Diplomatie : Cuba et les États-Unis mettent fin à plus de cinquante ans d’hostilités

Jeudi 18 Décembre 2014 - 13:55

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Une nouvelle page est désormais ouverte entre les deux pays. Ceci, parce que le président américain Barack Obama et son homologue cubain Raul Castro ont annoncé simultanément, le 17 décembre, le rétablissement progressif des relations diplomatiques entre leurs pays respectifs. Ce rapprochement historique intervient après plus d’un demi-siècle d’embargo contre le régime communiste cubain. Une mesure qui est en vigueur depuis 1962.

«Nous mettrons fin à une approche dépassée qui a échoué, pendant des décennies, à promouvoir nos intérêts et nous allons plutôt commencer à normaliser les relations entre nos deux pays (…). L’isolement de Cuba n’a pas fonctionné », a déclaré Barack Obama au cours d’une allocution télévisée à la Maison-Blanche. Il a insisté sur la nécessité d’abandonner « une politique rigide liée à des événements qui se sont produits » depuis plus de cinquante ans.

À La Havane, Raul Castro a salué la décision de son homologue américain, estimant qu’elle méritait « le respect et la reconnaissance de son peuple». «Cela ne veut pas dire que la question principale a été réglée », a-t-il fait remarquer lors d’une allocution télévisée, ajoutant que l’embargo, qui a « causé tant de souffrances humaines et économiques » au peuple cubain, « doit être levé.» En clair, Barack Obama a parlé d’un changement dans la politique américaine vis-à-vis de l’unique île communiste de la Caraïbe alors que son homologue Raul Castro a déclaré au peuple cubain qu’il était temps de laisser derrière « l’héritage de la colonisation et du communisme »

À l'origine...

L’assouplissement des relations entre les Washington et La Havane est le fruit d’un travail de longue haleine dont les tractations se faisaient souvent en coulisses. Ce rapprochement est notamment l’aboutissement de négociations secrètes qui se sont déroulées de juin 2013 à novembre dernier au Canada. L’accord final a été conclu au Vatican. Un haut responsable américain a d’ailleurs affirmé que le pape François a joué un rôle clé dans cette percée diplomatique après avoir lancé des appels personnels aux deux présidents.

Avec la concrétisation de cette volonté, tous ceux qui pensaient autrement ont fini par comprendre que la poignée de main entre Barack Obama et Raul Castro, lors des obsèques de Nelson Mandela en Afrique du Sud, n’était pas anodine qu’on pourrait le croire. Séparés seulement par les 150 km du détroit de Floride, les États-Unis et Cuba ont interrompu leurs relations diplomatiques officielles depuis 1961. Leurs hostilités ont été marquées par l’embargo américain qui était  vivement critiqué à Cuba et condamné chaque année à une écrasante majorité aux Nations unies.

Le rétablissement des relations diplomatiques entre La Havane et Washington qui a été salué par l’ensemble de la communauté internationale a conduit certains dirigeants du monde et autres observateurs à penser qu’il pourra en être de même demain entre Israéliens et Palestiniens. C’est le cas de Vladimir Poutine, parrain irréversible de Cuba et de la Palestine, qui estime que l’actuelle crise au Proche-Orient « résulte des problèmes du passé ». Le président russe fait allusion entre autre à la proclamation de la naissance de l’Etat d’Israël le 14 mai 1948 qui poussa  les armées des États arabes à refuser la plan de partage des Nations unies du 29 novembre 1947 et à pénétrer en Palestine pour combattre Israël lors de la guerre de 1948-1949 qui se termina par la victoire de l’État hébreu.

Aperçu des relations américano-cubaines

Les relations entre les États-Unis et Cuba, rappelons-le, étaient neutres au moment de la révolution cubaine qui se solda en 1959 par le renversement à Cuba du régime du dictateur pro-américain Fulgencio Batista par une guérilla amorcée par Fidel Castro et le mouvement du 26 juillet. Elles se sont dégradées dès l’année suivante, avec l’expropriation des compagnies des États-Unis et le refus américain d’acheter le sucre cubain, malgré les tentatives de médiation opérées par le président argentin Arturo Frondizi.

Il en résulta des rapports très tendus : Washington décida en avril 1961 de lancer le débarquement de la baie des Cochons avec les membres de la Brigade 2506, qui fut un fiasco. Plus d’une décennie plus tard, soit en 1973, les deux pays signent  un pacte sur le détournement d’avion, qui leur permettra d’échanger un certain nombre des pirates de l’air. Depuis des années, les relations américano-cubaines alternent entre période de refroidissement et d’adoucissement. Récemment, l’administration américaine a organisé un dégel de ces relations, en ordonnant la levée des restrictions sur les voyages et les transferts de fonds envoyés à Cuba par les immigrants cubains aux États-Unis. Les autorités américaines ont par ailleurs retiré leur veto mis depuis 1962 à l’intégration de Cuba dans l’Organisation des États américains.

Afin de hâter leur rapprochement, les deux pays ont annoncé simultanément, le 17 décembre, la reprise de relations diplomatiques bilatérales, impliquant un assouplissement de l’embargo américain sur Cuba.

Nestor N'Gampoula