Ebranlé par l’« affaire Bygmalion », Jean-François Copé démissionne de l’UMP

Jeudi 29 Mai 2014 - 3:35

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Alors que l’affaire Bygmalion prend de l’ampleur, Jean-François Copé a annoncé ce mardi matin qu’il quittait son poste de président de l’UMP. Un départ qui sera effectif en juin. En attendant l’élection d’un nouveau leader lors d’un congrès exceptionnel en octobre prochain, l’Union pour un mouvement populaire sera provisoirement dirigée par un triumvirat Fillon-Raffarin-Juppé. Mais l’avenir s’assombrit pour ce parti politique, en perte de vitesse et de crédibilité depuis la défaite de Nicolas Sarkozy lors des présidentielles 2012

Révélée en février 2014 par Le Point, l’affaire Bygmalion a contraint Jean-François Copé à la démission de son poste de président de l’UMP. L’annonce a été faite ce mardi matin à l’issue d'une réunion du bureau politique du parti.

Selon Le Point, dans son édition du 27 février, la société Bygmalion aurait bénéficié « de juteuses commandes sans appel d’offres et payés rubis sur l’ongle » pour l’organisation des meetings de campagne de Nicolas Sarkozy en 2012. La somme de 8 millions d’euros est alors évoquée, et le parquet de Paris ouvre une enquête préliminaire pour faux, abus de bien sociaux et abus de confiance.

En mai, la somme passe à 19 millions d’euros, selon Libération, dont 12,7 millions pour plus de cinquante « conventions thématiques » qui n’auraient jamais eu lieu, comme en témoigne la plainte pour usurpation d’identité du député Pierre Lellouche, qui découvre avoir été programmé lors d’une des fameuses conventions sans pourtant avoir été prévenu.

Lundi 26 mai, l’avocat de la société Bygmalion, Me Maisonneuve, reconnaît l’existence de surfacturation et de fausses factures, « à la demande de l’UMP afin d’éviter des dépassements de compte de campagne » du candidat Sarkozy. Contraint par un « chantage économique », Bygmalion adresse ainsi des factures à l’UMP et non pas au président sortant. Une version confirmée dans la foulée par Jérôme Lavrilleux, proche de Copé, ancien directeur adjoint de campagne de Sarkozy en 2013. Élu député européen de la zone Nord-Ouest dimanche, il nie l’enrichissement personnel mais assume « sa part de responsabilité » de ces dérives, dédouanant au passage Jean-François Copé et Nicolas Sarkozy.

Démissionnaire et imité par l’ensemble de la direction de l’UMP, Jean-François Copé n’en reste pas moins au centre de l’affaire en raison de ses relations étroites avec les fondateurs de la société d’évènementiels Bygmalion, Bastien Millot et Guy Alves, deux proches. Et de ses fonctions tout au long de la période des faits incriminés.

Né en 2002 de la fusion  de plusieurs partis de droite et du centre (RPR, UDF, Démocratie libérale, Parti radical,..), l’UMP vit des heures sombres. Depuis la défaite de Nicolas Sarkozy, les affaires s’enchaînent et décrédibilisent ce qui fut, un temps, une machine à gagner et le plus grand parti de France : la guerre Fillon-Copé et la douteuse élection de ce dernier à la tête du parti en novembre 2012, mais aussi le départ des radicaux et des centristes, puis l’annulation des comptes de campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy qui mettent l’UMP dans une situation financière délicate en juillet 2013. Une levée de fonds parvient à réunir la somme (plus de 10 millions d’euros) en quelques semaines. Mais l’affaire Bygmalion vient à nouveau ébranler l’UMP, déjà fragilisée par les tensions internes et affaiblie sur sa droite par les résultats du Front national.

Camille Delourme