Droits de l’Homme : un Congolais déclenche une grève de la faim

Samedi 9 Mai 2015 - 10:30

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Le Pr Naupess Kibiswa réclame, par ce geste, ses salaires impayés depuis sept mois par l’État congolais, son employeur.

Dans un communiqué du 7 mai, la Voix des sans-voix pour les droits de l’Homme (VSV) s’est dite vivement préoccupée par la grève de la faim déclenchée, le 4 mai, par un professeur à l’Institut supérieur des techniques médicales (ISTM) et ancien Secrétaire général du Syndicat national des agents de la santé (Syncas), Kibiswa Naupess. Selon cette ONG, l’action de cet enseignant est motivée par l’impaiement des salaires depuis sept mois de prestation de services sans contre partie, de la part de l’État congolais, son employeur.

La VSV a, par ailleurs, souligné que, réagissant pacifiquement à cette violation flagrante de ses droits et pour les revendiquer, le Pr. Naupess Kibiswa a décidé de procéder à un sit-in à la primature où il aurait fait l’objet d’un enlèvement le 5 mai, par environ quinze policiers. « Il convient de signaler que l’enlèvement est intervenu pendant que la victime se trouvait assise dans la salle d’attente de la primature pour y exiger la régularisation de sa situation salariale », a expliqué l’ONG.

Cette association souligne également que l’ordre de procéder à l’enlèvement de M. Naupess Kibiswa aurait été donné par le Directeur de cabinet adjoint du Premier ministre Augustin Matata Ponyo, qui aurait mal apprécié la présence de la victime dans la salle d’attente de la primature. « Visiblement très fâché, le Directeur de cabinet adjoint a d’abord demandé à la victime la raison de sa présence à la primature et ensuite, il a ordonné aux policiers à ses côtés de l’évacuer manu militari jusqu’aux environs du bâtiment abritant la Cour suprême de justice où, selon ses propres termes, M. Naupess Kibiswa peut déposer sa plainte », a expliqué la VSV.

Le non-respect des droits humains

La VSV a aussi noté qu’aucune moindre possibilité d’expliquer les raisons de sa présence en ces lieux n’a été laissée au gréviste de la faim qui s’est vu infliger des brimades policières sans tenir compte de son rang de professeur d’université. À en croire cette ONG, aussitôt dit, aussitôt fait, les policiers trouvant l’occasion si propice ont immédiatement administré à la victime des traitements cruels, inhumains ou dégradants, avant de la conduire à pieds jusqu’à l’endroit indiqué par le Directeur de cabinet adjoint de Matata Ponyo.

Citant les informations qui lui sont parvenues, la VSV a noté que M. Naupess Kibiswa figurait pourtant sur une liste de plusieurs professeurs de l’ISTM dont la situation salariale devrait être régularisée. « Contre toute attente, quelques professeurs seulement ont été sélectionnés et payés sans que la moindre explication sur les raisons du non paiement des autres n’ait été communiquée aux intéressés », a regretté cette ONG.

La VSV, qui fait constater avec amertume que l’État congolais persistait dans les pratiques non respectueuses de la dignité inhérente à la personne humaine dont entre autres la victimisation des citoyens qui revendiquent, par des manifestations pacifiques, leurs droits individuels ou collectifs en recourant à la répression policière, des arrestations arbitraires et détentions illégales, enlèvements, etc., a émis des craintes pour la vie et la sécurité du professeur Naupess Kibiswa. L’ONG a, par conséquent, exhorté le gouvernement à diligenter une enquête sur les circonstances de l’enlèvement du Pr. Naupess Kibiswa et à sanctionner les commanditaires et exécutants conformément à la loi. La VSV a également recommandé au gouvernement de procéder à la régularisation sans délais des arriérés de salaire du Pr Naupess Kibiswa ainsi que d’autres professeurs concernés par la même revendication, et d’indemniser la victime pour les préjudices subis.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Enseigne à l'entrée principale du site de l'ISTM-Kinshasa