Développement : l’inclusion financière hypothétique sans l'accès effectif des classes modestes

Mercredi 13 Novembre 2013 - 18:12

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Le dernier rapport « Global financial development report 2014 : financial inclusion » de la Banque mondiale (BM) a invité expressément les dirigeants des pays en développement à mettre l’accent sur les produits qui profitent d’abord aux pauvres, aux femmes et aux groupes vulnérables, au moment où l’on enregistre une expansion des services financiers à travers les services bancaires mobiles et autres innovations technologiques.

L’expansion des services financiers dans ces pays devrait être ainsi accompagnée par des mesures responsables, ont insisté les experts de la BM. En effet, dans les pays en développement, l’on ne peut plus minimiser l’importance des comptes d’épargne et de paiement, pour permettre aux familles de conserver et de transférer leur argent. Au-delà, cela permet de maintenir un niveau de stabilité. Pour s'en convaincre, il faut lorgner du côté des chiffres sur les envois de fonds de l'étranger vers les pays en développement. En 2013, ils représentent 414 milliards de dollars américains, avec des projections de l’ordre de 500 milliards d’ici à 2016. L’Inde et la Chine à elles-seules représenteront près du tiers du montant total des envois de fonds vers les pays en développement en 2013. Si les opinions convergent sur la nécessité d’encourager une véritable inclusion financière,  elles le sont moins pour l’utilité des services de microcrédit et micro-assurance dans ce défi à relever. Pour la BM, ces microstructures doivent impérativement être bien conçus, au départ, afin d’aider les gens à prendre leurs affaires en main. Cet accès aux services financiers devrait être possible à tous. Or, la moitié de la population adulte mondiale, soit 2,5 milliards de personnes, n’ont toujours pas accès à des services bancaires. Toutefois, une cinquantaine de pays mettent en œuvre actuellement des politiques pour améliorer l’inclusion financière de leurs populations. À côté, la BM a lancé une nouvelle initiative visant justement à assurer d’ici à 2020 l’accès universel aux services financiers à l’ensemble des adultes en âge de travailler, grâce aux innovations, notamment le compte bancaire et le portefeuille électroniques. Cette inclusion financière a produit des résultats encourageants dans certains pays africains à faible revenu, dont le Kenya et la Tanzanie. Au Brésil, les réseaux de correspondants bancaires ont permis aux banques d’offrir leurs services, notamment, dans les commerces en détail et les postes d’essence. Il est économiquement bon pour un pays à faible revenu de s’assurer que ses populations éloignées aient accès aux services financiers hors des succursales bancaires classiques. Certains États ont obligé les banques à offrir des comptes à frais réduits, à déroger aux exigences habituelles en matière de documentation, et à recourir aux virements électroniques pour le dépôt des prestations d’aide publique sur les comptes des bénéficiaires. Même si des pays peuvent être cités en exemple, notamment l’Afrique du sud et le Brésil pour avoir, respectivement, fait accéder six millions de Sud-africains en quatre ans et augmenter le nombre d’endroits offrant des services financiers, il persiste encore des obstacles. La proportion des habitants des pays en développement à avoir mis de l’argent de côté s’est élevée à peine à 30% en 2011, contre 58% dans les pays à revenu élevé. 11% de ces épargnants ont utilisé un compte bancaire, contre 45% dans les pays à revenu élevé. 9% environ des adultes du monde entier ont obtenu un prêt d’une institution financière officielle, mais les habitants des pays en développement sont trois fois plus nombreux à compter pour cela sur les envois de fond de l’étranger ou sur des proches. Il faut arriver à présent à corriger ces défaillances. Le rapport fait des propositions variées, notamment la promotion des produits novateurs bien conçus et adaptés au contexte de pauvreté, le meilleur accès aux services financiers en adoptant les nouvelles technologies, et la formation des consommateurs aux questions financières.

Laurent Essolomwa