Des factions libyennes contestent la réouverture de l’ambassade d’Italie

Samedi 14 Janvier 2017 - 14:23

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La Libye peine à s’unir, même autour de l’idéal de cohésion nationale. A Tobrouk et à Tripoli, l’analyse du futur ne passe pas par les mêmes schémas.

Ancienne (et brève) puissance coloniale de la Libye, l’Italie s’est impliquée dans toutes les initiatives visant à maintenir la cohésion territoriale et sociale de ce pays, dont elle n’est séparée que par une étendue de Méditerranée de 300 km. Mais le moins qu’on puisse dire, c’est que les acteurs libyens ne chaussent pas la même paire de lunettes pour apprécier ce qui vient de Rome. Les groupes rivaux, qui se font la guerre et sont basés à Benghazi et à Tobrouk n’entendent pas laisser la suprématie au gouvernement d’union qu’essaie de diriger le Premier ministre, Fayez Sarraj.

Siégeant à Tripoli, celui-ci a été accouché aux forceps avec l’aide de l’ONU – et de l’Italie – fin 2015, mais il siège pour sa part à Tripoli. Il est le seul reconnu par la communauté internationale qui continue de désigner Tripoli comme la capitale politique unique du pays. Mais ce n’est pas ainsi que l’entend le général Khalifa Haftar établi à Tobrouk, à l’est de la Libye, près de la frontière avec l’Egypte. Rebelle à la marche vers la réconciliation encouragée par la communauté internationale, le général Haftar ne se reconnait pas dans les décisions venant de Tripoli et essaie de jouer sa propre participation nationale et sous-régionale.

Il a qualifié de « nouvelle occupation militaire italienne » la réouverture mercredi dernier de l’ambassade italienne à Tripoli et l’installation du nouvel ambassadeur venu de Rome. Abdullah al-Thani qui dirige le gouvernement de Tobrouk a fait diffuser une « note diplomatique d’urgence » de protestation devant ce qu’il estime s’apparenter « à une occupation militaire ». Il accuse Rome d’envoyer des « bâtiments bourrés d’armes » vers la Libye, dans une sorte de colonisation-bis qui ne dirait pas son nom !

A Rome, pour l’heure, on minimise. Ces proclamations et menaces sont considérées par les services italiens comme de simples proclamations de posture. Le général Aftar aboie mais ne mordra pas. Sa véhémence vise à se positionner au moment où se prépare une réunion inter-libyenne à Tunis mercredi prochain. Et que l’Union africaine a décidé de reprendre la main sur ce dossier avec la réunion annoncée à Brazzaville pour le 25 janvier sur la Libye.

« Nous n’avons vu passer aucun navire de guerre italien en Méditerranée », a assuré Ayub Gassem, porte-parole de la Marine libyenne (obéissant au gouvernement de Tripoli). « Le seul bâtiment italien en Méditerranée ces jours-ci est la ‘Saint-Georges’ qui est entré dans les eaux territoriales dans le cadre d’une mission d’entraînement de la marine libyenne dans le cadre  des accords souscrits de longue date », a-t-il affirmé.

A Rome où même le Vatican encourage les efforts pour aider à la relève de la Libye, pays méditerranéen-clé y compris pour l’endiguement des flux migratoires, on continue de croire que la concertation inter-libyenne se poursuivra. La réunion programmée en Tunisie est censée se tenir à Ghadames. Elle était initialement programmée le 11 janvier. Elle poursuivra les discussions entamées au Caire, en Algérie et – déjà – en Tunisie sur l’Accord politique de Skhira, qui avait permis la formation du gouvernement contesté de Tripoli.

Cet accord est jugé inadéquat à Tobrouk où l’on estime que des modifications doivent y être apportées. Pour espérer le voir approuvé par le « Parlement de Tobrouk », il doit être réécrit dans les trois pierres d’achoppement qui sont : le Conseil de présidence d’une Libye unifiée ; la nomination du Commandant suprême des forces armées et la nécessaire révision du Haut-Conseil d’Etat, soutient-on à Tobrouk.

Lucien Mpama

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