Darfour : le chef de la Minuad préoccupé par les difficultés à appliquer l’accord de paix

Jeudi 24 Octobre 2013 - 13:09

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Le chef de l’Opération hybride Union africaine/Nations unies au Darfour (Minuad) a exprimé au Conseil de sécurité de l’ONU, lors d'une vidéoconférence depuis Khartoum, capitale du Soudan, ses craintes au sujet de l’insécurité régnant dans cette région. Il est revenu sur les incidents meurtriers qui se sont produits au cours des trois derniers mois

« La situation en matière de sécurité au Darfour et les menaces contre les personnels de l’ONU et humanitaires continuent de représenter une source de grave préoccupation », a déclaré le représentant spécial conjoint de l’Union africaine et des Nations unies et médiateur en chef conjoint pour le Darfour, Mohamed Ibn Chambas.

Rappelant qu’entre le 11 et le 13 octobre 2013, quatre Casques bleus avaient perdu la vie dans des attaques perpétrées par des hommes armés, Mohamed Ibn Chambas a assuré qu’il continuerait à exhorter le gouvernement soudanais à faire arrêter et traduire en justice les auteurs de ces « crimes haineux » et d’autres qui ont visé les forces de la Minuad.

Le secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, Hervé Ladsous, a exhorté Khartoum à identifier les responsables de ces actes. « L’impunité doit cesser », a-t-il insisté. Il a souligné que des efforts étaient déployés avec les pays fournisseurs de contingents pour s’assurer que les personnels en uniforme déployés au Darfour soient bien équipés, formés et préparés à une situation sécuritaire difficile. Hervé Ladsous a expliqué que les affrontements intercommunautaires qui continuent de miner la région rendent plus complexe la situation dans cette région. Les luttes tribales sont encore plus lourdes de conséquences que les combats ayant opposé récemment l’armée soudanaise et les mouvements non signataires du Document de Doha, a-t-il fait remarquer.

Selon Mohamed Ibn Chambas, la Minuad, en étroite coopération avec les autorités locales, nationales et régionales, s’efforce d’apporter un appui logistique et technique constant à la réconciliation entre groupes antagonistes. « Bien qu’un certain nombre d’accords aient été conclus pour mettre fin aux hostilités, la situation demeure fragile », a-t-il néanmoins reconnu.

Le chef de la Minuad a indiqué que la fourniture de l’aide aux communautés touchées continuait d’être entravée par les restrictions de circulation et les procédures administratives imposées par le Soudan, alors que l’Union africaine avait, le 28 septembre dernier, à New York, souligné le caractère impératif de la liberté de mouvement des personnels de la Minuad.

La question de la mise en œuvre du Document de Doha – la feuille de route de la paix au Darfour signé en 2011 par le Mouvement pour la libération et la justice et le gouvernement soudanais – a été aussi abordée. À ce propos, Mohamed Ibn Chambas a déclaré que, depuis la conférence des donateurs, en avril dernier, ses signataires avaient mis l’accent sur la stratégie de développement du Darfour, prévue par le document. Des marchés publics portant sur plus de 1 000 projets de développement au Darfour ont déjà été publiés, pour une valeur totale de 82,5 millions de dollars. Mais « la mise en œuvre de l’accord entre le gouvernement soudanais et le Mouvement pour la justice et l’égalité, signé le 6 avril 2013, peine à avancer », a-t-il signalé.

Le chef de la mission hybride a parlé aussi des efforts entrepris par la Minuad pour faciliter le dialogue entre le gouvernement soudanais et les mouvements non-signataires. Il a indiqué qu’au cours de consultations organisées fin août, ces derniers avaient réclamé un règlement politique négocié à la crise du Darfour « dans le cadre d’une solution générale aux problèmes du Soudan ». « Pour le gouvernement, le dialogue doit être basé sur le Document de Doha », a conclu Mohamed Ibn Chambas.

Nestor N'Gampoula