Département du Pool : Relents terroristes sur fond de revendications politiques

Lundi 2 Janvier 2017 - 15:15

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Sur la qualification de la situation trouble qui sévit depuis plus de huit mois dans le département du Pool et dont les effets ne cessent de se faire ressentir dans le pays, deux tendances opposées s’affrontent sur la scène politique congolaise. Entre les partisans de la thèse du terrorisme et ceux qui voient derrière l’activisme des ninja nsiloulou une présumée revendication politique, la différence de vues persiste.

Cette contradiction a atteint son apogée le 26 octobre dernier. A l’occasion de la séance d’interpellation du gouvernement par l’Assemblée nationale, le schisme de la classe politique est apparu au grand jour, les discussions entre députés de l’opposition, députés de la majorité et membres du gouvernement paraissant parfois plus que passionnées.

Selon les tenants soutenant l’idée de revendication politique, principalement issus de l’opposition politique, l’insécurité dans le Pool serait la manifestation d’un rejet des résultats électoraux de la présidentielle de mars dernier. Ils débouchent sur une revendication, à cor et à cri, d’une médiation du gouvernement avec le Pasteur Ntoumi et ses proches. En vue d’approfondir le diagnostic de la situation qui prévaut dans le département, ce camp suggère la mise sur pied d’une commission parlementaire d’enquête « chargée de faire la lumière sur la dégradation du climat sécuritaire dans le Pool », telle que le soutenait un député proche de Guy-Brice Parfait Kolelas.

Cette manière de voir se heurte cependant, à l’approche soutenue par le Premier ministre, Clément Mouamba et les membres de son gouvernement. « Ce que fait Ntoumi dans le Pool c’est du terrorisme », soutenait devant les députés, le chef du gouvernement. Cette tendance privilégie plutôt l’option militaire pour résoudre la situation d’insécurité qui sévit dans le département voisin de Brazzaville.

D’ailleurs, le ministre de la Défense, Charles Richard Mondjo, n’a-t-il pas affirmé que la force publique finira par arrêter Ntoumi, et ce, en dépit du temps que pourra prendre les opérations militaires menées dans ce département. Il transparaissait, à travers l’intervention du ministre devant la plénière de l’Assemblée nationale le 26 octobre, un appel à la communauté nationale à regarder la réalité en face, à ne pas se voiler la face sur la vraie nature du problème qui mine le Pool.

A son appui, les faits de l’histoire récente. Au regard de ces faits, il paraît peu crédible d’expliquer les exactions dans le Pool par la seule élection présidentielle du 20 mars dernier. Parce que les entreprises en charge de travaux de la RN1, ainsi que les usagers de cette voie compteront par centaines les cas de vols à main armée, de viol et d’assassinats crapuleux perpétrés dans ce département, alors même que Frédéric Bintsamou était dans sa posture de délégué général près du chef de l’Etat.

Et que dire des dégâts causés au CFCO depuis les années 1993, 1994 et suivantes du fait des exactions dans ce département ? Le Pool, voit-on, parait comme un cas à part dans la recherche d’une paix durable dans le pays. Pourquoi ? Comment procéder ? Nous ne saurons le dire. Mais, il paraît évident qu’au-delà de la controverse politique, il faille rechercher dans les tréfonds de notre nation les ressorts qui permettront de redonner aux habitants de ce département la tranquillité tant souhaitée.

Au regard des effets induits du saccage de biens publics, de l’arrêt du CFCO, des violences et des agressions meurtrières sur la Route nationale n°1, du coût énorme de l’action humanitaire et du retard que cette insécurité implique sur le développement durable, il est temps d’agir et agir avec méthode. Et dans ces conditions, mettre à contribution les institutions étatiques que sont le Parlement, la Justice ou la Force publique n’est que raison.

Le Pool en quelques mots

  • Environ 100 morts liés aux exactions depuis avril dernier, selon le gouvernement ;
  • Plus de 13 000 personnes déplacées, selon le HCR ;
  • Arrêt du trafic ferroviaire entre Brazzaville et Loutété ;
  • Attaques récurrentes de convois sur les principales routes; 
  • Forte présence militaire dans le département ;
  • Echec de la tentative de négociation.
Thierry Noungou et Guillaume Ondzé

Légendes et crédits photo : 

1- un véhiculé brulé par les bandits armés sur la RN1; 2- Les besoins humanitaires des populations déplacées sont un lourd fardeau

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