Dossier passeports : l’Asadho dénonce l’usage abusif de la police

Jeudi 21 Septembre 2017 - 17:08

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Pour cette ONG, le gouvernement utiliserait abusivement ce corps de métier pour la répression, l'enlèvement et la détention illégale des citoyens détenteurs du mémo à déposer au ministère des Affaires étrangères.

L’Association africaine de défense des droits de l’homme (Asadho) a dénoncé, le 20 septembre, le recours et l’usage abusif des forces de la Police nationale congolaise (PNC), en violation de leur mission. À en croire cette ONG, ces dernières ont été utilisées pour réprimer dans la violence, suivie de l’enlèvement et la détention illicite de vingt huit personnes venues paisiblement déposer un mémorandum, destiné au vice-ministre des Affaires étrangères pour dénoncer « son communiqué de presse invalidant les passeports semi-biométriques en cours de validité au profit de l’achat de nouveau passeport biométrique à des coûts élevés ».

L’Asadho a, en effet, noté que ces Congolais, tous, détenteurs des passeports semi-biométriques en cours de validité en RDC, achetés à un prix très élevé et dénoncé par les ONG de la société civile après les révélations de l’enquête de l’Agence Reuters, révélations sur lesquelles, l’opinion attend l’ouverture d’une enquête par le Procureur générale de la République, relativement au coût très élevé par rapport à l’offre du prix du fournisseur, l’enrichissement sans cause et les procédures de passation de marchés publics, après la signature du texte dudit mémo, se sont présentés le 20 septembre à l’entrée du ministère des Affaires étrangères pour le dépôt. « Ils se sont butés à l’opposition des éléments de la police positionnés autour du ministère des Affaires étrangères. Pendant qu’ils s’expliquaient paisiblement au près de ces éléments de la police, d’autres policiers arrivés sur les lieux à bord de cinq Jeep de la police ont arraché et déchiré le mémorandum destiné au vice-ministre avant de les brutaliser, les isoler pour procéder à l’arrestation de vingt-huit signataires dudit mémo, et six ont réussi à s’échapper. Certains d’entre les vingt-huit  ont été tabassés et jetés brutalement dans les Jeep où ils ont été piétinés par les policiers », a regretté l’ONG.

Arrêtés et obligés de réécrire leur mémo

L’Asadho a noté que ces manifestants pacifiques ont été, par la suite, conduits à l’Inspection provinciale de la PNC où ils étaient obligés à réécrire et signer le mémo sur place, devant les installations du Commissariat provincial, avant de les auditionner par groupe de deux, sans leur donner la possibilité de se faire assister par un avocat de leur choix. L’Asadho dit, par ailleurs, constater avec amertume, une fois de plus que le gouvernement de la RDC et les forces de la police du Commissariat provincial de la ville de Kinshasa viennent de se rendre coupables de la violation des droits fondamentaux de ces citoyens à la liberté d’expression, d’opinion, de la sûreté de leur personne et d’être assisté par un avocat, garantis respectivement par les articles 9, 10, 9 al 2, 6, 17 et 18 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, la charte africaine des droits de l’homme et des peuples et de la Constitution , tous victimes de la prédation et escroquerie du ministère des Affaires étrangères qui fait de la vente du passeport congolais un business pour un enrichissement rapide au dépend des populations déjà très pauvres.

Dans ses recommandations, l’Asadho a sollicité du président de la République d’ordonner la mise en liberté immédiate et sans condition des personnes arrêtées, de procéder à la révocation immédiate du ministre et vice-ministre des Affaires étrangères et d’ordonner l’ouverture des poursuites contre les responsables des traitements et arrestation des vingt personnes arrêtées.

Le Premier ministre a été exhorté, lui, de retirer immédiatement et démentir le communiqué rendu public par le vice-ministre des Affaires étrangères, de laisser les passeports en cours de validité poursuivre leur cours jusqu’à leur terme et de procéder à leur remplacement progressif sans frais. Alors que l’ONG a appelé le procureur général de la République d’ouvrir une instruction sur la vente des passeports congolais, leur coût ainsi que la procédure de passation des marchés aux entreprises qui interviennent. L’Asadho a, enfin, recommandé aux citoyens congolais de saisir la justice pour obtenir justice et faire échec aux abus des pouvoirs de membres du gouvernement.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Les manifestants et la police lors de cet évènement /photo Adiac

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