ponctuée par les percussions, les danseurs se donnaient à cœur joie à leur exercice. La chorégraphie, un mélange de pas traditionnels et de danse contemporaine, se mêlait aux sauts et aux bonds. Tantôt amusé par la gestuelle, tantôt impressionné par la souplesse des artistes, le public se répandait en commentaires divers. Tout particulièrement lorsque Bénédicte, la meneuse du groupe, se tortillait à même le sol et se relevait couverte de poussière, prête à exécuter de nouveaux pas. Les applaudissements ne se sont pas fait attendre à la fin de ce numéro inédit. Vécu tel un moment magique, pour bon nombre, le spectacle a captivé toute l’attention et comme suspendu le temps les 25 minutes qu’il a duré.

Comme pour répondre aux interrogations muettes du public qui se lisaient dans le regard de chacun, la chorégraphe Bénédicte Shutsha lui a fait une adresse directe au terme de la performance. La substance de son propos en lingala pouvait se traduire de la sorte : « Nous avons voulu danser dans la rue pour offrir à un maximum de personnes l’occasion de nous voir. Chacun de vous a ainsi l’opportunité d’apprécier la culture de notre pays. » Et d’expliquer ainsi le déroulement du projet : « Nous allons investir plusieurs carrefours de la ville de Kinshasa, faire une performance aux ronds-points les plus fréquentés pour sensibiliser la population. Vous dire que malgré la souffrance, la misère, les violences endurées par les femmes dans l’Est, les expériences douloureuses de notre pays et de l’Afrique, il y a lieu de persévérer, de continuer à tenir. Par son travail, des efforts soutenus, faire en sorte d’atteindre nos objectifs. Nous pouvons y arriver, c’est cela le sens de Shokokakoma, le titre de notre spectacle en tetela. » De conclure alors : « Nous avons choisi de exprès de livrer notre spectacle pendant les heures de pointe, sachant que bon nombre reviennent du travail et sur le chemin du retour, cela devrait les déstresser. »