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Du bon usage de la "notation"

Samedi 12 Août 2017 - 11:45

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Que les agences dites "de notation" - Standard & Poors, Moody's, Fitch -  sur lesquelles la communauté financière internationale a les yeux braqués de façon constante, en viennent à dégrader la "note" du Congo du fait de son endettement croissant et de ses difficultés présentes n'a rien qui puisse vraiment surprendre. Ne prenant en compte que des données économiques et financières immédiates sans réellement se projeter dans l'avenir, ni mesurer l'importance des appuis sur lesquels notre pays peut compter en raison du rôle qu'il joue dans la prévention et la gestion des crises en Afrique, ces organismes spécialisés ne sont pas équipés pour poser un diagnostic indiscutable et définitif. Ils font, certes, leur métier et l'on ne saurait sérieusement le leur reprocher, mais l'image qu'ils projettent du Congo est quelque peu erronée.

Ce jugement repose sur les trois évidences suivantes:

1) La passe difficile que traverse le Congo dans le moment présent est la conséquence directe de l'effondrement des cours du pétrole et du gaz sur les marchés mondiaux qui a fortement réduit ses ressources publiques. Mais de la même façon que les prix du baril se sont envolés dans le cours de la dernière décennie ils peuvent à tout instant rebondir en raison des tensions croissantes qui affectent la plus importante zone de production du monde, à savoir le Golfe persique. Comme nous l'avons écrit à plusieurs reprises il est possible, voire même probable, que nous assisterons à un rebond spectaculaire des cours de l'or noir dans les mois à venir, ce qui aura pour effet d'assainir d'autant plus les finances du pays que sa production pétrolière est en forte augmentation.

° Le Congo occupe au coeur de l'Afrique centrale une position stratégique, incontournable, qui lui donne une place à part dans l'équation régionale et qui conduit les puissants de ce monde à l'aider dans la résolution des problèmes qu'il rencontre. En témoigne l'aide que lui apporte la Chine dans tous les domaines, mais également l'attention croissante que lui portent les Etats-Unis, l'Union Européenne et même la Russie. Perçu à juste titre comme l'un des dirigeants africains les mieux informés et les plus actifs dans la recherche de solutions aux crises qui déchirent le continent en général, le Bassin du Congo en particulier, le président Denis Sassou N'Guesso peut compter sur l'appui des "Grands" dans la recherche d'une solution durable aux problèmes financiers qu'il lui faut résoudre.

° Ayant achevé sa mue institutionnelle avec l'adoption d'une nouvelle Constitution, avec la réélection de son président pour  cinq ans, avec le renouvellement de son Assemblée nationale et de ses conseils locaux, le Congo peut maintenant s'attacher à diversifier son économie. Dominée jusqu'à présent par l'exploitation du pétrole et du gaz, celle-ci basculera plus vite qu'on ne le pense dans un nouveau système qui sera fondé pour l'essentiel sur l'agriculture, l'élevage, la pêche, le commerce, la petite et moyenne industrie. Et ce mouvement sera d'autant plus rapide que le pays s'est doté au cours des quinze dernières années d'un réseau de communication routier, aérien, fluvial qui permettra un développement très rapide des échanges nationaux et régionaux.

Compte-tenu de ce qui précède nous prenons ici le pari que les difficultés présentes cèderont vite la place à une relance économique dont les effets financiers seront aussi puissants que durables.  Et nous sommes convaincus que si, dans le moment où les agences financières abaissent la notation du Congo, les autorités congolaises font valoir par des voies appropriées les atouts dont elles disposent pour relancer l'économie nationale, le jugement négatif porté sur le pays deviendra très vite un jugement positif, voire même très positif.

Choisir les bons interlocuteurs pour restructurer la dette du Congo et améliorer sa note financière est certainement, aujourd'hui, l'une des priorités que devrait s'assigner l'Etat.

  

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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