Économie : La RDC, pays producteur de chocolat

Réputée pour son fromage légendaire et ses saucisses savoureuses, la ville de Goma, dans le Nord-Kivu, s’investit dans la production industrielle du chocolat. Deux membres du gouvernement central ont fait le déplacement de cette province pour visiter les modestes installations d’une unité de production de chocolat implantée dans le quartier Le Volcan. Cette usine appelée à se développer rapidement en raison de la demande croissante peut produire jusqu’à 150 kilogrammes de chocolat pur par mois. La procédure de production respecte les normes internationales, avec les différentes étapes de transformation : torréfaction, refroidissement, tempérage, etc. Toutefois, les difficultés techniques de l‘usine sont à l’origine de la lenteur actuelle des machines. A ce stade, il est difficile d’envisager une progression rapide de la production sans des investissements conséquents. Pour arriver à renverser la vapeur, il faut une subvention de l’État rd-congolais, ont expliqué les gestionnaires de la chocolaterie à leurs visiteurs de marque.

La délégation gouvernementale a séjourné à Goma dans le cadre du lancement du Projet d’appui au développement de micro, petites et moyennes entreprises financé par la Banque mondiale, en partenariat avec le gouvernement central. A l’issue de cette visite, les autorités rd-congolaises ont souhaité que la chocolaterie devienne le porte-étendard du pays dans ce secteur. Par ailleurs, les échanges ont porté également sur les méthodes et mécanismes de la politique de financements du Fonds de promotion de l’industrie (FPI) au profit des petites unités de production comme la chocolaterie de Lowa.   

L’une des grandes caractéristiques du fabricant est la récupération du cacao local comme matière principale. En effet, le Nord-Kivu est d’abord une province à vocation agricole, jadis grenier de la RDC, en dépit d’un potentiel minier tout aussi important. Les jeunes se ruent davantage dans l’exploitation artisanale des minerais que dans l’agriculture au sens large. Toutefois, malgré les violences armées depuis plus de 20 ans, la province a pu compter de nouveaux investissements dans la culture du cacao au cours des dernières années. En 2015, Esco Kivu, une société active dans le domaine de la culture du cacao, travaillait avec 29 000 planteurs. Aujourd’hui, d’autres sociétés du même genre lui ont emboîté le pas.  

Les sols de Beni et de Walikale se prêtent bien à la culture des cacaoyers. Mais l’absence des usines de transformation locales a empêché à ce jour le développement d’un grand marché au cœur du Nord-Kivu. L’on comprend mieux l’intérêt stratégique porté sur cet investissement tant pour relever l’économie locale que pour doper la demande intérieure de cacao. La production disponible est bien en-deçà du potentiel réel de la province. A cause de la guerre, beaucoup de planteurs ont été massacrés ou ont préféré purement et simplement abandonner leurs champs suite à l’insécurité grandissante. La production est en train de pourrir, quand elle n’est pas volée.