Développement : les pays africains face aux défis de l’urbanisation

Vendredi 2 Juin 2017 - 15:45

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Dotée d’une population d’un milliard d’habitants dont 472 millions en milieu urbain, l’Afrique possède un taux d’urbanisation de près de 40%, soit le plus élevé de la planète alors qu’elle représente le continent le moins urbanisé. 

Cette situation due, entre autres, à l’étalement anarchique des agglomérations, pose des défis à relever en matière d’infrastructures (transport, eau, électricité, fibre optique, etc.), de protection de l’environnement et de gestion des catastrophes subséquentes.  

«Les villes africaines croissent au jour le jour. Au nombre des raisons qui expliquent cet accroissement rapide figurent la faiblesse des politiques, la politisation des projets, la corruption et la mauvaise planification, le manque de leadership et de transparence», a indiqué la directrice exécutive de l’autorité chargée de la gestion de la ville de Kampala en Ouganda, Jennifer Musisi.

S’adressant lors d’une conférence organisée du 31 mai au 2 juin à Dar es-Salaam en Tanzanie sur les villes vertes en Afrique, elle a ajouté que «dans mon pays, nous avons élaboré une nouvelle loi et créé une autorité de gestion de la ville de Kampala. Nous avons aussi procédé au licenciement de près de 100% d’agents municipaux dans le but de parvenir à de bons résultats».

L’urbanisation mal contrôlée entraîne de nombreuses conséquences en Afrique telles les inondations, les difficultés de mobilité, la pollution de l’environnement avec l’absence de structures de traitement des déchets. Grâce au soutien des partenaires au développement, les gouvernements africains proposent tant soit peu des solutions à ces problèmes.

«En Afrique, l’urbanisation présente un impact négatif sur l’environnement. L’industrialisation ne suit pas la croissance rapide des cités. Les villes se peuplent davantage avec une insuffisance des infrastructures de base, le manque des services de traitement d’ordures ménagères, le développement des zones incontrôlées», a estimé Roland White, expert de la Banque mondiale.

Pour lui, cet état de chose est dû à une mauvaise utilisation des terres au sein et autour des villes, à la non-préservation des zones vertes, à la consommation irrationnelle des ressources naturelles se trouvant à proximité des villes (sable, pierre, etc.).

Dans un rapport intitulé «Ouvrir les villes africaines au monde», la Banque mondiale souligne la faiblesse des investissements consentis en matière de logement en Afrique.

«Entre 2001 et 2011, les pays africains à faible revenu ont investi 4,9% de leur PIB dans le logement contre 5,5% dans les autres pays à faible revenu. Les pays africains à revenu intermédiaire ont, quant à eux, investi 6,5% de leur PIB dans le logement contre 9% dans les pays à revenu intermédiaire», stipule ce rapport.   

Les pays africains sont appelés à mettre en place des plans d’espaces verts, stopper l’extension des habitations anarchiques, assurer la gestion efficace des ressources naturelles, restaurer les biens naturels, contrôler les sources de pollution et investir dans l’industrie verte. «On ne pourra pas changer les choses en agissant comme à l’accoutumée», a averti Roland White.  

S’expliquant sur l’expérience de la Côte d’Ivoire, le directeur de l’agence de l’urbanisme et de la prospective d’Abidjan, le Dr Attayi Koffi, a signifié que les pays africains devraient disposer d’une bonne politique d’habitat.

«Nous avons mis en place avec l’appui du gouvernement japonais le schéma directeur d’urbanisme du grand Abidjan, couplé au schéma directeur du transport avec un plan d’utilisation du sol et une planification. Il faut maîtriser la croissance spatiale, car plus la ville accroît plus se posent les problèmes d’infrastructures. Nous avons un espace bâti et une bande autour, la zone à urbaniser de 2014 à 2030. On a une limite derrière laquelle on ne peut pas approuver les lotissements ou d’autres plans de construction», a-t-il précisé.  

La zone périurbaine d’Abidjan est réservée à la culture des produits vivriers, à l’élevage, à l’afforestation et à d’autres activités concourant à la préservation de l’équilibre écologique de la ville.  

En République du Congo, les deux plus grandes villes à savoir Brazzaville et Pointe-Noire concentrent 70% de la population. Les zones précaires représentent près de 60% de la superficie de ces agglomérations dont la restructuration nécessite un investissement de 1,3 milliard de dollars (plus de 600 milliards de francs CFA), selon les estimations du gouvernement congolais et de la Banque mondiale.

Christian Brice Elion

Légendes et crédits photo : 

Une vue de Brazzaville

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