Diplomatie : l’axe Kinshasa-Luanda toujours au beau fixe

Jeudi 25 Mai 2017 - 14:48

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Des informations faisant état d’une tension militaire couvant entre Kinshasa et Luanda eu égard au renforcement de la présence des soldats angolais à la frontière commune avec la RDC, ont alimenté la toile ces dernières semaines.

Nombre d’observateurs ont décrypté ce fait comme l’amorce d’une crise qui ne disait pas son nom entre les deux pays frontaliers. La Libre Belgique qui a été la première à annoncer le déploiement de l‘infanterie de l‘armée angolaise accompagnée des thanks et une artillerie lourde à la frontière ouest de la RDC avec l’Angola, a réveillé les esprits. La RDC avait de bonnes raisons de se méfier de cette présence militaire angolaise dans ses frontières, elle qui a tout intérêt à stabiliser l’ensemble de son territoire en prévision des scrutins à venir. En outre, les récentes prises de position du pays d’Eduardo Dos Santos, qui a condamné « la violence récurrente » en RDC tout en appelant les autorités à un « dialogue sérieux », ont entretenu les suspicions. A cela s’ajoute le feu vert que venait d’accorder la commission militaire américaine au Pentagone l’autorisant à vendre des armes à l’Angola.

Des éléments qui ne rassuraient guère et que d’aucuns ont vite mis sur le compte d’un projet de déstabilisation de la RDC concocté de l’extérieur. Mais dans les faits, il n’en est rien. Le chef de la diplomatie congolaise qui a effectué une visite d’urgence à Luanda pour s’enquérir de la situation est rentré tout souriant, preuve que les relations sont plutôt au beau fixe entre les deux Pays. Léonard She Okitundu qui a été reçu par Joao Lourenco, ministre angolais de la Défense a démenti un quelconque conflit avec les autorités angolaises. Même discours de la part du ministre de la Défense angolaise qui s’est dit étonné des fausses informations sur une tension imaginaire créée par les internautes entre la RDC et l’Angola. A ceux qui ont spéculé sur sa dernière visite aux Etats-Unis, la mettant sur le compte d’un prétendu projet de renversement du pouvoir à Kinshasa, Joao Lourenco a noté que c’était plutôt dans le cadre du renforcement de l’axe Luanda-Washington.

En fait, les autorités angolaises justifient les mouvements de troupes de leur armée à la frontière commune avec la RDC par le besoin d’assurer « une prévention sécuritaire de l’intérieur ». Bien plus, l’Angola qui accueille à ce jour des milliers des déplacés originaires du Grand Kasaï fuyant les violences perpétrées par la milice Kamuina Nsapu, a tout intérêt à protéger ses frontières afin de dissuader toute incursion susceptible de mettre à mal sa sécurité intérieure. Au finish, il y a eu plus de peur que de mal dans cette affaire ayant défrayé la chronique ces dernières heures.

Allié traditionnel du pouvoir de Kinshasa, l’Angola tient plutôt à jouer un rôle positif dans la situation de crise qui ronge son voisin, convaincu que la fragilité de la RDC risquerait de déstabiliser l’ensemble de la région de l’Afrique centrale. A tout prendre, rien de fâcheux n’a hypothéqué ni obscurci jusque-là les relations entre ces deux pays frontaliers.     

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Léonard She Okitundu

Notification: 

Non