Opinion

  • Le fait du jour

Dissuasion nucléaire, dissensions à la souveraineté

Samedi 30 Septembre 2017 - 13:06

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimableEnvoyer par courriel


Deux discussions majeures dominent l’actualité mondiale des dernières semaines dans quatre pays : la Corée du Nord, l’Iran, l’Irak et l’Espagne. Les deux premiers pays sont sur la sellette du fait de leurs ambitions nucléaires contestées ; les deux autres voient leur souveraineté mise à mal par des régions entières (le kurdistan irakien et la Catalogne) décidées à prendre leur indépendance par voie référendaire. La levée de boucliers observée chez les plus grands de ce monde est à la mesure de la tournure que prennent les évènements et renseigne sur la nature complexe des relations internationales.

Quand on leur reproche leur obstination à vouloir se doter de l’arme nucléaire, Pyongyang et Téhéran rétorquent qu’il ne peut en être autrement dans un monde où l’incertitude sécuritaire va crescendo. En particulier, ils regardent autour d’eux et montrent du doigt un voisinage qu’ils jugent belliciste. Ils estiment que s’armer au prix de tous les sacrifices possibles est pour eux le meilleur moyen de se prémunir des agressions extérieures. Pour cela, ils opposent à l’isolement qui les guette le refus de se laisser dicter ce qu’ils ont à faire de leur souveraineté. La dernière assemblée générale de l’Onu, à New York, aux Etats-Unis, a été, de ce point de vue, l’une des plus fournies en invectives suprêmes quand on pense aux joutes verbales échangées par les dirigeants américains, iraniens et Nord-Coréens.

Dans cinq-dix ans, le cercle des Etats se faisant peur à eux-mêmes et à autrui par le fait de l’arme nucléaire qu’ils possèdent pourrait-il peut-être s’élargir à la Corée du Nord et à l’Iran. Considérés pour l’instant comme des nains en la matière, ils disent en avoir assez de subir le diktat des autres depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Ils jouent aux braves apprentis pour un jour se prévaloir de la dissuasion nucléaire. Le bâton dans une main, la carotte dans l’autre, les puissances nucléaires existantes ne veulent pas perturber l’équilibre sur lequel elles ont bâti cette notoriété qui leur permet de distribuer de bons et de mauvais points à mesure qu’elles estiment justifié ou non de frapper, d’acculer à la faute ou à l’isolement. L’Onu et les nombreuses organisations humanitaires qui courent les chancelleries du monde auront-elles les moyens nécessaires de maintenir le monde en paix, en vie ?

À propos des souverainetés, le torchon brûle en Irak et en Espagne depuis que les Kurdes dans le premier pays, et les Catalans, dans le second ont décidé de voler de leurs propres ailes. Les autorités en place à Bagdad et à Madrid vivent mal le cauchemar du déchirement du tissu national et haussent le ton. Le plus désarmant dans ces deux affaires est que les sécessions sont à une exception près d’ordre démocratique. Cette exception est le fait que les opérations de vote sont décidées de façon unilatérale par les indépendantistes, la règle devant être qu’elles le furent par voie consensuelle et que l’initiative en incomba aux institutions nationales reconnues par les parties.

Appelés à se prononcer par référendum sur leur indépendance, les Kurdes ont voté à 92% en faveur du « oui », le 25 septembre. Le territoire qu’ils veulent administrer cerne la frontière avec la Turquie, au Nord, et une partie de la frontière avec l’Iran, à l’Est. Les observateurs estiment que les privations, voire les brimades vont commencer pour ce peuple qui fut aussi le prétexte à l’invasion de l’Irak par la coalition internationale menée par les Etats-Unis, en 1990-1991. L’ex-président irakien, Saddam Hussein avait envahi le Koweït, mais il fut aussi accusé du gazage de cinq mille Kurdes quelques années auparavant. Les voisins de l’Irak et ses alliés hors du Proche-Orient ne semblent pas fermer l’œil de la nuit en écoutant le président du Kurdistan irakien Massoud Barzani tonner sur les places d’Erbil et de Kirkouk, les principales villes du territoire kurde.

Pour ce qui concerne l’Espagne, voyons ce qu'il adviendra du processus d'indépendance de la Catalogne avec la perspective fort perturbée du scrutin référendaire du dimanche 1er octobre.

Gankama N'Siah

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

Notification: 

Non

Le fait du jour : les derniers articles