Dialogue : le dernier message de la Cénco retourné dans tous les sens

Dimanche 29 Novembre 2015 - 14:15

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L’allusion à l'article 64 faite par les évêques catholiques dans leur récente déclaration est assimilé par la majorité présidentielle à un appel à la violence, ou mieux à la désobéissance civile.

La dernière sortie médiatique des évêques catholiques appelant le peuple congolais à faire application de l’article 64 de la Constitution, lui donnant le droit de faire échec à toute personne qui prend le pouvoir par la force ou qui l'exerce en violation de ses dispositions dans l’hypothèse du glissement du mandat présidentiel, continue à soulever des vagues. Le message de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cénco) est retourné dans tous les sens sur fond d’interprétations multiples. À la majorité, ce message passe mal puisqu’assimilé à un appel à la violence, ou mieux à la désobéissance civile.

Des cadres de la famille politique du chef de l’État ne ratent plus une occasion pour tirer à boulets rouges sur les évêques catholiques qui, à leurs yeux, se seraient écartés de leur sacerdoce. « Au lieu de prêcher la paix des âmes, ils prônent l’hécatombe », avait lâché l’un d’eux sur un plateau de télévision avant de mettre en garde contre toute dérive qui entrainerait mort d’hommes. En fait, toutes les autres considérations contenues dans le message des évêques (respect de la constitution, tenue des élections dans les délais constitutionnels, négation de toute idée de transition etc), ont été mises en sourdine, l’allusion à l’article 64 de la constitution ayant faussé le jeu. C’est là que la Majorité a bondi pour tourner en dérision le contenu du message tout en stigmatisant ses accents subversifs. « L’église doit prêcher l’évangile de la paix pour la réussite du dialogue et non la violence. Les évêques ne doivent pas confondre la Constitution et la bible », dixit Justin Bitakwira, chef de file de l’opposition citoyenne.

Dans les milieux ecclésiastiques, l’on s’étonne de la tournure prise par les événements et surtout, par la connotation donnée au message des évêques catholiques. « L’église catholique n’a nullement appelé les gens à descendre dans la rue, mais les a exhortés simplement à plus de vigilance face aux velléités de glissement qui se dessinent », argue un membre du corps religieux. « La CENCO a programmé une série d’actions pacifiques, à savoir, une neuvaine, une messe œcuménique, des prières dans les CEVB pour la paix en RDC et une marche pacifique des chrétiens. Où se trouve l’appel à la violence dans cette série d’actions projetées ? », s’est-elle interrogé.

A tout prendre, l’église catholique est en train- là de confirmer son rôle de censeur de la société congolaise en étant à l'avant-garde de la contestation à un moment aussi critique de la vie nationale. Ses altercations avec le pouvoir ne datent pas d’aujourd’hui. L’on se souvient de la marche des chrétiens du 16 février 1992 qui avait vu de nombreux catholiques tomber sous les balles de la soldatesque de feu maréchal Mobutu au nom de la liberté.      

Alain Diasso

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