Dialogue du Centre interdiocésain : l’inclusivité de l’accord remise en cause

Mardi 3 Janvier 2017 - 16:01

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À peine qu’il a été signé, l’Accord politique ayant sanctionné les discussions du Centre interdiocésain fait déjà l’objet de contestation dans certains milieux politiques.

Une certaine opinion relativise sa portée en se fondant notamment sur son caractère non inclusif du fait que certains participants ne l’ont pas signé, à défaut de le faire sous réserve. Le Front pour le respect de la Constitution qui paraît piloter la dynamique contestataire dit ne pas être concerné par ce qu’il qualifie de partage du pouvoir préférant jouer le rôle de monitoring dans la mise en œuvre  de ce compromis politique « en vue de ne pas permettre à ceux qui vont gérer l’exécutif d’être juges et parties ». Le fait pour le Rassemblement de s’être accaparé la primature en plus du Conseil national de la transition, organe censé revenir au Front pour le besoin de l’équilibre, a exacerbé les frustrations et ravivé les tensions au sein de l’opposition.   

Pour Eve Bazaïba, coordinatrice de cette plate-forme de l’opposition, la seule composante ayant refusé le maintien de Kabila au pouvoir au-delà de son dernier mandat Constitutionnel,  « la Majorité et le Rassemblement n’auront aucun intérêt à aller vite aux élections ». Elle estime que le fait pour leurs délégués de puiser dans le Trésor public les mettrait dans la posture de vouloir se pérenniser au pouvoir sous le prétexte fallacieux des problèmes logistiques et techniques susceptibles de retarder l’échéance de décembre 2017 comme convenu. « Ce compromis ne peut être réduit aux individus, car l’être n’est pas éternel. Les accords taillés sur mesure sont toujours fragiles. Vaut mieux s’accrocher aux principes », a-t-elle affirmé dans une déclaration faite quelques heures après la signature de l'accord.

Cette position du Front pour le respect de la Constitution qui s’est automatiquement marginalisée de fait a suffi pour convaincre plusieurs langues quant à la non-inclusivité de l‘accord. Il est clair qu’avec la nouvelle donne politique qu’impose ce compromis politique, il y aura inévitablement une redistribution des cartes au sein du gouvernement avec, en prime, le remplacement de Samy Badibanga à la tête de l’exécutif national. D’où la mine grincheuse qu’affichent, depuis un certain temps, les opposants signataires de l’accord de la Cité de l’UA dont certains risqueraient de perdre leurs postes avec l’entrée du contingent venu du Rassemblement.  Comme pour disqualifier l’accord du Centre interdiocésain, ils embrayent sur le clavier de sa non-inclusivité en évoquant le cas du Front et d’autres partis politiques de l’opposition signataire de l’accord du 18 octobre qui ne l’ont pas ratifié.

Une opinion largement partagée par la majorité présidentielle qui a signé sous réserve au motif que l’accord pêche par sa non-inclusivité. «Nous avons signé sous réserve à cause de l’absence de l’inclusivité. On a fait le reproche à la réunion de la Cité de l’Union africaine en la qualifiant de non inclusive à cause de l’absence du Rassemblement. Maintenant, il y a l’absence aussi bien du Front pour le respect de la Constitution que d’une partie de l’opposition qui était à la Cité de l’Union africaine. Nous voulons absolument qu’on tienne compte de cela parce que les mêmes causes pourront produire les mêmes effets », a déclaré Lambert Mende, un des cadres de la majorité présidentielle.

L’autre son de cloche émane du Rassemblement où l’on se dit plutôt satisfait de l’accord dont l’inclusivité est garantie du fait de l’adhésion de trois acteurs majeurs de la crise politique congolaise, en l’occurrence Joseph Kabila, Étienne Tshisekedi et Moïse Katumbi. À partir du moment où ces trois personnalités donnent leur quitus à ce document, l’inclusivité est déjà acquise, estime-t-on du côté du Rassemblement. La volte-face du Front ne semble pas émouvoir outre mesure cette plate-forme de l’opposition qui se considère comme représentative de la vraie opposition. Les évêques catholiques qui n’ont pas du tout digéré l’attitude du MLC et alliés promettent de s’investir pour obtenir leur adhésion à l’accord au nom de l’inclusivité. «Ça c’est un document vraiment inclusif. La non-inclusivité, c’est maintenant au niveau de l’application », a pour sa part lâché L’abbé Nshole.

Alain Diasso

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