Élections de décembre : pas d’argent pour financer les partis politiques

Jeudi 24 Mai 2018 - 18:15

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Répondant le 23 mai à une question orale qui lui a été adressée au sujet du non-financement des partis politiques cette année, le vice-Premier ministre chargé de l’Intérieur a évoqué une responsabilité partagée entre le gouvernement, le parlement en tant qu’autorité budgétaire, et toutes les autres parties prenantes.

Les partis politiques s’en tiennent pour dit : ils ne seront pas financés en perspective des prochaines joutes électorales. Leurs responsables sont appelés à trouver d’autres issues pour être à la hauteur de cet enjeu politique qui nécessite de gros moyens de la part des différents candidats pour battre campagne. Et pourtant, la loi n°08/005 du 10 juin 2008 portant financement public des partis politiques devrait être logiquement d’application en cette année électorale. Elle stipule que les partis politiques peuvent recevoir de l’État des fonds publics destinés à financer leurs campagnes électorales, leurs activités, leur renforcement en capacité et à travers des campagnes d’éducation civique notamment dans les conditions définies par la loi.

Dans la pratique, cette loi,  promulguée par le chef de l’État, n’a jamais été appliquée, au grand dam de nombreux leaders politiques obligés de puiser dans leurs propres ressources pour trouver de quoi faire vivre leurs partis politiques. Il a fallu qu'un député de l'opposition, en la personne de Fidèle Babala (MLC), monte au créneau pour dénoncer cet état de fait via une question orale pour que l’Assemblée nationale se réveille soudainement et fasse le constat de la mise en veilleuse d’une loi censée renforcer la donne démocratique. Qu’est-ce qui s’est passé ? Pourquoi le gouvernement n’a-t-il pas veillé à son application ? Convoqué mercredi à la chambre basse du parlement pour éclairer la lanterne de la représentation nationale sur cette problématique, le ministre de l’Intérieur, Henri Mova, s’est dédouané en parlant d’une « responsabilité partagée ».

Pour lui, tout le monde a failli dans ce dérapage, en commençant par l’institution parlementaire en tant qu’autorité budgétaire, suivie du gouvernement et de toutes les parties prenantes. Le parlement qui vote les lois n’a pas inscrit une telle ligne dans le budget en cours, mettant ainsi l’exécutif national dans l’impossibilité de faire quoi que ce soit. « Nous sommes tous conscients que la responsabilité revient à nous tous », a déclaré le ministre Henri Mova, tout en indiquant que l’argent à donner aux partis politiques n’est pas logé dans une banque. Une façon pour lui d’ôter dans les esprits l’idée que la subvention destinée aux partis politiques a été détournée.

Ce qui est sûr est que l’application de cette loi s’avère pertinente, parce qu’elle promeut la culture de la démocratie sur l’ensemble du territoire national et permet à tous les partis en ordre avec les critères d’éligibilité de concourir à chance égale aux élections. Malheureusement, cette année, les formations politiques qui vont participer aux élections sont obligées de s’en passer.

Conscient des erreurs commises au niveau institutionnel, lesquelles erreurs n’ont hélas pas permis l’application de cette loi, Henri Mova a indiqué que son ministère s’apprête à mettre en œuvre toutes les lois relatives aux partis politiques. Il en a profité pour interpeller la représentation nationale pour que ce genre de situation ne revienne plus les années à venir.     

Alain Diasso

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