Décrispation de la situation politique : l’IRDH écrit à la Cénco

Samedi 28 Janvier 2017 - 15:48

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La plate-forme a adressé un mémorandum à la délégation des évêques du Congo en visite à Lubumbashi au Katanga.

Dans ce document dont l’Institut de recherche en droits humains (IRDH) a fait écho dans son bulletin électronique du 26 janvier 2017, cette plate-forme appelle la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cénco) à la facilitation de la décrispation politique et au rétablissement des victimes dans leurs droits. L’IRDH a, en effet, dit soutenir les efforts de la Cénco de faciliter la décrispation politique, l’une des mesures convenues, en plus des arrangements particuliers de partage de pouvoir en période de transition, de l’Accord politique inclusif du 31 décembre 2016.

Dans le cadre du suivi de la mise en œuvre dudit Accord, l’Institut a élaboré le mémorandum adressé aux évêques congolais afin d’illustrer à leur délégation en mission à Lubumbashi des causes de la crise politique dans le Haut-Katanga. L’IRDH  espère qu’en tenant compte de ces illustrations, des bonnes mesures de décrispation politique viseront à mettre fin notamment à l’instrumentalisation de la justice contre des opposants politiques ; à la restriction des libertés de la presse libre, d’expression d’opinions politiques contraire au parti au pouvoir et des manifestations publiques ainsi qu’à des arrestations arbitraires et détentions illégales par les services de sécurité et de la brutalité policière. « Outre les points ci-dessus qui concernent l’élite politique, il convient de tenir compte d’une réparation générale pouvant réconcilier les dirigeants avec la population, expressément les familles des victimes anonymes tuées par balles, dans les quartiers populaires de la Commune de Katuba (quartier Matshipisha), Commune de Lubumbashi (Quartier Gécamines et Kisanga), Commune de Kenya, et dans le territoire de Sakania (quartier Kasumbalesa/Frontière) », a insisté l’IRDH.

Des cas précis sur étude

Évoquant l’instrumentalisation de la justice, l’IRDH a, en effet, noté que la Cénco fera œuvre utile en allant au-delà du cas illustratif et emblématique de Moïse Katumbi Chapwe suffisamment dénoncé par la juge Chantal Ramazani Wazuri, qui avait prononcé, sous contrainte, le jugement de condamnation. L’Institut a également évoqué les cas de Jean-Claude Muyambo Kyassa et Gabriel Kyungu Wa Kumwanza que leurs groupes politiques ont suffisamment dénoncé. L’IRDH invite, par ailleurs, les évêques à se rendre à la prison de Kasapa où sont enfermées des personnes concernées dans des dossiers politiques moins médiatisés dont à titre illustratif celui du Pr Huit Mulongo Kalonda Kampata.

Ce dernier, ancien directeur de Cabinet du gouverneur Katumbi, stratège du Rassemblement et du Front citoyen, a été condamné, par le Tribunal de garnison de Lubumbashi, à trois ans de prison, en août 2016, pour détention d’arme à feu dont il possède une autorisation. L’Institut a également cité les cas Patrick Lyonde Mateso, Bourgmestre de la Commune de Kenya, poursuivi et condamné en flagrance, le 30 août 2016, pour « avoir autorisé la manifestation du regroupement politique le Rassemblement », avec onze membres dudit groupe politique, ainsi que celui dit « Mufuta Médard et consorts » ou affaire de la rébellion de Matshipisha, dont quinze manifestants contre le prolongement du mandat du chef de l’État ont été condamnés, le 28 décembre 2016, par le Tribunal de Grande instance de Lubumbashi.

S’agissant de l’atteinte à la liberté de la presse, l’IRDH pense que la délégation des évêques devrait parler avec l’exécutif provincial afin de mettre en œuvre la mesure d’ouverture des medias fermés. Le contraire, pense l’Institut, devrait être mentionné comme un nouveau musèlement. Alors que des restrictions des libertés publiques, cette plate-forme a exhorté la délégation à rappeler au commissaire provincial de la Police nationale congolaise (PNC), le droit de manifester publiquement, garanti à toute personne, dans le respect de la loi. « En cas d’appel au maintien de l’ordre public, la PNC ne doit pas utiliser des armes à feu, contre la population, comme elle l’a fait en septembre et décembre 2016 », a noté l’IRDH qui a, par ailleurs, souligné que l’Agence nationale de renseignement n’était pas légalement autorisée à poursuivre des citoyens pour des infractions quelconques. « Ce travail est dévolu aux cours et tribunaux », a-t-il insisté.

Des arrestations arbitraires et détentions illégales, l’Institut a appelé la délégation à s’entretenir avec le gouverneur de province et les membres du Conseil de sécurité provinciale sur les dossiers des personnes en détention illégale à l’ANR afin de les libérer ou de les transférer devant un magistrat qui connaîtra leurs affaires. « À titre illustratif, que l’ANR remette à Me Tshiswaka son passeport retenu illégalement depuis mai 2016 », a soutenu cette plate-forme.

 

Lucien Dianzenza

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