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Défense et sécurité : le rôle clé des communautés régionales

Lundi 3 Février 2014 - 0:10

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Quitte à se répéter au point de radoter, disons, une fois encore, que l’Afrique moderne ne se construira pas dans le cadre noble, empesé et quelque peu technocratique de l’Union africaine, mais dans le cadre plus terre-à-terre et donc infiniment plus proche de la réalité que sont aujourd’hui les communautés régionales en voie de constitution sur toute l’étendue du continent. Cela ne veut nullement dire que l’Union africaine devrait à nos yeux disparaître, ni même s’affaiblir, mais simplement que ses pays membres seraient sages de lui assigner clairement comme mission de favoriser le dialogue, la réflexion, l’échange entre des peuples dont la diversité, la culture, l’histoire, les traditions les intérêts présents et à venir sont très différents.

Les événements tragiques qui se déroulent aujourd’hui en Afrique de l’Ouest, en Afrique centrale, dans la Corne de l’Afrique et, sans doute demain, en Afrique australe ou orientale démontrent de façon implacable que seuls les États appartenant à une même zone géographique, à une même communauté humaine sont capables de se mobiliser efficacement pour prévenir ou gérer les crises qui menacent leur progression sur la voie du développement durable. Cela ne veut pas dire, bien sûr, que l’Union africaine et de façon plus générale la communauté internationale doivent s’en désintéresser, mais que l’une comme l’autre ne doit en aucun cas tenter de se substituer aux communautés régionales dans la recherche de solutions pacifiques aux conflits ouverts ou latents dont leurs peuples sont victimes.

C’est en mobilisant les moyens matériels nécessaires pour agir efficacement sur le terrain – argent, armes, logistique et autres –, puis en les mettant à la disposition de ces communautés que l’Union africaine démontrera tout à la fois son utilité et son efficacité. Loin, en effet, du cliché imposé dans les esprits par les crises africaines du siècle précédent, il est clair que la solution des crises présentes ne peut venir que de la capacité des États concernés à agir sur les plans politique, diplomatique et militaire. Que ceux qui en doutent considèrent l’impuissance dont témoigna la communauté internationale lors du génocide du Rwanda et, plus près de nous, le bilan dramatique de l’intervention en République démocratique du Congo de la Monusco, cette force d’intervention de l’ONU dont l’intervention s’avère à ce jour aussi pitoyable que ruineuse.

Dans la région du Sahel, comme en Centrafrique et de façon plus générale dans le Bassin du Congo, c’est l’entremise sur le plan politique de pays comme la République du Congo et sur le plan militaire le déploiement de forces régionales comme la Misca qui ramèneront la paix là où elle est menacée. Des puissances comme la France, croyant naïvement qu’elles avaient les moyens de séparer durablement les combattants, ont mis longtemps à comprendre cette réalité du temps présent, mais ont fini par franchir le pas de la raison et se sont ralliées à cette stratégie. Il leur reste maintenant à convaincre leurs partenaires européens et américains ce qui, nous en sommes convaincus, ne tardera pas.

Tout le problème, dans un tel contexte, est de convaincre les pays membres des différentes communautés de l’Afrique centrale – Cémac, Cééac, CEPGL – que le temps est venu de constituer un ensemble stratégique régional capable de répondre aux défis qui leur sont lancés. Un ensemble stratégique unique et non divers qui inspire suffisamment confiance à la communauté internationale pour qu’affluent vers lui les moyens matériels et financiers indispensables.

Étant donné ce qui se passe actuellement en Centrafrique, cela n’a rien d’impossible dès lors que la volonté en est affirmée au plan politique avec suffisamment de force.

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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