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Du golfe Persique au golfe de Guinée

Lundi 25 Novembre 2013 - 0:29

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Le moins que l’on puisse dire est que la situation ne s’améliore guère dans le golfe Persique, cette partie du monde que l’on considérait jusqu’à une date récente comme la plus riche, la plus attirante de la planète pour les affaires et sur la stabilité de laquelle on vient à douter. Pris en étau dans le conflit larvé mais sans merci qui oppose l’Iran et Israël, menacés de sombrer dans le chaos religieux que génère l’affrontement des sunnites et des chiites au Liban et ailleurs, confrontés au tarissement lent mais inexorable de leurs ressources pétrolières, les très riches émirats qui composent cette partie du monde s’interrogent eux-mêmes sur leur destin.

Même si elles ne le reconnaissent pas ouvertement, les familles qui dominent ces États, petits de taille mais infiniment riches, doutent en effet du sort que leur réservera la révolution qui se dessine au Proche et au Moyen-Orient. Même si elles jouissent aujourd’hui de l’appui inconditionnel des puissances occidentales et peuvent donc compter sur l’intervention armée de celles-ci en cas de troubles graves, leurs dirigeants sont suffisamment lucides pour craindre un retournement de situation aussi brutal que ceux qui plongèrent en quelques semaines l’Irak, la Libye, la Syrie et l’Égypte dans le chaos. Et c’est, de façon très concrète, ce qui explique l’ampleur comme la diversité de leurs investissements dans les pays de la vieille Europe, la France tout particulièrement.

On l’a vu, cependant, lors du sommet Afrique-Monde arabe qui vient de se tenir à Koweït, les pays du golfe Persique en viennent à considérer qu’ils seraient sages de ne pas mettre tous leurs œufs dans le même panier. Tout en profitant de la crise qui frappe de plein fouet le Vieux Continent pour investir au meilleur prix dans les grandes entreprises, les clubs de football, les programmes immobiliers et, par conséquent, acquérir le vaste capital qui les protègerait en cas de crise grave sur leur propre territoire, ils commencent à regarder avec attention ce qui se passe sur le continent africain. Et tout naturellement leur regard se porte vers le golfe de Guinée, le Bassin du Congo, l’Afrique centrale qu’ils considéraient avec commisération jusqu’à une date récente.

De ce changement d’attitude, dont nous commençons tout juste à percevoir les prémisses, pourrait naître rapidement une coopération dont les deux parties tireront un grand profit réciproque. Mais il faut pour cela que les émirats, et de façon plus générale les pays arabes, contribuent de façon efficace à l’émergence de cette partie du continent, qu’ils ne cherchent pas à tirer un profit immédiat de leurs investissements mais s’attachent à accompagner leurs partenaires dans la longue marche que ceux-ci ont entreprise vers le développement durable. Cela ne peut se faire qu’en inscrivant dans la durée les partenariats dont nous voyons se dessiner enfin les premiers contours.

Alors que les anciennes puissances coloniales n’ont toujours pas pris la mesure du mouvement historique qui s’enclenche en Afrique au sud du Sahara, l’arrivée des capitaux arabes, venant après celle des capitaux asiatiques, confirme que cette région du monde est appelée à un très fort développement. Ce ne sont évidemment pas les Africains qui s’en plaindront.

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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