Dialogue intergénérationnel : la première édition a tenu toutes ses promesses

Samedi 1 Mars 2014 - 15:15

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La rencontre organisée les 26 et 27 février au palais des Congrès de Brazzaville, en marge de la 3e édition de la Conférence générale de la jeunesse, a été un haut lieu de questions et réponses entre la jeunesse congolaise dans toutes ses sensibilités et sept membres du gouvernement présents dans la salle   

Loin d’être un monologue, le dialogue intergénérationnel initié par le ministère de la Jeunesse et de l’Éducation civique a permis d’une part à certains ministres de présenter leurs politiques en faveur de la jeunesse et d’autre part, aux jeunes de poser des questions concernant la vie nationale, surtout leurs problèmes. Les problèmes ? Il s'agit essentiellment de l'emploi, de l’éducation et de la formation. Au-delà, les jeunes ont interpellé les minisitres sur l’urbanisation, le financement de l’action des églises, le transport dans les grandes villes, la Fonction publique territoriale, la représentativité des jeunes dans les administrations congolaises, la situation des personnes handicapées, la pénurie du carburant dans le pays, la gestion des fréquences, l’emplacement des aéroports dans les grandes villes, le modèle de développement du Congo pour atteindre l’émergence à l’horizon 2025 et bien d'autres points.

Du côté du gouvernement, l'équipe était constituée des ministres Alain Akouala Atipault des Zones économiques spéciales ; Émilienne Raoul des Affaires sociales, de l’Action humanitaire et de la Solidarité ; Hellot Matson Mampouya de l’Enseignement primaire, secondaire et de l’Alphabétisation ; Thierry Lézin Moungalla des Postes et Télécommunications ; Bruno Jean Richard Itoua de la Recherche scientifique et de l’Innovation technologique ; Pierre Mabiala des Affaires foncières et du Domaine publique et Anatole Collinet Makosso de la Jeunesse, initiateur de ces retrouvailles. 

Une copie des "questions orales" du Parlement

Ces échanges qui ont pris l’allure d’une séance de questions orales avec débats ont ressemblé, à un certain moment, à un véritable interrogatoire pour quelques ministres. Chose parfois rare à l’hémicycle même si certaines questions n’ont pas eu de réponses à l’instar de celle sur le budget d’investissement du ministère de l’Enseignement fondamental. Hellot Matson Mampouya s’est, en revanche, défendu lorsqu’il s’agissait du déficit en personnel enseignant, en tables-bancs et en salles de classe. De même que sur le manque de formation. « Nous allons affecter à chaque classe de l’école primaire un enseignant et avoir des professeurs des collèges et des lycées en nombre suffisant pour que nous respections le volume horaire à travers l’ensemble du pays. Nous aurons besoin, sans oublier l’éducation préscolaire, d’environ 14 783 enseignants. Nous allons également construire 500 salles cette année », a-t-il expliqué, rappelant que le ministère aura recours l’année prochaine aux enseignants en attente d’intégration. Ceux-ci vont exercer comme des appelés volontaires.

De son côté, le ministre Thierry Moungalla a déclaré que le problème des fréquences sera résolu à partir du 17 juin 2015, date butoir du passage du système  analogique au numérique. Même certaines questions qui fâchent ont été posées. Par exemple, pourquoi la zone économique Oyo-Ollombo est privilégiée par rapport à celles de Pointe-Noire, Brazzaville et Ouesso ? « Ne refléchissez pas comme certains hommes politiques de l’époque qui pensaient que la route nationale numéro 2 n’avait pas d’importance. La zone économique Oyo-Ollombo a la possibilité de toucher certains pays voisins comme le Gabon, la RDC et la RCA. Je crois que s’il 21 000 emplois, vous serez associés », a répondu le ministre Alain Akouala Atipault.

S’agissant du plan directeur de Pointe-Noire qui poserait problème, le ministre Pierre Mabiala a indiqué qu’il devrait être renouvelé chaque année. « Ce plan directeur a valeur de loi, c’est-à-dire que tout ce qui est prévu dans le cadre du cadastre d’une ville, ne peut pas être modifié par un citoyen au risque de commettre une faute. Donc pour l’ensemble des villes du Congo, le principe est que les plans directeurs doivent être établis annuellement », a-t-il répondu.

Le ministre de la Recherche scientifique a, de son côté, rappelé l’importance des quatre nouveaux instituts créés récemment. Il s’agit notamment de l’Institut national de recherche agricole, de l’Institut national de recherche forestière, de l’Institut national de recherche en sciences de la santé et de l’Institut national de recherche en sciences exactes et naturelles. Quant au type de pragmatisme que le Congo a adopté pour atteindre l’émergence à l’horizon 2025, Bruno Jean Richard Itoua a par exemple cité l’engagement du président de la République en matière de paix et de stabilité qui n’était plus à démontrer. À cela s’ajoutent la priorité accordée ces deux dernières années à l’éducation nationale et à la croissance dans les domaines de l’agriculture et des mines.

En somme, le dialogue intergénérationnel est une initiative à pérenniser d’autant plus qu’il permet de dissiper les malentendus entre les gouvernants et les jeunes. Car, même ceux qui sont venus des départements de l’intérieur ont pu dire aux ministres ce qu’ils pensaient de la gestion de la vie du pays. Les jeunes ont cependant regretté l’absence de certains ministres comme  Jean-Jacques Bouya de l’Aménagement du territoire et de la Délégation générale aux Grands travaux ou Guy Brice Parfait Kolelas de la Fonction publique et de la Réforme de l’État.

Parfait Wilfried Douniama