Diplomatie : la séquestration d’un officier des Fardc au Rwanda fait polémique

Mardi 17 Septembre 2013 - 18:30

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Alors que Kinshasa attend la libération sans condition du sergent major Munanga Kusakana arrêté dimanche sur la zone neutre, Kigali charge l’incriminé d’avoir traversé la frontière « lourdement armé, habillé en tenue de combat et transportant toutes sortes d’engins militaires ».

 

L’affaire du sous-officier des Fardc kidnappé le  15 septembre par des policiers rwandais sur la zone neutre à la frontière entre le Rwanda et la RDC continue de défrayer la chronique ces dernières heures. Cette scène à la imite d’un fait divers est pourtant à l’origine d’une vive tension à Goma où des habitants ont manifesté le même jour au niveau de deux postes frontières lesquels ont été fermés momentanément. Alors qu’hier le gouvernement congolais attendait la libération du Sergent major Munanga Kusakana comme annoncé par son porte-parole Lambert Mende Omalanga, rien de tel n’est arrivé. Des sources militaires au Nord-Kivu indiquent que le sous-officier congolais est toujours détenu dans la ville rwandaise de Gisenyi, frontalière de Goma. Les autorités rwandaises qui ne sont pas prêtes à le libérer si tôt auraient, d’après les mêmes sources, demandé un peu plus de temps pour examiner ce dossier. Elles ont déclaré profiter de cette occasion pour examiner un autre cas en suspens, celui concernant l’arrestation dans les mêmes circonstances d’un agent de la Direction générale des Douanes et accises (DGDA). Pour le Rwanda qui estime avoir agi en toute légalité, ses services de sécurité avaient le droit d’arrêter le sous-officier des Fardc parce qu’il a traversé la frontière «lourdement armé, habillé en tenue de combat, transportant toutes sortes d’engins militaires».

Des accusations que refuse d’avaler le gouvernement congolais qui, de l’avis de son porte-parole Lambert Mende, tendent à travestir la vérité. Pour l’officiel congolais, le Sergent major Munanga Kusakana se trouvait bel et bien sur la zone neutre au moment des faits. « Nous protestons de la manière la plus ferme contre de telles pratiques qui ne sont pas loin du banditisme. C’est quelque chose de totalement inacceptable, surtout que nous ne sommes pas en état de belligérance avec le Rwanda (…). Il était sur la zone neutre couverte pas l’extra territorialité. Ce sous-officier de la RDC n’a posé aucun acte susceptible de justifier qu’il se trouve aujourd’hui entre les mains du Rwanda. Aucun fait, aucun évènement ne peut justifier que les militaires rwandais le détiennent », a largement expliqué Lambert Mende sur une chaîne locale.

De part et d’autre de la frontière, des arguments sont brandis pour soutenir des prises de position qui se contredisent tant dans la forme que dans le fond. Aussi pour tirer cette affaire au clair, une équipe du Mécanisme conjoint de vérification de la frontière de la Cirgl s’est rendue en début de semaine à Gisenyi afin de recueillir des informations sur cet incident. Pour le porte-parole des Fardc au Nord-Kivu, le sous-officier congolais était en vadrouille dans la zone neutre lorsque trois policiers rwandais lui ont sauté dessus et l’ont tiré du côté rwandais.  Cette situation est venue raviver la tension entre les deux pays. Quoiqu'il y ait des appels au calme, les « Gomatraciens » qui se sont dressés contre le Rwanda entendent rendre la monnaie de la pièce à tout soldat rwandais qui se hasarderait dans leurs périmètres. Le sergent Mulanga Kusakala est originaire de la province du Bandundu et est détaché dans la dixième région militaire à Bukavu. Affaire à suivre.  

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Des éléments des Fardc