Désiré-Israël Kazadi : « La coordination de la Coalition nationale pour la CPI de la RDC est en fin mandat »

Mercredi 2 Septembre 2015 - 21:15

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C’est d’un ton dur que le porte-parole et responsable de l’information de la Coalition pour la Cour pénale internationale de la RDC, Désiré-Israël Kazadi, appelle à l’organisation de l’élection d’une nouvelle coordination nationale de l’indispensable plate-forme, l’ancien comité ayant consommé la durée du mandat prévu pour quatre ans, étant lui-même parmi les membres du comité sortant. Ici Kazadi se veut respectueux de la durée de la mandature. La Coalition, invisible en RDC, contrarie avec la visibilité de ses autres pairs centrafricaine, soudanaise, ougandaise… L’activiste invite les électeurs, c’est-à-dire le corps électoral composé du mouvement associatif à exiger des comptes, au nom du principe de la redevabilité, au comité sortant auquel il a fait partie. Le comité sortant traîne-t-il des casseroles ? Un problème de gestion de peu de ressources allouées à la Coalition ? Un problème de leadership, un problème de personnes ?

Les dépêches de Brazzaville : Avant d’aller dans le fond du sujet, c’est quoi la coalition pour la CPI en RDC ?

Désiré-Israël Kazadi : La Coalition nationale est une plate-forme de la société civile regroupant des organisations non gouvernementales nationales. Sa spécificité réside en ce que, contrairement à d’autres plates-formes, celle-ci est une structure de concertation et de définition des stratégies aux fins de créer une synergie d’actions en faveur de la Cour pénale internationale (CPI).

LDB : Quels sont les objectifs qu’elle poursuit ?

DIK : Ils sont environ dix. Mais notez qu’ils s’articulent, pour l’essentiel, autour des objectifs majeurs suivants : mener un plaidoyer auprès des autorités et institutions nationales pour l’adoption des lois et des dispositions règlementaires qui facilitent les activités de la CPI sur le territoire de RDC. C’est le cas actuel de l’adoption de la loi de mise en œuvre du statut de Rome ; contribuer au renforcement du système juridique et judiciaire national en vue de réprimer les crimes relevant de la compétence de la CPI commis en RDC; promouvoir la connaissance et la compréhension de la CPI ; mobiliser les ressources diverses aux fins d’appuyer les ONG et autres acteurs de la société civile dans l’assistance judiciaire, sociale et psychologique aux victimes des crimes de la compétence de la CPI ; faciliter les échanges d’informations et renforcer la solidarité entre les membres de la Coalition nationale, Coopérer avec la Coalition internationale, les autres coalitions nationales et les organes de la CPI, observer et soutenir le travail de l’Assemblée des Etats partie et enfin promouvoir la ratification universelle du statut de Rome et œuvrer pour une CPI permanente, juste, effective et indépendante.

LDB : Venons-en à la fin du mandat de l’actuelle coordination nationale de la Coalition. Quid ?

DIK : L’actuelle coordination nationale est en fin mandat depuis avril 2014 parce que le mandat est de quatre ans. C’est clair. Les membres actuels que nous sommes, nous devons accepter de remettre le pouvoir à l’électorat parce que nous n’en sommes plus les dépositaires. Cependant, je félicite certains membres du comité sortant qui ont donné le meilleur d’eux-mêmes tout au début de leur mandat mais qui, face à plusieurs impondérables, ont bien été empêchés d’exercer pleinement.

LDB : Qu’entendez-vous par empêcher d’exercer pleinement ?

DIK : Le chargé de finances n’a pas géré les fonds destinés à la Coalition ; faute de moyens, alors que le peu de ressources obtenues ça et là, pouvaient permettre à l’ensemble de membres de faire avancer la cause de la CPI en RDC. Hélas. Les ressources affectées aux différents projets de la Coalition n’ont pas, à vrai dire, servi aux objectifs de la plate-forme mais à autre chose.

LDB : Vous voulez dire que la gestion n’a pas été transparente ?

DIK : A cette question, je saurais gré, conformément à nos statuts, au Conseil d’administration qui est l’organe de contrôle des actions exécutées par la Coordination nationale, de diligenter un audit avant l’élection de nouveaux membres. Je doute fort qu’il y ait moins de cadavres dans les placards.

LDB : Quel service devrait faire l’objet d’audit, est- ce celui des finances ou l’ensemble de la Coordination ?

DIK : Le service de finances n’a jamais touché à un seul rond des appuis financiers dont a pu, à un moment donné, bénéficier la Coalition. Tout était géré au sommet de la coordination. Notez que la coordination est composée de cinq membres dont le chargé de l’information et porte-parole que je suis. La coordination nationale est chapotée par un coordonnateur national. Les quatre autres membres sont le coordonnateur adjoint, le chargé de programme et le chargé de finances. Eux aussi s’en plaignaient parce qu’ils ne géraient pas au quotidien. L’on a malheureusement bien confondu, pendant le mandat, la gestion d’une aussi grande plate-forme avec une épicerie de famille.

LDB : Quel est, par contre, ce rare membre de la coordination qui vous a inspiré confiance ?

Un membre m’a émerveillé. J’ai parlé de bonne foi de certains membres de la coordination nationale. Je prends, pêle-mêle, l’expertise éprouvée d’un activiste comme maître Georges Kapiamba, coordonnateur adjoint de la coalition qui a su donner le meilleur de lui-même. Il est, à mes yeux, une référence de l’engagement citoyen. Il me paraît un modèle et j’estime être sur ses traces. A la coordination, il n’était malheureusement pas le titulaire, donc ses marges étaient bien réduites pour booster la dynamique. J’aurais souhaité le voir coordonner la coalition. Hélas.

LDB : Vous accusez qui finalement ?

DIK : Le droit que je fais à l’université, le journalisme que j’ai fait à l’université, savent me permettre de recadrer mes propos de sorte que je mette les doigts dans la plaie en toute responsabilité. Je n’accuse personne. Je déplore cependant un système de gestion que l’on ne peut nullement inscrire dans nos annales.

LDB : Mais qui, finalement, vous accusez d’avoir dilapidé le peu de finances de la Coalition ?

DIK : Suivez mon regard ! La putréfaction du poisson, me semble-t-il, part de la tête.

LDB : Pourquoi seulement maintenant que vous dénoncez la gestion jugée calamiteuse de la Coalition ?

DIK : Ce n’est pas maintenant que je le fais. J’assume pour dire que je l’ai toujours dit. Allons aux élections. Nous ne pouvons pas reprocher aux politiciens ce que nous pratiquons au quotidien au sein de nos plates-formes.

LDB : Vous voulez dire que la Coalition est en crise ?

DIK : Elle est bien en crise. Une crise créée délibérément. Au terme d’un mandat, il faut savoir soit demander à rempiler pour un nouveau mandat soit s’en aller conformément au texte.

LDB : C’est un glissement donc ?

DIK : Glissement que nous ne pourrons pas tolérer.

LDB : Dernière question. Etes-vous candidat coordonnateur national ?

DIK : Dans la vie, j’ai souvent accepté d’être le serviteur, pas le maître. Si la fonction de coordonnateur est celle d’être le serviteur, vous avez la réponse.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Désiré-Israël Kazadi

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