Diaspora : Etats-Unis : le racisme, cette plaie qui ne cicatrise pas

Jeudi 4 Juin 2020 - 17:45

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L’Amérique brûle. La colère est partout, après la mort de George Floyd, un homme noir de 46 ans décédé des suites de son arrestation violente par la police, le 25 mai dernier dans l’Etat du Minnesota. Une nouvelle bavure policière et une mort qui s’inscrivent dans le contexte d’un racisme envers les noirs devenu une banalité en Amérique et qu’évoquait en son temps, l’écrivain James Baldwin.

Dans les années 60, Baldwin mettait l’Amérique en garde en publiant un petit ouvrage de 100 pages intitulé : « La prochaine fois le feu ». Dans ce livre l’auteur essayait déjà de proposer des solutions sur la problématique de la place des noirs dans la société américaine.

George Floyd est mort en mai 2020 à Minneapolis, et son décès a causé une émotion planétaire. Mais avant lui malheureusement, d’autres noirs sont morts dans les mêmes circonstances de bavure policière : Atatiana Jefferson, mort en octobre 2019 au Texas, Philando Castile, mort en juillet 2016 à Minneapolis, Freddie Gray, mort en avril 2015 dans le Maryland, Walter Scott, mort en avril 2015 en Caroline du Sud et Eric Garner en juillet 2014 à New York. Tous ont été victimes du racisme endémique qui gangrène la société américaine et dont la communauté afro-américaine est régulièrement victime, près de soixante ans après le célèbre discours de Martin Luther King I have a Dream, prononcé le 28 août 1963 et l’élection historique d’un président noir à la Maison-Blanche en 2008. Douze ans après Obama, on constate que l’Amérique a toujours du mal à cicatriser la plaie du racisme.

En 1964, participant au sommet de l’OUA au Caire (Egypte), le défenseur des droits de l’homme afro-américain, Malcolm X, tentait de sensibiliser ses « frères et sœurs africains » aux discriminations vécues par les Afro-Américains en disant : « En Amérique, nous sommes vos frères et sœurs, perdus depuis longtemps. Et si je suis ici, c’est uniquement pour vous rappeler que nos problèmes sont vos problèmes. Alors que les Afro-Américains se réveillent aujourd’hui, nous nous trouvons sur une terre étrangère qui nous a rejetés. Et, tel le fils prodigue, nous nous tournons vers nos frères aînés pour obtenir de l’aide. Nous prions pour que nos supplications ne tombent pas dans l’oreille d’un sourd. »

Malcolm X rajoutait : « Au cours des dix dernières années, le monde entier a vu nos hommes, nos femmes et nos enfants être attaqués et mordus par des chiens policiers vicieux, brutalement bastonnés par les matraques des policiers, ou encore arrosés par des jets d’eau à haute pression qui arrachaient nos vêtements ainsi que la chair de nos membres, nous projetant vers les égouts tels des déchets. Toutes ces atrocités nous ont été infligées par les autorités gouvernementales américaines, à travers sa police elle-même, sans autre raison que celle d’avoir revendiqué la reconnaissance et le respect accordés aux autres êtres humains vivant en Amérique. »

Avant de conclure : « Le gouvernement américain ne peut ou ne veut protéger la vie et les biens de vos 22 millions de frères et sœurs afro-américains. Nous sommes sans défense, à la merci des racistes américains qui nous assassinent à volonté, sans avoir d’autre raison que le fait que nous soyons noirs et d’origine africaine. »

56 ans après, ce discours prophétique nous rappelle avec froideur, que le problème du racisme n’est pas encore prêt de disparaitre de la société américaine. Ce qui fait dire à certains que l’Amérique doit combattre deux pandémies en ce moment ; le coronavirus et le racisme.

Boris Kharl Ebaka

Légendes et crédits photo : 

Photo:Une manifestation à Brunswick aux USA

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