Dépollution plastique : changer le fusil d’épaule

Mercredi 25 Juillet 2018 - 20:10

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Après l’expiration de l’ultimatum gouvernemental du 30 juin dernier, la commercialisation des sacs, sachets et emballages en plastiques non biodégradables ne s’est pas aussi bien portée dans les différents centres commerciaux de Kinshasa. Cette interdiction concerne l’importation, la production, la commercialisation et la consommation de cette catégorie de marchandises.

Le gouvernement central ne s’est pas avoué vaincu après un constat « déplorable ». Sans détour, il a dénoncé le « sabotage » du décret du Premier ministre contre la pollution plastique par les opérateurs économiques. Toutefois, il n’y a pas eu une annonce forte sur la suite des événements. Rien n’a changé dans les différents centres commerciaux plus de vingt jours après l’entrée en vigueur de ce décret et la fin d’un moratoire de six mois accordé aux opérateurs économiques pour se mettre en ordre avec la loi.

En tournée surprise dans quelques grandes surfaces de la capitale, le 24 juillet, le ministre de l’Economie nationale, Joseph Kapika, s’est dit horrifié par l’absence d’application de la mesure. « J’ai constaté que personne n’a observé le décret contre la pollution plastique. C’est comme si ce décret n’existait pas », a-t-il déclaré. Tout le monde attendait la suite mais elle n’est jamais arrivée.

En effet, aucune mesure pour recadrer la situation n’est annoncée, du moins à ce stade. Certaines voix s’élèvent déjà pour crier à l’échec d’un décret condamné à l’avance en raison de l’absence d’alternative pratique aux sacs, sachets et emballages plastiques. « Ceux qui continuent à produire ou à commercialiser veulent détruire notre sol, notre environnement, nos rivières. Ils nous exposent donc à une misère totale », a martelé le ministre Joseph Kapika.

Sa marge de manœuvre reste assez précaire pour réussir son pari d’écarter définitivement ce produit nocif à l’environnement des habitudes de consommation des Congolais. « Il était important de contraindre les producteurs de sacs, sachets et emballages en plastique non biodégradable de cesser d’en produire. Mais la véritable cible n’est pas les milieux des affaires mais plutôt les ménages qui continuent à déverser des tonnes de plastique dans les lieux inappropriés. Il y a une éducation à faire », explique un expert.

Certes, le ministère du Commerce extérieur a pris une mesure d’interdiction de l’importation de cette catégorie de marchandises pour renforcer les mesures d’application mais le bilan reste décevant à ce jour.

Dans sa tournée, Joseph Kapika a pris en compte l’ensemble de ces mesures. Au cours des prochaines semaines, les autorités publiques vont tenter certainement de recourir à la force, poursuit l’expert. En effet, il y a toujours la possibilité de lâcher les inspecteurs industriels, la Police nationale et les inspecteurs de l’environnement sur le terrain pour commencer le contrôle sur l’étendue du territoire national. A l’issue d’un contrôle rigoureux, ces agents seront appelés à confisquer et incinérer les emballages en plastique, tout en soumettant les récalcitrants à des peines d’amende et autres pénalités clairement établies par le décret. Mais une telle démarche reste également hasardeuse sans une solution de rechange.

Selon les statistiques de l’ONU, l’on estime la production des déchets plastiques en RDC à près de 49 000 kilos par jour. Il se trouve que 85 % de ces déchets sont mal gérés. À cette allure, il faudrait craindre une augmentation sensible du volume de déchets. Lors de la Journée mondiale de l’environnement, l’ONU a encouragé les citoyens à travers le monde à combattre la pollution plastique dans leur vie de tous les jours. Visiblement, tout reste encore à faire en RDC.

Laurent Essolomwa

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