Elections françaises : les Congolais de France dans l'expectative

Mercredi 17 Mai 2017 - 13:31

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Emmanuel Macron a été investi dans ses fonctions. La diaspora congolaise espère une refondation de la relation France-Afrique.

 

Wait and see ! Contrairement à Marine Le Pen, Emmanuel Macron s’est peu exprimé sur sa future politique africaine pendant la campagne. Les Congolais de la diaspora sont donc dans l’expectative.

Pour les habitués de la brasserie Nord Est, dans le quartier Gare du Nord à Paris, un lieu où aiment se retrouver des Congolais de France pour siroter une bière ou manger du poulet braisé accompagné de chikwangue tout en refaisant le monde, le doute plane sur ce que sera la politique africaine du nouveau président français. « Jusqu’à présent Marine Le Pen a pris position sur le franc CFA et les guerres mais lui n’a rien proposé du tout », note Pavel, un client. « Marine Le Pen était claire et avait donné sa feuille de route vis-à-vis de la Françafrique et du franc CFA. Lui n’a pas de position claire », estime Clovis.

S’ils n’adhéraient pas à toutes ses idées, la candidate du Front National a séduit une partie des Congolais de France avec ses positions favorables à l’opposition congolaise. Mais la plupart des Congolais attendent d’Emmanuel Macron une refondation de la relation Afrique-France. « Il n’a pas connu la colonisation donc il a certainement une autre vision des relations avec les pays d’Afrique francophone », glisse l’ambassadeur Adoua.

Pendant sa campagne, le nouveau président français avait soulevé un tollé au sein de la classe politique française en qualifiant la colonisation de « crime contre l’humanité » et de « barbarie ».

Même son de cloche chez Kader Keita, secrétaire général du Réseau international des Congolais de l’étranger, un réseau qui fédère la diaspora : « nous espérons une politique de renouveau car c’est un président jeune. Qu’il précise de façon claire les conditions d’ouverture entre l’Afrique et la France, au niveau économique, qu’il travaille sur le franc CFA avec les Africains pour que demain l’Afrique ait sa propre monnaie et qu’il y ait un effort pour retravailler les circuits d’aide afin qu’ils ne soient pas seulement d’Etat à Etat mais qu’il y ait des relais vers les associations ou les entreprises »

La diaspora attend également du nouveau président qu’il contribue à faire de l’Afrique un continent où les populations soient bien chez elles. Thierry Sinda, président du collectif « Union pour la nouvelle France », un mouvement qui œuvre pour la diversité, attend d’Emmanuel Macron qu’il contribue à faire « une politique de développement qui permet de freiner les flux migratoires ».

C’est également le souhait d’Isaac Djoumali Sengha. Le romancier et enseignant désire « une nouvelle vision de la relation entre l’Afrique et la France qui passe par le renforcement de la démocratie afin d’éviter le drame de cette jeunesse africaine aspirée vers les pays développés ».

Casimir Bathia, membre de la Fédération PCT France-Europe, espère que la nouvelle relation permettra « un partage plus équilibré des ressources ». Selon lui, « la relation France-Afrique doit tourner le dos au paternalisme. Il faut sortir de la relation de condescendance pour faire des Africains de véritables partenaires ».

Certains Congolais sont pessimistes et anticipent une simple continuation à l’identique des relations entre la France et l’Afrique. « Je pense que pour la politique intérieure de la France ce sera un bon président mais qui va continuer la Françafrique », estime Pavel, un client de la brasserie Nord Est. Pour Clovis, « Macron ne va rien changer, il respectera les intérêts de la France. Il n’y a rien à attendre pour le Congo, mais il pourra apprendre de nos chefs d’États puisqu’il n’a jamais dirigé de pays ». Paul Ifoundza, médecin, se dit inquiet. « J’ai l’impression que Macron risque de faire pire que Hollande. Son équipe comprend tous les vautours de la Françafrique ».

 

  

Rose-Marie Bouboutou

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