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Lundi 22 Août 2016 - 13:15

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Il s'appelle Alain Mabanckou, enseigne dans une grande université américaine, écrit des romans dont le succès va croissant, a été récemment nommé professeur au Collège de France, bref mène une carrière en tous points remarquable mais qui l'a peu à peu détaché de son pays natal, le Congo. Si bien qu'on l'entend désormais, sur les ondes de grandes radios françaises, proférer à l'encontre de sa patrie des accusations de plus en plus décalées du réel, pour ne pas dire de plus en plus farfelues.

La dernière en date, énoncée en début de matinée hier devant les micros de France Inter, a atteint un niveau si particulier, si agressif pour ne pas dire si diffamatoire que nous ne pouvons pas la laisser passer sans réagir. S'en prenant au chef de l'Etat lui-même il n'a pas seulement fait siens les arguments politiques que profèrent depuis des mois les opposants les plus radicaux, mais il a émis des mensonges qui témoignent d'une inquiétante dérive intellectuelle. Et parmi ces mensonges il en est un qui nous touche très directement puisqu'il prétend que les romans d'Alain Mabanckou, n'étant pas ou mal distribués au Congo, seraient victimes d'une censure d'Etat qui ne dit pas son nom.

Une telle affirmation est d'autant plus choquante que, d'une part, ces mêmes romans sont depuis toujours disponibles dans notre propre Librairie Congo, située en plein coeur de Brazzaville, et que, d'autre part, notre quotidien en parle constamment comme peuvent le constater nos très nombreux lecteurs. Si l'on ajoute à ce qui précède que nous avons financé nous-mêmes la venue au Congo d'Alain Mabanckou lors du Festival Etonnants Voyageurs, en  mars 2013, et que nous l'avons invité à maintes reprises sur le stand Livres et auteurs du Congo dans le cadre du Salon International du Livre de Paris l'on mesure la justesse, la véracité, l'honnêteté des propos qu'il tient aujourd’hui.

Soit dit en passant, le président François Hollande - à qui nous avions donné ce conseil ici même mais qui, hélas, ne l'a pas écouté - ferait bien de réfléchir à deux fois avant de recevoir au Palais de l'Elysée des intellectuels désireux de lui parler comme Alain Mabanckou de problèmes qu'ils ne connaissent évidemment pas puisqu'ils vivent et font fortune à l'étranger. Alors, en effet, il regagnerait aux yeux des Africains la crédibilité que lui ont fait perdre ses conseillers.

 

Les Dépêches de Brazzaville

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