Elections du 23 décembre : le compte à rebours

Mardi 4 Décembre 2018 - 16:45

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Alors que les jours s'égrènent, les doutes persistent sur la capacité de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) à déployer à temps les kits électoraux dans tous les coins et recoins du pays.

Pendant que le processus est en train de négocier son dernier virage avec la campagne électorale qui est censée déboucher sur l’effectivité du vote le 23 décembre, des doutes continuent d’entourer cette échéance dont le respect demeure toujours, pour certains, aléatoire. Nonobstant les assurances maintes fois exprimées par le président de la Céni, Corneille Naanga, de conduire les Congolais aux élections à cette date, plusieurs paramètres incitent à relativiser son optimisme. En effet, entre le discours triomphaliste du patron de la Centrale électorale et la réalité sur le terrain, il existe un fossé autour duquel se cristallisent incertitudes et interrogations.

A moins de vingt jours des élections, le constat est que la Céni n’est pas encore au point en termes de déploiement du matériel électoral. Les machines à voter avec leurs accessoires (batteries internes et externes), les kits VSAT, les racks, les générateurs, les kits bureautiques, les panneaux solaires, etc., sont acheminés avec peine vers les sites électoraux. A l’heure du décompte, Corneille Naanga et les siens s’attellent paradoxalement à l’acheminement de ces kits électoraux dans l’arrière-pays sans garantie de leur arrivée dans les délais, à cause notamment de l'inaccessibilité de certains coins. Alors que ça urge, la totalité de la logistique électorale n’est toujours pas disponible.

En effet, 105 257 machines à voter tardent encore à arriver en République démocratique du Congo et Dieu seul sait quand elles atteindront leur destination finale après leur réception par la Céni. Le défi logistique est tel que la Céni a encore du chemin à parcourir, elle qui devrait se passer, sur décision gouvernementale, de l’appui de la Monusco au nom de la souveraineté. Dans des coins non couverts par le réseau mobile, la Céni étudierait encore la possibilité de contourner la difficulté que pourrait poser la transmission des données, alors qu’elle avait eu tout le temps pour le faire. A quelques jours des scrutins, cette situation inquiète autant que la formation des agents électoraux qui tire en longueur, ou mieux, du personnel technique d’appoint censés se déployer à temps dans tous les bureaux de vote.

Déployer à ce jour ces agents électoraux sur les 75 563 bureaux de vote, 21 699 centres de vote, 179 centres locaux de compilation des résultats et autres sites électoraux réquisitionnés relève d’une gageure pour la Céni. Lorsqu’on ajoute l'insécurité qui bat son plein dans la partie est du pays, la controverse sur la légalité de la machine à voter et le fichier électoral corrompu pour lesquels aucun consensus n’a été trouvé, sans oublier le financement à compte goutte des élections, la coupe est bien pleine. A noter sur ce dernier point que sur les 432 millions de dollars prévus et nécessaires à la Céni pour l’organisation des trois scrutins combinés (présidentielle, législatives nationale et provinciale), le solde du budget électoral qui était jusque là chiffré à environ cent dix millions de dollars américains a été réduit à soixante-douze millions de dollars, grâce au dernier décaissement opéré par le gouvernement en faveur de la Céni à hauteur de cinquante millions de dollars, apprend-on. Avec plus de trois cents millions de dollars dans son escarcelle destinés à l’organisation des élections, la Céni croit être en mesure de surmonter la contrainte financière, quitte au gouvernement de faire diligence pour suppléer, avant le 23 décembre, le montant restant.          

Eu égard au travail titanesque de la Céni, une certaine opinion n’hésite pas à proposer des scrutins à organiser uniquement dans des zones accessibles sur la base d’un échantillonnage représentatif, avec un taux de participation significatif de l’électorat et dont les résultats finaux devraient être étendus à l’ensemble du pays. Un raccourci certes mais porteur des germes de contestation électorale, parce que susceptible de sacrifier le droit de vote de nombreux Congolais.

Face aux incertitudes qui planent encore sur la tenue des élections le 23 décembre, certaines voix s’élèvent déjà pour appeler à de nouvelles concertations entre les parties prenantes au processus électoral de sorte à éloigner, via un échange citoyen, le spectre d’une contestation postélectorale qui résulterait des élections mal organisées.     

Alain Diasso

Notification: 

Non