Diplomatie : l’Ethiopie et l'Erythrée renouent leurs relations

Lundi 9 Juillet 2018 - 14:30

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Les deux pays ont décidé, le 8 juillet, au cours d’un déplacement historique du Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed à Asmara, de taire leurs différends et de rétablir leurs liens de coopération. 

 

Le secrétaire général du gouvernement éthiopien a annoncé, après l’entretien d’Abiy Ahmed et d’Isaias Afwerki, que les lignes téléphoniques internationales entre l’Ethiopie et l’Erythrée, coupées depuis vingt ans, allaient être rétablies.
Dans les faits, cette réconciliation prendra en compte la réouverture des frontières associée à la circulation des personnes dans les territoires des deux pays, la réouverture des ambassades, la reprise du trafic aérien et naval ou encore l’installation d’une ligne téléphonique directe entre les dirigeants.
« Nous nous sommes mis d'accord pour la reprise du trafic aérien et naval, pour la circulation des personnes entre nos deux pays et la réouverture des ambassades », a déclaré le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, à l'issue des discussions dans la capitale érythréenne avec le président Issaias Afwerki.
L’Ethiopie et l'Erythrée avaient rompu leurs relations diplomatiques au début du conflit frontalier qui les a opposées entre 1998 et 2000, fait quelque quatre-vingts mille morts. Les relations étaient restées particulièrement tendues depuis, en raison du refus de l'Ethiopie de céder à l'Erythrée un territoire frontalier disputé, malgré le jugement d'une commission indépendante internationale soutenue par l'ONU datant de 2002.
Ancienne province éthiopienne sur la mer Rouge, l'Erythrée a déclaré son indépendance en 1993 après avoir chassé les troupes éthiopiennes de son territoire en 1991 au terme de trois décennies de guerre.
L’arrivée au pouvoir à Addis-Abeba, en avril dernier, de Abiy Ahmed, 42 ans, a ouvert la voie au dégel des relations. Le nouveau dirigeant a amorcé un train de réformes sans précédent depuis plus de vingt-cinq ans dans le deuxième pays le plus peuplé d'Afrique. Au nombre de ces bouleversements figurait l'annonce début juin de son intention d'appliquer l'accord de paix d'Alger signé en 2000 avec l'Erythrée et les conclusions de la commission internationale sur la démarcation de la frontière.
Des spécialistes de la région ont salué un pas important franchi sur le chemin de la paix, mais un pas encore « symbolique ». « Ce ne sont pour l'instant que des outils politiques », a  expliqué le journaliste Léonard Vincent, spécialiste de la région. Les deux pays doivent maintenant s'attaquer à la cause profonde de leur conflit. « La grande étape qu'il va falloir franchir maintenant, ça va être la gestion des territoires disputés, qui est au cœur de la guerre entre les deux pays », a-t-il estimé.
Le Premier ministre éthiopien doit restituer des territoires contestés à l'Érythrée, en particulier la ville de Badme, au grand dam d'une partie de la population qui parle de « trahison ». Il y a aussi la question de la démilitarisation de la zone frontalière, la reprise des relations économiques ou encore l'accès de l'Éthiopie aux ports érythréens.
« Il y a un certain nombre de problèmes techniques très lourds qu'il va falloir gérer. Et là on pourra commencer à parler d'un vrai rapprochement et d'un début de résolution définitive du conflit entre les deux pays », a souligné Léonard Vincent.
 

Yvette Reine Nzaba

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