Département de la Likouala : zoom sur l’Unité de réhabilitation nutritionnelle intensive de Bétou

Jeudi 16 Mars 2017 - 16:03

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Fonctionnelle grâce à l’appui de plusieurs partenaires dont l’Unicef, le HCR et le PAM, l’Unité de réhabilitation nutritionnelle intensive (Urni) de Bétou, animée par l’ONG Terre sans frontières (TSF) prend en charge les cas de malnutrition aiguë sévère et modérée.

Située au nord du Congo, la Likouala est l’un des départements souvent touchés par des cas malnutritions, surtout dans la sous-préfecture de Bétou, frontalière à la République centrafricaine. En effet, selon les statistiques de TSF en 2015, près de 30% de cas de malnutrition ont été enregistrés dans le département. Une situation qui varie d’une période à une autre car pendant la saison pluvieuse, ces cas sont rares. Rien que pour le district de Bétou, 641 cas ont été détectés en 2016, dont quatre décès.

« Nous sommes dans une zone fortement malnutrie. Ces cas de malnutrition sont dus à plusieurs facteurs. Ce sont en majorité des réfugiés qui viennent d’arriver, démunis, leurs moyens ne leur permettant pas de se prendre en charge correctement, ils dépendent strictement de l’aide humanitaire qui, par moment, n’est pas suffisant. Les enfants qui sont vulnérables tombent souvent dans cet état », explique le coordonnateur médical TSF, le Dr Paul Nibumba.

Actuellement 146 enfants, dont neuf en interne sont suivis au niveau de l’Urni. Il s’agit notamment des enfants dont l’âge varie entre 6 et 59 mois. Certains qui présentent des signes de Kwashiorkor sont en soins intensifs (lait toutes les 3 heures). Ils y suivent un traitement thérapeutique et médical. « Ces cas sont fréquents, dans les espaces surtout. Ceux qui sont malnutris sévères, sont directement référés vers l’Urni, mais ceux qui sont dans la malnutrition aigüe modérée, nous les traitons sur place en ambulatoire », a poursuivi le Dr Paul Nibumba qui œuvre dans ce département depuis 2012.

En effet, plusieurs partenaires interviennent dans le fonctionnement de cette structure. Récemment, la Fondation internationale Roncalli s’est associée aux premiers. Grâce au financement du gouvernement japonais, l’Unicef apporte un appui aux intrants thérapeutiques, nutritionnels, formation et supervision technique. « L’Unicef nous apporte des intrants, ce qui est très nécessaire pour les enfants. Le HCR nous aide en médicaments. Sans l’intervention des humanitaires, ce sera difficile pour nous », reconnait la coordonnatrice en nutrition de TSF, Flora Nkété.

Comme toute œuvre humaine, cette structure est confrontée à quelques difficultés. Il s’agit, entre autres, de la prise en charge des femmes qui accompagnent leurs enfants. Ce qui augmente le taux des abandons surtout chez les autochtones.

Les recettes culinaires, une activité à pérenniser

Dans le but de changer les comportements de la population l’animatrice principale de l’Urni, TSF et Unicef ont formé plusieurs relais communautaires. En effet, ces agents, qui sont reconnus par leurs tenues, mènent des activités de sensibilisation des parents dans plusieurs domaines (acquisition des actes de naissance ; suivi médical, allaitement des enfants). C’est le cas des démonstrations culinaires que coordonnent la nutritionniste Béatrice Nankoué Koyabasso. Arrivée dans la Likouala en 2013, cette réfugiée centrafricaine a des bons témoignages dans son milieu. « Merci à maman Béa, mon enfant était tombé malade mais je ne savais pas de quoi il souffrait. Grâce aux campagnes de sensibilisation menées par des relais communautaires, aujourd’hui âgé de 12 ans, il se porte à merveille. C’est ce qui m’a poussé de venir faire des recettes culinaires pour permettre aux enfants d’y prendre. C’est une bouillie appréciable », a témoigné une réfugiée.

Le but ultime des recettes culinaires est d’amener les femmes à lutter contre la malnutrition. Ainsi, les relais communautaires sont à pied d’œuvre pour faire comprendre aux mères d’enfants les carrés alimentaires en utilisant des produits locaux. Cette activité est pratiquée depuis 2013 à Bétou et Ikpengbele grâce au financement du gouvernement japonais avec l’appui technique de l’Unicef en partenariat avec l’Agence d’assistance aux rapatriés et refugiés au Congo (Aarrec).

« Nous faisons la démonstration culinaire, c’est-à-dire des bouillies enrichies. Dans l’ensemble, je fais avec toutes les mamans dont certaines sont ponctuelles. Dans le lot nous sortirons des femmes lumières. Je remercie beaucoup le gouvernement japonais qui a pensé aux mamans de Bétou, sans discrimination. Notre souhait est d’élargir cette activité dans les autres axes surtout routiers, fluviaux, en dehors de Bétou et d’Ikpengbele », a souhaité Béatrice Nankoué Koyabasso.

Parfait Wilfried Douniama

Légendes et crédits photo : 

Les parents accompagnant les enfants malnutris à l’Urni; Béatrice Nankoué Koyabasso pendant la démonstration culinaire ; les relais communautaires ; crédit photo Adiac

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