Ébola : l’espoir viendra aussi d’Italie

Lundi 1 Septembre 2014 - 16:15

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Les spécialistes italiens appellent à briser la chaîne des transmissions. Ils annoncent la mise au point près de Rome d’un vaccin appelé "Chad3Ebola-Zaire."  

Les propos du célèbre virologue italien, le Pr Giorgio Palù, respirent l’optimisme raisonné. L’épidémie actuelle d’Ébola suscite peur et psychose, mais cela est dû au fait que contrairement au passé, la nouvelle poussée touche cinq pays en Afrique de l’Ouest. La Guinée, la Sierra-Léone, le Libéria, le Nigéria et maintenant le Sénégal sont désormais des pays à Ébola au même titre que la République démocratique du Congo (ex-Zaïre) où le virus avait été localisé et baptisé dans les années 1970. Mais Ébola ne sera bientôt qu'un mauvais souvenir.

L’inquiétude actuelle se nourrit de la crainte que l’expansion de l’épidémie ne soit inarrêtable vu le nombre élevé de morts qu’elle a déjà causé depuis le début de cette année : près de 2000 morts en tout. Le Pr Palù estime que ce nombre élevé de morts vient effectivement du total des pays touchés à ce jour, et aussi du fait que contrairement à la République démocratique du Congo, la maladie en Afrique de l’Ouest a fait son irruption dans les capitales et les grandes agglomérations. Conakry (Guinée), Monrovia (Sierra-Léone), Freetown (Libéria), Lagos puis Port-Harcourt au Nigéria, et maintenant Dakar, au Sénégal sont les points de survenue du virus.

Cette caractérisation a joué dans la diffusion de la maladie, surtout parce que tous ces cinq pays n’ont jamais été confrontés à une épidémie du genre. Malades et personnel médical n’étaient donc pas préparés à y faire face par les moyens d’hygiène et de prophylaxie qui en République démocratique du Congo ont permis à sept flambées officielles recensées de ne pas s’étendre. « Il est donc possible de bloquer l’expansion de l’épidémie actuelle en Afrique », estime le Pr Palù. « Mais il faut faire vite et coopérer pour interrompre rapidement la chaîne des contaminations par la prévention et des normes hygiéniques adéquates », ajoute-t-il.

Pour le virologue italien, il y a, en quelque sorte, du bien à tirer du grand mal actuel. Le fait que l’épidémie se soit étendue à plusieurs pays a donné un coup d’aiguillon à la recherche et poussé les laboratoires à ne plus garder sous le coude des découvertes qu’ils y détenaient en se demandant s’il était économiquement rentable de les affiner pour aussi peu de malades. « La pression exercée par les médias et par l’OMS (Organisation mondiale de la santé) a été payante dans ce sens.  Des vaccins ont déjà été trouvés et ils fonctionnent sur les singes. Il existe aussi d’autres molécules qui ont donné des résultats encourageants. Nous-mêmes, à l’Université de Padoue et en collaboration avec l’Institut Karoliska de Stockholm (Suède), nous avons testé un médicament qui a donné de bons résultats », indique le scientifique.

Les annonces rassurantes se multiplient dans le monde. En  Italie même, une filiale du grand groupe pharmaceutique GlaxoSmithKline a annoncé samedi avoir mis au point un vaccin qui devrait entrer dans la phase ultime des tests dans les tout-prochains jours. Dénommé Chad3Ébola-Zaire, ce vaccin sera produit dans la petite localité de Pomezzia, à une trentaine de kilomètres au sud de Rome. Pendant cinq ans, une équipe de chercheurs a travaillé sur cette découverte avec des résultats jugés concluants. Il ne reste plus qu’à conclure les phases ultimes pour envisager sa rassurante inoculation à l’homme.

Lucien Mpama