Denis Sassou N'Guesso : " Les Jeux Africains perpétuent le message du panafricanisme"

Mercredi 2 Septembre 2015 - 19:30

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À quelques heures du coup d'envoi des onzièmes Jeux Africains que le Congo accueille cinquante ans après la première édition organisée en 1965, le président de la République, Denis Sassou N'Guesso, explique les enjeux de ce rendez-vous de la jeunesse africaine. Il commente le contexte particulier des JA de l'époque de leur naissance à Brazzaville, invite la jeunesse congolaise et africaine, bénéficiaire des imposantes installations qu'il a inaugurées le 1er septembre, à se projeter vers l'avenir, évoque le futur économique, socioculturel, intellectuel et évidemment sportif de cette vaste zone comprise entre Kintélé et Maloukou où se développe déjà une activité industrielle prometteuse. Interview exclusive.

Les Dépêches de Brazzaville : Monsieur le président, les jeunes ont pris d’assaut le stade de Kintélé le 1er septembre à l’occasion du match de gala Congo-Ghana, programmé le jour de l’ouverture de celui-ci. Cela préfigure l’ambiance qui accompagnera les 11èmes Jeux Africains, Jeux du Cinquantenaire,  durant 21 jours. Alors que vous venez d’inaugurer l’imposant complexe sportif qui attend d’accueillir quelques huit mille athlètes, quel est votre message à l’endroit de la jeunesse congolaise et de la jeunesse africaine à quelques heures du coup d’envoi des compétitions ?

 Denis Sassou N’Guesso : Avant de parler des 11èmes Jeux Africains, nous pouvons évoquer les Premiers jeux de 1965 qui se sont déroulés ici à Brazzaville.  Ce fut en effet une grande décision prise dans la capitale congolaise d’organiser ces jeux. Ces-années-là aussi ont été des années de lutte pour les peuples africains. Vous voyez bien que c’est le prolongement des luttes politiques ici dans notre pays ; le prolongement des trois glorieuses  journées des 13, 14 et 15 août 1963. En 1965, la décision d’organiser les premiers Jeux Africains a été  un message fort du Congo à la jeunesse africaine. Elle l'a été aussi dans l’esprit d’accompagner la bataille du panafricanisme prolongeant de ce fait les luttes engagées par les personnalités telles Patrice Lumumba, Nkwame Nkrumah, Gamal Abdel Nasser et bien d’autres.

Le triomphe du panafricanisme

Les Jeux Africains sont d’abord un message de lutte de libération de l’Afrique, un message du panafricanisme. En 1965, le Congo a organisé les premiers Jeux Africains presque les mains nues, nous n'avions pas beaucoup de ressources. Mais à  cette occasion, le peuple congolais s’était mobilisé pour réaliser les quelques infrastructures qui sont encore viables, notamment le stade Alphonse Massamba Débat. Il y avait quelques ressources engagées par l’Etat mais il y’avait surtout la volonté du peuple qui, j’insiste, a travaillé les mains nues. Je dois aussi dire que dans le cadre des luttes qui se déroulaient ces-années-là, les Jeux Africains s’étaient tenus dans un contexte politique, je dirais même  sécuritaire très hostile et c'est un euphémisme. Et pourtant tout le peuple était rassemblé, la force publique, tout le monde s’était mobilisé pour assurer le succès de ces jeux là en juillet 1965.

Je rappelle ces moments pour dire qu’aujourd’hui, lorsque nous offrons ces installations à la jeunesse congolaise et africaine, c’est toujours le message du panafricanisme qui se perpétue,  notre volonté de bâtir l’Afrique, d’unir la jeunesse africaine. Mais c’est aussi un message d’espoir. Pour cela, je suis heureux de voir la jeunesse congolaise se mobiliser et se montrer enthousiaste. Pourvu qu’elle adhère à cet idéal et épouse l’esprit des luttes telles qu’elles ont été engagées, je pense qu’elle prendra le bon chemin.

