Éducation : quelles perspectives pour 2014 ?

Mercredi 8 Janvier 2014 - 19:00

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Après avoir déclaré 2013 Année de l’éducation de base et de la formation qualifiante, le gouvernement s’est engagé à redonner, en 2014, la priorité à ce secteur en termes d’investissements publics. Cette fois-ci, en prenant en compte l’ensemble du système éducatif : enseignement fondamental, enseignement technique, formation qualifiante et enseignement supérieur

Environ 300 milliards FCFA avaient été inscrits au budget de l’État en 2013, déclaré Année de l’éducation de base et de la formation qualifiante par le président de la République. Selon les responsables des ministères de l’Enseignement primaire, secondaire et de l’Alphabétisation et ceux de l’Enseignement technique, professionnel, de la Formation qualifiante et de l’Emploi, cette enveloppe était destinée à l’amélioration des conditions de travail des enseignants et des élèves, à travers la construction d’écoles et de bien d’autres infrastructures.

Un an après, aucun bilan officiel n’est fait du côté de l’enseignement de base. La situation, dans la quasi-totalité des écoles du pays, est restée la même : pas de tables-bancs, des effectifs pléthoriques, insuffisance de salles de classe, manque d’enseignants titulaires. À Brazzaville, en dépit d’un nombre important d’écoles construites au lendemain du drame du 4-Mars 2012, les élèves continuent de suivre les cours debout ou adossés aux murs dans les salles de classe. Parmi les quelques établissements de la place, le lycée Thomas-Sankara, dans le 9e arrondissement de Brazzaville, Djiri, en est un exemple. Considéré actuellement comme l’un des meilleurs lycées par rapport aux résultats obtenus au baccalauréat ces dernières années, ce lycée, scindé aujourd’hui en deux après la catastrophe de Mpila, a enregistré cette année un effectif pléthorique, surtout en terminale où l’on compte des centaines d’élèves par classe. Selon quelques enseignants rencontrés, le problème vient de la direction générale de l’Enseignement secondaire, qui a transféré, avant la rentrée scolaire, des élèves en masse sans se soucier des effectifs existants.

« Moi, par exemple, j’ai plus de 250 élèves en terminale alors que le ratio est de 45 apprenants par salle pour le lycée. Dans ces conditions-là, je suis parfois obligé d’interrompre le cours avant la fin de l’heure parce qu’on ne peut même pas se déplacer », se plaint un enseignant.

Le CEG Jacques-Opangaul, situé dans la même partie de la ville, ne fait pas exception. Les quatre bâtiments scolaires se trouvent dans un état de dégradation avancé pour 3 000 élèves et manquent de tables-bancs et de salles de classe. Avec deux surveillants seulement, cette école est aussi confrontée au déficit en personnel enseignant.

Le déficit chronique d’enseignants

L’autre problème majeur qui attend cette année le ministère de l’Enseignement primaire est le déficit en personnels enseignants. En effet, à l’issue du Conseil national de l’éducation préscolaire et de l’enseignement primaire, secondaire et de l’alphabétisation, tenu l’année dernière, il était ressorti que le sous-secteur accusait actuellement un déficit de près de 14 000 enseignants, alors qu’il y a quelques années, le gouvernement recrutait de nombreux fonctionnaires dans ce domaine. Cette situation est beaucoup plus visible dans les écoles de l’intérieur du pays où ces serviteurs de l’État se rendent souvent pour la prise de service avant de disparaître une fois leur situation financière prise en compte. Où sont-ils partis ? Selon les responsables syndicaux, les personnels enseignants ne respectent plus l’engagement décennal qu’ils prennent avant le recrutement, qui dispose qu’un enseignant ne peut changer de corporation qu’après dix ans d’exercice. Le non-respect de cet engagement s’explique, selon toujours les syndicalistes, par le fait qu’il y a quelques années, les enseignants n’étaient pas bien payés et que leurs conditions de travail ne s’amélioraient pas.

Pour résoudre ce problème, les syndicalistes demandent au gouvernement, notamment aux ministres de l’Enseignement primaire, de la Fonction publique et des Finances, de débloquer les dossiers de recrutement des enseignants gérés dans ces différences administrations.

Les écoles n'ont pas de budget de fonctionnement

Habitués à démarrer la rentrée scolaire avec un budget de fonctionnement débloqué par la tutelle au mois de septembre, les directeurs des établissements scolaires d’enseignement général n’ont pas cette fois-ci perçu un seul franc, bien que 2013 ait été déclaré Année de l’éducation avec, à la clé, une importante enveloppe d’environ 300 milliards FCFA. « D’habitude, c’est au mois de septembre qu’on nous donne le budget de fonctionnement, malheureusement jusqu’à la fin de l’année, rien n’est fait. Nous sommes obligés d’emprunter de l’argent pour acheter les craies, du papier et d’autres accessoires », déplore un chef d’établissement qui a requis l’anonymat.

Les moyens roulants

Le ministre de l’Enseignement primaire, Hellot Matson Mampouya, avait offert, en octobre dernier, des moyens roulants aux directions départementales, aux  inspections et aux circonscriptions scolaires. Ce don est intervenu après la clôture opérationnelle du Projet d’appui à l’éducation de base (Praebase), le 30 juin 2013. Il avait également annoncé, à l’issue du conseil national, l’exécution en cours du programme de construction des directions départementales. À ce jour, deux seulement ont été inaugurées : celle du Pool, construite à Kinkala, et celle de Djambala dans les Plateaux.

Retour sur les deux mois de grève

L’année scolaire 2012-2013 a été marquée par la grève des enseignants qui a totalement paralysé les sous-secteurs de l’enseignement pendant deux mois (mars-avril) sur toute l’étendue du territoire national. Les enseignants revendiquaient, entre autres, l’adoption d'un statut particulier, le relèvement du point d’indice à 320, la publication des textes harmonisés et le paiement des rappels de solde d’activités. Le mouvement avait été suspendu grâce à l’implication du gouvernement dans son ensemble, y compris des partis politiques de la majorité présidentielle, avec la garantie d'ouvrir des négociations globales. Cette nouvelle année scolaire semble encore être exposée à ce genre de jeux d’humeur au regard des récentes déclarations de certains syndicats des enseignants qui ont lancé un appel à la grève en début du mois.

Des résultats peu encourageants aux examens d’État

Au brevet d’études du premier cycle (BEPC), sur les 83 378 candidats présentés à la session de juillet 2013, seul 39 731 ont été déclarés admis. Ces résultats ont été en légère régression par rapport à 2012 avec 49,94 % de réussite contre 47,65 % (soit une baisse de 2,29 %). Au baccalauréat, le taux d’admission était en augmentation l’année dernière par rapport à 2012, avec 28,20% de réussite contre 17,85%. Sur les 46 096 candidats présentés, 13 002 ont été déclarés admis. Le nombre des refusés s’élève à environ 33 094 candidats, soit un pourcentage de 71,79%.

Les problèmes de l’école congolaise sont connus, l’engagement du gouvernement à les résoudre est renouvelé. Il reste aux cadres chargés de la mise en exécution des différentes mesures à se mettre au travail, et que les colossales sommes d’argent consacrées à ce secteur vital pour le développement du pays soient mieux gérées.

Parfait Wilfried Douniama
Photo 1 : Le ministre de l’Enseignement primaire, Hellot Matson Mampouya (© Adiac). Photo 2 : Les candidats au CEPE session 2013 (© Adiac). Photo 3 : L’école des Trois- Francs (© Adiac).