Décrispation politique : les familles des prisonniers politiques interpellent le CNSA

Samedi 10 Février 2018 - 11:45

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Il est attendu de l'institution créée par l’Accord de la Saint-Sylvestre d’éclairer l’opinion sur les vraies raisons et les responsabilités dans le blocage du processus de libération des détenus depuis plus d’une année, alors qu’une commission a été mise en place pour mener cette action.

Dans une correspondance du 3 février adressée au Comité national de suivi de l’accord de la Saint-Sylvestre (CNSA), les familles des prisonniers politiques ont fait constater que trois mois après la constitution d’une commission par cette structure et toutes les déclarations qui ont suivi, « rien de concret n’a été fait et tous les prisonniers politiques, y compris les emblématiques, sont toujours inexplicablement en prison ». Ces familles disent ne pas arriver à comprendre les raisons qui empêchent leur libération.

Appelant les responsables du CNSA à éclairer l’opinion sur les vraies raisons et les responsabilités dans le blocage de ce processus de libération inopérant depuis plus d’une année, ces familles estiment que cette clarification de la situation serait encore plus nécessaire après que, dans une conférence de presse le 26 janvier, le chef de l'Etat a « refusé de répondre à toute question concernant le processus de décrispation politique et la libération des prisonniers politiques, transférant la charge de répondre à la question sur le CNSA ».

Les signataires, qui disent considérer que beaucoup d'acteurs politiques sont injustement emprisonnés depuis plusieurs années, ont ainsi interpellé le CNSA sur les causes à la base du non-respect de son engagement à accélérer leur libération. Ils ont, en effet, rappelé que le CNSA a constitué, fin novembre 2017, une Commission pour accélérer la libération effective des prisonniers restants auprès du ministre d’Etat, ministre de la Justice et garde de sceaux, et auprès de toutes autres autorités compétentes. Cette commission, dont l’objectif était la recherche de la décrispation politique, devrait être conduite par le président du CNSA, Joseph Olenghankoy. Dans sa mission, la structure devrait s’enquérir des cas dits "emblématiques" dont ceux de Moïse Katumbi, Franck Diongo, Jean-Claude Muyambo et Eugène Diomi Ndongala ainsi que de tous les autres « prisonniers politiques » en attente des mesures de décrispation.

Un climat d’insécurité

Entre-temps, l’opinion dénonce un climat d’insécurité qui se serait installé dans la capitale et dans d’autres villes du pays. Ce climat serait l’œuvre des agents qui se réclameraient des services de sécurité. Dans différents lieux de la capitale et à l'intérieur du pays, apprend-on, des passants seraient interpellés et leurs téléphones fouillés en vue de rechercher des correspondances contre le pouvoir en place. « Beaucoup sont arrêtés pour des images et messages reçus sur watsApp ou sur facebook », note-t-on.

Dans une déclaration du 7 février, le Mouvement de libération du Congo (MLC), par exemple, par son secrétaire national en charge de la mobilisation et implantation, Jean-Désiré Mbonzi wa Mbonzi, a déclaré la disparition de Verdy Mbeke, militant de cette formation politique au sein de la Fédération Lukunga II, à Kinshasa.

Selon cette déclaration, ce membre du MLC avait été sélectionné, conformément à ses fonctions de mobilisateur au sein du parti, pour encadrer les autres militants à la marche du 31 décembre 2017 organisée par le Comité laïc de coordination (CLC) dans son fief de Lukunga. Ses proches du parti, qui ont pris part à cette marche, affirment l’avoir vu pour la dernière fois au point de ralliement retenu pour les manifestants venus des paroisses Charles-Luanga et Saint-Michel. Sur place, certains auraient été bastonnés et  arrêtés par les forces de l'ordre. « C’est dans cette atmosphère de qui-vive et sauve-qui-peut, brouillée par la fumée des grenades lacrymogènes que Vicky Mbeke a été enlevé avec plusieurs autres marcheurs vers une destination inconnue à ce jour », a admis Jean Désiré Mbonzi wa Mbonzi, citant des témoignages qui ont confirmé le rap de ce militant. Le témoignage le plus éloquent, a souligné le secrétaire national en charge de la mobilisation et implantation du MLC, est celui de l'épouse de Verdy Mbeke. Cette dernière, a-t-il dit, s'est présentée à leurs bureaux le 2 janvier pour confirmer la disparition de son mari depuis le 31 décembre 2017 ainsi que des interpellations et menaces policières dont elle fait désormais l’objet avec ses enfants.

Le MLC dit ne pas avoir une information contraire et évoque deux thèses dans cette affaire. Celle de sa détention après son arrestation, comme l’indiquent les témoignages, ou de sa fuite, après s’être extirpé des griffes de ses bourreaux. Dans ces deux cas, le MLC attend de quiconque les aurait, des informations du lieu de la détention de son membre, ou encore sa protection, conformément à la Convention de Vienne, des institutions compétentes des Etats où Verdy Mbeke pourrait se retrouver dans sa fuite.

Lucien Dianzenza

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