Élections : le vote électronique boudé par l’opposition et la société civile

Jeudi 7 Septembre 2017 - 19:00

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Le Mouvement de libération du Congo dénonce l’illégalité de ce mode de scrutin qui entre, selon lui, en contradiction avec la loi électorale en son article 237 tandis que la société civile y voit une astuce pour tirer en longueur le processus électoral.  

La proposition faite mardi dernier par le président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) consistant à faire intervenir dans le processus de vote les nouvelles technologies de l’information et de la communication via le recours à la machine à voter continue à défrayer la chronique de ces dernières heures. Tous les arguments brandis par Corneille Naanga pour justifier le choix porté sur le vote semi-électronique ont été, en effet, balayés d’un revers de main par certains acteurs politiques de l’opposition qui y voient une manœuvre dilatoire visant à tripatouiller les résultats du vote.

Louant les vertus de cette trouvaille le 5 septembre devant la presse, Corneille Naanga a laissé entendre notamment que l’Accord de la Saint-Sylvestre l’autorise à rationaliser les coûts du processus électoral estimé à 1.300 milliard de dollars. Avec le vote électronique, a-t-il déclaré, ce coût prohibitif serait réduit permettant ainsi au pays d’économiser près de 400 millions de dollars avec, en sus de cela, une réduction considérable de la fraude avec la publication des résultats provisoires le même jour quelques heures après la fermeture des bureaux de vote. Face aux tergiversations du gouvernement à financer le cycle électoral global des élections, ce mode de scrutin se présente pour la Céni comme une solution alternative crédible.   

Un argument qui ne passe pas au Mouvement de libération du Congo (MLC) et dans d’autres partis politiques de l’opposition. Ces derniers, en guise de réponse,  opposent à Corneille Naanga la loi électorale en vigueur qui, en son article 237, interdit tout recours au vote électronique ou semi-électronique.  « Toute élection organisée sous l’empire de la loi actuelle ne peut être effectuée par voie électronique », a indiqué la secrétaire générale du MLC, Eve Bazaïba, qui a invité en même temps les électeurs et la communauté internationale à la vigilance.

La société civile qui n'est pas en reste dans ce dossier a enfoncé le clou en soupçonnant quelques velléités de tricherie que nourrirait la Céni via ce mode de scrutin qui, d’après elle, « n’est qu’une manœuvre planifiée pour retarder davantage la tenue des élections ». Une conviction que partage largement Jonas Tshiombela, le coordonnateur de la Nouvelle société civile du Congo, qui estime que le moment n’est pas indiqué, pour l’heure, de chercher à multiplier des occasions de retarder les élections.

Pour lui, le peuple attend plutôt la publication du calendrier électoral et non la multiplication des astuces pour repousser les élections. « Déjà avec l’inscription des électeurs, la Céni a des difficultés d’accès à l’énergie à travers la République. Il faut une pédagogie pour accompagner toute cette population à maîtriser cette nouvelle technologie, il faut passer les marchés pour avoir ces équipements de vote semi-électronique. Il faut les déployer. Tout ça s’inscrit dans une stratégie planifiée de retarder davantage les élections, comme le veut l’accord », a t-il expliqué.

Alain Diasso

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