Disparition : la culture congolaise orpheline d’un de ses acteurs

Samedi 25 Janvier 2014 - 14:15

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Fondateur des Petits chanteurs et danseurs de Kenge ainsi que de Chem-Chem Yetu, le père Bernard Van Den Boom s’en est allé il y a deux semaines jour pour jour. Le missionnaire hollandais a quitté ce bas monde le  13 janvier à Breda, en Hollande, succombant à cause d'une longue maladie.

Si pour beaucoup de jeunes aujourd’hui, le nom du père Bernard Van Den Boom n’évoque rien, il n’en reste pas moins que son nom est écrit en lettres d’or dans les annales du diocèse de Kenge, territoire de la province du Bandundu). En effet, il est bon de savoir que les Petits-Chanteurs et Danseurs de Kenge ont leur part dans l’histoire de la musique congolaise. L’on n’en dira pas moins du groupe Chem-Chem Yetu de Kinshasa. Les deux structures qui peuvent être considérées comme de vraies institutions, ont apporté une contribution notable dans la culture nationale. Ces groupes de jeunes furent en leur temps des pépinières d’où sont sorties des célébrités locales dont certains sont de renommée internationale tel que Lokua Kanza. La liste qui n’est pas exhaustive compte également Reddy Amisi, feu Pablo Bokunde, l’ancien batteur de Zaiko Langa Langa, Donat Mobeti, les arrangeurs Sec Bidens et Oscar Diyabanza, Basunga Gommaire (l’actuel directeur artistique de la troupe des percussionnistes Tuta Ngoma), ou encore le percussionniste Nono Tsakala Manzanza. Ils sont chacun sortis de l’une de ces deux écoles du prêtre formateur des jeunes.

L’heure de gloire des Petits-Chanteurs et Danseurs de Kenge se situe entre 1964 et 1967, indique Kahiudi Claver Mabana, un ancien du groupe basé alors à la paroisse Saint-Esprit. Les Petits-Chanteurs et Danseurs de Kenge procèderont à l’animation de plusieurs « représentations culturelles qui mettront Kenge sur la carte du Congo », dit-il. Dans leur agenda fourni étaient inscrits les périples qui les conduisirent en Occident. Les tournées se succédèrent en Belgique, en Italie, en Suisse et au Canada. C’est à cette période qu’est sorti le disque 33 Tours Missa Kwango. Revenu de ces fructueuses expéditions musicales, Ben Van Den Boom partit de la province du Bandundu pour la capitale, Kinshasa. Ici, il fait encore preuve de son toujours animé de la même volonté et du désir de contribuer à l’édification de la jeunesse. Comme à Kenge, où il a donné les premières preuves de son investissement dans le milieu. Voilà donc qu’au Carrefour des Jeunes à Matonge, il fonde un nouveau groupe de jeunes qui sera baptisé Chem Chem Yetu en 1969. Les Petits-Chanteurs et Danseurs de Kenge Kenge ont désormais leur pendant à Kinshasa. Les Chem Chem Yetu c’était une centaine de chanteurs et danseurs.

La discographie du missionnaire catholique hollandais comporte d’autres œuvres encore à l’instar de Messe des Bayanzi interprétée par une chorale de garçons, le Choeur de Misay de Banningville, actuel Bandundu-ville. Plus vieille que Missa Kwango, son enregistrement remonte probablement à la fin des années 1950. Mais tout comme elle, elle est à inscrire dans le mouvement d’inculturation qui tendait à « africaniser » les messes. La première révolution apportée alors fut l’introduction des rythmes et instruments traditionnels africains, souligne le site Canta Congo.

Notons qu’en 1965, père Bernard Van Den Boom reçut « le Prix André Ryckmans pour son action d’encadrement des jeunes ». Plus particulièrement, pour la fondation de la troupe de Petits chanteurs et danseurs de Kenge. L’année 1967 fut celle qui les mena à la découverte du monde.

Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

Photo 1: Le père Bernard van den Boom avec Nono Tsakala Manzanza, Basunga Gommaire et François Bukaka, un des percussionnistes de Tuta Ngoma Photo 2 : La pochette de Messe des Bayanzi