Disparition du père Léon de Saint Moulin : un baobab s’en est allé !

Jeudi 24 Octobre 2019 - 20:15

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Pour Alain Nzadi-a-Nzadi Sj, directeur du Centre d’études pour l’action sociale (Cépas), le célèbre prêtre de la Compagnie de Jésus, âgé de 87 ans et malade depuis un mois déjà, qui a quitté ce bas monde la nuit du 23 au 24 octobre à 2h du matin, ne pouvait être perçu autrement.

Le défunt père Léon de Saint Moulin Rencontré par Le Courrier de Kinshasa dans les jardins du Cépas, le 24 octobre dans l’avant-midi, le père Alain Nzadi-a-Nzadi était encore bien ému par le triste événement. « C’est une émotion extrêmement vive d’avoir perdu un baobab comme Léon de Saint Moulin qui a passé toute sa jeunesse, en fait toute sa vie, ici »,  a-t-il confié.

En effet, à l’instar du communiqué publié par le père provincial et les Jésuites de l’ACE en matinée, juste  quelques heures après le décès de Léon de Saint Moulin, il a évoqué son arrivée au Congo à la fin des années 1950. « Venu au Congo d’abord en 1959, le père Léon est reparti en Belgique pour terminer sa formation, puis revenu s’établir définitivement depuis 1967. Depuis lors, il est resté au pays jusqu’à la fin de sa vie aujourd’hui, deux heures du matin », a affirmé le directeur du Cépas.

Pour ceux qui l’avaient connu, comme l’a rappelé le père Alain Nzadi-a-Nzadi, Léon de Saint Moulin avait cette réputation d’être un passionné de la République démocratique du Congo. Ce qu’il nous a témoigné vivement de la sorte : « Il connaît notre pays mieux que beaucoup de Congolais et a donné toute sa jeunesse et son intelligence pour son développement. On peut le voir à travers ses écrits ».

Le rédacteur de la revue Congo-Afrique  rapporte qu’en sus, « il avait déjà demandé et obtenu de mourir ici car c’est ici son pays en fait. Il y a passé la majeure partie de sa vie ». Et de renchérir encore : « C’est ici qu’il a des amis, ses collaborateurs, ses anciens étudiants et a mené sa vie avec eux. Il voulait mourir dans notre pays parce que c’est celui qui l’a adopté. On dira même que c’est un Congolais naturalisé ».

D’aucuns de ceux qui ont connu l’illustre disparu ne trouveraient à redire du témoignage qu’a rendu Alain Nzadi-a-Nzadi. Et il ajoute à propos de son collaborateur disparu : «  Personnellement, je garde de lui le souvenir d’un grand travailleur, un intellectuel hors pair ». Pour preuve, a-t-il dit au Courrier de Kinshasa : « Jusqu’à la dernière minute, il avait encore des thèses de doctorat à lire et à corriger, des livres à corriger et des ouvrages déjà publiés dont il devait faire la recension, etc. J’ai vécu dans la même maison avec cet intellectuel hors pair depuis 2014 ».

Sous le coup de l’émotion, le Jésuite se remémore de l’illustre disparu dont il parle encore au présent, évoquant son remarquable dévouement. « En travaillant maintenant dans la même institution que lui, au Cépas, où il est également membre du conseil de rédaction de la revue Congo-Afrique, j’ai remarqué qu’à chaque fois qu’on lui demandait un service, corriger un article, par exemple, sa capacité de travail était impressionnante », a-t-il témoigné.   Le père Alain Nzadi-a-Nzadi, directeur du Cépas (Photo Adiac)  

Un passionné

Alain Nzadi-a-Nzadi avait déjà été frappé par le personnage à leur premier contact qui date de l’époque où il était son étudiant. « Léon de Saint Moulin fut mon professeur d’analyse sociale. Sa capacité d’analyse m’avait impressionné. Mais surtout sa connaissance de la ville de Kinshasa. Il pouvait vous dire, par exemple, lorsque vous allez faire des enquêtes dans tel quartier de la ville : “Faîtes attention, parce que telle avenue s’arrête au numéro tel, si vous allez plus loin, vous serez face à un ravin“. Et, cela se vérifiait une fois sur terrain. Il avait une connaissance extraordinaire de cette ville », a-t-il expliqué. Et de poursuivre : « En fait, il la connaissait du bout de ses doigts. Si étudiant, j’étais très impressionné par sa capacité de travail et d’analyse des faits sociaux mais aussi sa connaissance de notre ville, plus tard j’ai appris qu’il connaissait tout aussi bien le reste de notre pays. Car, c’est lui qui, lors des élections de 2006 et les suivantes, a réalisé l’Atlas administratif de notre pays ».

Le directeur du Cépas a renchéri: « Plusieurs années après lorsque nous nous sommes rencontrés à nouveau dans la même institution, au Cépas, depuis 2014, c’est encore cette capacité de travail qui me paraissait extraordinaire. Pour quelqu’un de son âge, il est décédé à 87 ans, à mon arrivée, il en avait déjà plus de 80 mais avait une capacité de travail impressionnante. Il nourrissait une véritable passion pour ce qu’il faisait et le goût du travail bien fini. Je le retiens de lui et cela me restera à jamais gravé dans l’esprit. »

Un trait de caractère que relevait toute personne qui approchait le défunt, nous a réaffirmé le père Alain Nzadi-a-Nzadi : « Léon de St Moulin était un homme extrêmement simple, humble, d’un abord très facile ». Et, pour avoir partagé du temps avec lui en communauté et dans la vie professionnelle, le Jésuite soutient qu’il était « un homme avec qui l’on pouvait tisser de très bonnes relations. Il n’était pas très compliqué ».

Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Le défunt père Léon de Saint Moulin Photo 2 : Le père Alain Nzadi-a-Nzadi, directeur du Cépas/ Adiac

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