Débat sur la Constitution : « Le passage à la VIe République devient inévitable »

Lundi 16 Juin 2014 - 15:37

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

À l’initiative des cercles de réflexion le Café du savoir, la Pléiade, et le Cercle des écrivains sur Denis Sassou N’Guesso, une conférence-débat s’est tenue, le 15 juin à Brazzaville, pour débattre des questions d’ordre constitutionnel

Dans une démarche commune, cette triade de Brazzaville, Pointe-Noire et Dolisie, a rassemblé les intellectuels autour des thèmes : « le passage de la Ve à la VIe République du Congo et le rôle du président Denis Sassou N’Guesso » ; « la paix et la stabilité, facteurs de développement ». Le but poursuivi est d’intéresser les Congolais non seulement ceux de l’opposition mais également ceux de la majorité, en vue de consolider la démocratie et de favoriser la justice sociale.

Cette initiative a pour objectif d’œuvrer afin de trouver un consensus national sur le changement ou non de la Constitution du 20 janvier 2002. Ainsi, dans ce débat lancé depuis peu, émergent des points de vue divergents. Certains prônent l’alternance, d’autres par contre sont pour un troisième mandat du président en exercice. D’entrée de jeu, certains taxent la révision ou le changement de la Constitution du 20 janvier 2002 de crime de haute trahison, ou de coup d’État constitutionnel. Mais également une frange de la classe politique congolaise opte pour un « touche pas à ma Constitution », tandis qu’une autre s’active ardemment pour le changement de cette même Constitution.

Ces avis, aussi probants soient-ils, selon les opinions, n’ont pas laissé indifférents les animateurs de ces cercles de réflexion dans leur traditionnelle mission de susciter le débat sous un angle intellectuel. « Nous voulons dédramatiser le débat, et conscientiser la société en vue de trouver un consensus national sur la base des valeurs de paix et de démocratie apaisée, susceptibles de faire gouverner le Congo. Nous avons pour mission de faire que ce débat devienne un débat citoyen, républicain et non partisan », a déclaré le président du Café du savoir, Serge Ikiémi.

Au cours de cette rencontre, le premier intervenant, Jean François Kando, a mis l’accent sur les points forts, ainsi que sur les faiblesses de la Constitution du 20 janvier 2002. Cependant, l’orateur a fait un plaidoyer sur l’actuelle loi fondamentale, qui selon lui devrait être changée. Ainsi, il a inscrit au nombre des faiblesses, la limitation du nombre de mandats à deux, ainsi que celui de l’âge du candidat à l’élection présidentielle (de 40 à 70 ans), car selon lui, réduire le nombre de mandats n’est pas anticonstitutionnel, ni la limitation d’âge, une panacée. Il a également critiqué l’article 185, qui place le verrou sur le caractère non révisable de certaines dispositions constitutionnelles.

« La constitution congolaise ne doit pas être figée mais dynamique. Toute constitution repose sur un contrat social, elle doit donc évoluer et s’adapter afin de ne pas stabiliser ni scléroser la société. Le débat ne doit pas être interprété par ceux qui le redoutent comme une simple manœuvre tenant à perpétuer l’ordre politique. La constitution doit être porteuse d’une vraie valeur ajoutée démocratique susceptible de faire avancer positivement la gouvernance politique, économique et sociale de notre pays. Le passage de la VIe république devient une nécessité inévitable », a déclaré Jean François Kando.

Cependant, cet intervenant a proposé qu’il y ait une différence entre les constitutions de la Ve et de la VIe République. Il a demandé, à cet effet, l’institution de la Commission nationale d’organisation des élections en un organe constitutionnel ; de ramener le mandat de 7 ans à 5 ans avec une rééligibilité ouverte ; de constitutionnaliser fortement le principe de l’immunité des anciens chefs d’État et de leur prise en charge viagère.

Il a également recommandé de réhabiliter le vote des Congolais de l’étranger, et d’instituer les députés représentant la diaspora congolaise ; d’ouvrir l’âge d’éligibilité à l’élection présidentielle à 25 ans, sans aucune restriction ; enfin, d’instituer un poste de premier ministre, chef du gouvernement. Avant d’ajouter que c’est le souverain primaire qui se doit de valider cette intention de révision, modification ou changement.

En outre, concernant le second thème, développé par Yves Fernand Mokouadzi, l’exposant s’est focalisé sur la paix et la stabilité en tant que facteurs de développement. Selon l’orateur, le principe de la paix passe par la modernisation de la justice, de la force publique, de l’éducation, des infrastructures et l’industrialisation du Congo.

Vu la nouvelle donne socio-économique et politique, suivant les performances enregistrées par le Congo ces dernières années, notamment avec la croissance économique et le climat de paix qui y règne, le Congo, selon eux, doit se doter d’une nouvelle loi fondamentale neutre et pérenne.

Josiane Mambou Loukoula

Légendes et crédits photo : 

photo 1 : Conférence-débat le 15 juin à Brazzaville autour des questions d’ordre constitutionnel photo 2 : L'auditoire de la conférence