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Du financement des projets prioritaires de la Cémac : une question de confiance

Mercredi 18 Novembre 2020 - 17:03

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Réunis à Paris du 16 au 17 novembre 2020, les représentants de la Cémac et les bailleurs de fonds internationaux se sont mobilisés pour financer les 12 projets intégrateurs prioritaires sous-régionaux.  La réalisation  de ces projets est fixée pour 2025, afin d’accélérer et améliorer durablement l’intégration physique et commerciale de la Cémac. Mais, le financement de ces 12 travaux d’Hercule est limité par la réputation des pays membres.

En effet, le coût du financement de ces grands travaux transnationaux intégrateurs est estimé à 4 074,64 millions d’euros  soit environ 2 670,28 milliards de FCFA dont  seulement 17,4% ont déjà été mobilisés et les 82,6% restent à financer par les partenaires techniques et financiers étrangers qui s’engagent timidement. 

I- Des projets structurants qui couvrent 5 secteurs principaux :

- la construction des voies routières 50%, vise à désenclaver les différents pays à travers plusieurs projets des tronçons manquants (179 km) de la route Ndendé-Dolisie du corridor Libreville-Brazzaville  pour 152 milliards FCFA, la construction de la route Kogo-Akurenam (230 km) pour relier le Sud-Est de la Guinée équatoriale au Gabon pour 260 milliards FCFA qui augmentera de plus de 20% les échanges commerciaux entre ces deux pays ; le corridor Brazzaville-Ouesso-Bangui-Ndjamena (Congo-Centrafrique-Tchad), et la construction du port sec de Dolisie (Corridor Gabon-Congo) sur 1310 km pour 400 milliards FCFA et la route Mbarioko-Benja-Bekominga liant la RCA au Tchad sur 109 km pour 83,5 milliards FCFA ;

- les ports secs 16,66%, à travers le port sec de Dolisie de 120 milliards FCFA pour désengorger le port de Pointe-Noire, faciliter les opérations portuaires et administratives, afin d’assurer la régularité des recettes fiscales et douanières du Congo ;

- les aménagements et extensions électriques 16,66% pour lier le Cameroun-Congo-Gabon-Centrafrique sur l’interconnexion des réseaux électriques pour 1200 milliards FCFA dont 590 milliards déjà mobilisés par le Cameroun et 32,4 milliards par les bailleurs. L’extension Cameroun-Tchad sur 1024 km de lignes électriques pour un coût de 305 milliards FCFA financés par la BAD à 65%, l’Union européenne 7,5% et 27,5% non encore pourvus ;

- le numérique 8,33% à travers l’interconnexion du Cameroun avec les pays de la Cémac via la fibre optique qui facilitera les communications électroniques dans la sous-région, à travers l’internet haut débit, des infrastructures d’interconnexion directes liant le Cameroun au Gabon, le Cameroun à la Guinée équatoriale, le Cameroun au Congo et Cameroun au Tchad pour 5 milliards FCFA ;

- l’éducation et le développement du capital humain 8,88% avec l’université inter-États à la frontière Sangmelima (Cameroun) et Ouesso (Congo) pour développer le génie numérique, l’agriculture et la forêt pour 1538 milliards FCFA.

II- A la réputation des membres 

 L’organisation sous-régionale dispose d’un Fonds de développement de la Cémac (Fodec) destiné à financer les projets intégrateurs. Ce fonds était de 10,530 milliards FCFA en 2019. Plus de 54% ont été exécutés contre 29% en 2018. Mais, avec 73 milliards FCFA d’impayés des contributions statutaires, les membres contribuent eux-mêmes à la sous-performance de l’intégration sous-régionale. Le Cameroun en détient 33,56%, suivi de la RCA 25,89%, du Tchad 12,93%, de la Guinée équatoriale 12,33%, du Congo 10,27% et du Gabon 5,02%. Cette situation tend à maintenir la Cémac sous la dépendance financière des bailleurs de fonds internationaux, même si le taux d’endettement de la zone est de 46% du PIB, au 1er trimestre 2020, respectant la norme des 70% de PIB de la limite communautaire de la surveillance multilatérale.

Mais, l’encours  de cette dette  représente 32,7% du PIB durant cette période contre 31,4% à la fin 2019. Cette hausse est liée aux dépenses de la pandémie de la Covid-19 où, entre avril et juin 2020, les États ont mobilisé plus de 849,5 milliards FCFA sur le marché des titres publics, en hausse de 27,2% par rapport au trimestre précédent. Cette situation est loin de rétablir la confiance des bailleurs  des fonds internationaux tant que les membres continuent à ne pas respecter leurs engagements.

Ainsi, la mise en réseau des infrastructures logistiques du marché intracommunautaire en vue d’une optimisation des échanges se heurte à la faible autonomie financière de la sous-région et aux comportements des États membres. Le développement du partenariat public-privé trouve ici tout son intérêt pour non seulement rendre plus attractive et amorcer la dynamique de l’intégration économique de la sous-région, mais aussi respecter les engagements pour regagner la confiance des partenaires institutionnels.

 

 

 

Emmanuel Okamba Maître de conférences HDR en Sciences de Gestio

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Édition Quotidienne (DB)

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