Diplomatie : l’Afrique, nouveau souffle du mécanisme de développement propre grâce au carbone

Samedi 17 Octobre 2015 - 16:12

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Dans une lettre ouverte et co-signée par plusieurs gouvernements africains, de nombreuses entreprises et acteurs de la société civile dans le cadre de la préparation de la COP21 qui se tiendra en décembre à Paris, la secrétaire générale de la Convention cadre des Nations unies contre les changements climatiques (CCNUCC), Christiana Figueres, évoque le futur Mécanisme de développement propre (MDP)

Ces entreprises et acteurs de la société souhaitent tous contribuer aux objectifs de la CCNUCC, renforcer son action en Afrique, et faire en sorte que le continent africain soit un pilier de la politique internationale de lutte contre le réchauffement planétaire. Christiana Figueres a rappelé que le MDP est un instrument de marché essentiel pour l’équilibre des politiques climatiques internationales. L’échange de crédits de carbone vise une réduction globale, à moindre coût donc efficiente, des émissions de CO2. Cet outil permet d’octroyer des ressources financières nouvelles et additionnelles aux pays en développement qui s’équipent en technologies vertes, sans diluer la responsabilité des pays industrialisés. Il s’adresse aux entreprises, aux collectivités locales aux ONG. 

Selon Christiana Figueres, le MDP a contribué à l’émergence de projets d’énergies renouvelables, de traitement des déchets, d’efficacité énergétique, entre autres, et aura stimulé l’innovation, créé des emplois, fléché les investissements en Afrique.  Chacun des projets réalisés bénéficient directement aux populations des territoires dans lesquels ils s’inscrivent. Le volume de crédits de carbone généré a conduit à un effondrement des prix, à une baisse des nouveaux projets, à la destruction d’un écosystème d’entreprises nées à la faveur et dans le sillon du Protocole de Kyoto. 

L’Afrique, nouveau souffle du MDP 

Le continent africain est confronté à des défis environnementaux qui sont autant de sources potentielles de déstabilisation et de vulnérabilité : urbanisation galopante, évolutions climatiques modifiant les structures agricoles et poussant aux migrations internes, pollutions industrielles, énergies fossiles coûteuses pour les entreprises et les ménages, déforestation accélérée, etc. Particulièrement exposée au réchauffement planétaire, l’Afrique n’a mobilisé que 3% du total de projets MDP et 1% du volume délivré de crédits de carbone mondial. 

Des statistiques  qui ne reflètent qu’une partie de la réalité

La dissémination de technologies domestiques innovantes, (lampes à énergie solaire, cuiseurs économes en charbon de bois, filtres à eau, biomasse, solaire, hydroélectricité, éolien) des plantations forestières et de la lutte contre la déforestation par exemple. Autant de projets MDP potentiels que le continent africain peut porter à l’avant garde de l’action de la communauté internationale d’après Christiana Figueres. « L’objectif de la CCNUCC est d’étendre le MDP au plus grand nombre et de faciliter l’accès au marché du carbone pour les pays les plus vulnérables ». Des efforts ont été entrepris, comme la création des bureaux de soutien régionaux,  d’autres innovations méthodologiques facilitant le dépôt et l’enregistrement de projets.

Elle souhaite qu’une action d’envergure, de rupture, soit engagée pour que l’Afrique bénéficie pleinement du MDP. Pour elle, le moment est propice : la maîtrise du mécanisme,  une haute qualification des autorités nationales dédiées au MDP, des cadres réglementaires et fiscaux clarifiés, une bonne sensibilisation au mécanisme des acteurs publics et privés. Ce qui manquerait à l’Afrique pour une économie de carbone de grande échelle, c’est un prix attractif. Une décision politique bien venue pour assurer un débouché aux crédits de carbone. 

4 mesures immédiates pour valoriser les crédits de carbone africains
Un guichet d’achat unique des crédits de carbone africains, automatique et centralisé ; un prix minimum garanti à 5€/tCO2 pour un objectif de 500 millions de tCO2 évitées en Afrique ; un préfinancement des coûts procéduraux pour 500 projets africains ; un multilinguisme d’action et d’efficacité pour un accès au marché équitable.

Pour une politique des crédits africains

Une politique d’achat à destination des crédits de carbone africains doit être activement envisagée. Un simple bureau de la CCNUCC pourrait s’assurer de la logistique de base, tous les registres permettant une traçabilité existent déjà, souligne Christiana Figueres. Le cas échéant, d’autres entités existantes pourraient servir d’architecture. Un système  qui pourrait être ouvert aux projets réalisés dans l’ensemble des pays de l’Union africaine (UA).

Le guichet unique peut également être un outil de stimulation sectoriel d’après elle. Autre levier d’action : le système de prêt à taux 0% actuellement proposé pourrait être renforcé. Une allocation de l’ordre de 50 millions d'euros permettrait de préfinancer les coûts procéduraux de plus de 500 projets. 

L’Afrique francophone, moins nantie de la finance carbone

L’Afrique francophone est la zone qui, à ce jour, a le moins bénéficié de la finance carbone. Le seul recours à la langue anglaise démontre ses limites. Le français, langue officielle de la COP, pourrait devenir une langue de travail du MDP. Ce qui permettra d’amorcer une dynamique de confiance pour les acteurs impliqués en Afrique francophone. Des préoccupations partagées par de nombreux intervenants du marché dans  la région. 

Noël Ndong

Notification: 

Non