L.D.B. Question : Justement monsieur le président, cette jeunesse est aujourd’hui confrontée à de nombreux défis. On parle toujours du chômage,  des migrations, les jeunes sont aussi exploités par des groupuscules plus ou moins  violents, qui les amènent sur les voies que l’on sait. Est-ce que le sport peut être cette autre façon de permettre à la jeunesse d’envisager son avenir autrement?

DSN : Il est dit que le sport unit les peuples, je crois que le sport contribuera à unir notre peuple. Ce n’est pas par hasard si nous avons voulu que ce complexe soit le complexe de la Concorde nationale, et que ce grand stade de football et d’athlétisme soit le stade de l’Unité, l’unité  de notre peuple, et que le complexe omnisport  soit le complexe de la Fraternité et que le centre de natation, celui de la Paix. C’est un ensemble cohérent.

Vous parlez du chômage oui, nous allons nous battre, nous avons les moyens d’affronter ce problème de chômage des jeunes. C’est un problème qui ne se pose pas seulement au Congo, il se pose dans toute l’Afrique, et peut-être même en dehors du continent. 

Mettre l’accent sur la formation professionnelle des jeunes

Pour parler de l’Afrique, vous savez que d’ici 2050, l’Afrique comptera peut-être 2 milliards d’habitants ; 65% de cette population aura moins de 30 ans. L’Afrique a un important potentiel de ressources naturelles et humaines. Toutes ces ressources doivent être entièrement consacrées au développement du continent.

Notre pays couvre 342.000 km2 et compte moins de 5 millions d’habitants, avec une grande concentration de la population à Brazzaville et à Pointe-Noire, et dans les chefs-lieux de département. Le reste du pays est vide, avec un potentiel énorme en agriculture, en pêche, en exploitation forestière, en mines, etc. Maintenant, la bataille pour les dirigeants, pour l’ensemble du peuple, sera de donner de la qualification professionnelle aux jeunes et les intéresser à tous les niveaux. Nous avons donc de quoi donner du travail à notre jeunesse en mettant l’accent sur la qualification professionnelle. Nous pensons que nous allons y arriver.

L.D.B : monsieur le président, Kintélé est aujourd’hui un grand pôle sportif, et à terme un grand pôle culturel avec l’Université Denis Sassou N’Guesso en construction. Ce sera aussi un pôle économique puisqu’il se développe à quelques kilomètres de là  la zone commerciale et industrielle de Maloukou. Peut-on dire que ce sont les premiers jalons que le Congo, sous votre autorité  pose, dans la perspective de devenir émergent à l’horizon 2025?

DSN : Cette orientation est bien inscrite dans "le Chemin d’Avenir». Dans le programme du Chemin d’Avenir,  il est prévu la construction d’une zone économique spéciale autour de Brazzaville. Quant à l’Université de Kintélé, elle sera fortement orientée vers les technologies, parce qu’il faut maîtriser les sciences et les techniques pour aller vers l’émergence et former des femmes et des hommes qualifiés de demain.

Le futur de Kintélé et Maloukou

Nous avons décidé de construire la cité des athlètes sur le site du campus de l’Université de Kintélé et 8000 lits d’étudiants sont déjà installés sur ce campus, c’est déjà une avancée considérable et nous poursuivrons la mise en valeur de ce site par la construction d’autres infrastructures. De Kintélé à Maloukou va se développer une importante activité économique, culturelle et sociale avec l’implantation de magasins, de banques, de structures agricoles. Parce qu’autour de Maloukou, les jeunes travailleront par milliers et auront besoin de consommer. Vous savez aussi que la Route Nationale n°1 Pointe-Noire-Brazzaville débouchera dans cette zone, avec un prolongement sur la route-rail qui va enjamber le fleuve Congo pour atteindre Kinshasa. C’est un rêve qui deviendra réalité. Pendant longtemps on a pensé que le Mayombe ne serait pas franchi par une route, c’est aujourd’hui chose faite.  Franchies une à une et palier par palier ces différentes étapes peuvent faire penser à l’émergence du Congo.

Propos receuillis par Gankama N'Siah

Légendes et crédits photo : 

Le président de la République, Denis sassou N'guesso lors de l'ingterview; Le stade de l'amitié de Kintélé/ photos Adiac

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