Élections locales : la Fécodho recommande le respect des textes dans l’attribution des fonctions aux femmes

Mercredi 22 Janvier 2014 - 15:44

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Le président de la Fédération congolaise des droits de l’homme (Fécodho), Céphas Germain Ewangui, a formulé cette recommandation lors de l’appel à l’application de la Convention des Nations unies contre toutes les formes de discrimination à l’égard de la femme qu’il a lancé récemment à l’endroit du gouvernement

Dans la perspective des élections locales de cette année, cette plateforme des organisations de la société civile congolaise recommande, dans un document adressé au garde de Sceaux, ministre de la Justice et des Droits humains, le respect strict du quota de représentation féminine tel que prescrit par les textes en vigueur, soit au moins 20% pour les élections locales. La Fécodho exige aussi le respect scrupuleux du positionnement des femmes selon la règle de l’alternance des sexes dans chacune des listes respectives lors du prochain scrutin. Elle demande également l’application sans faille des dispositions de l’armature juridique et institutionnelle sur la parité genre, ainsi que la mise en œuvre effective du principe constitutionnel de l’égalité de chance dans le positionnement des candidats aux prochaines élections locales afin d’alterner la chronologie des listes.

La Fécodho est partie d’un constat amer avant de formuler ces recommandations. Selon elle, au-delà de tous les textes nationaux et internationaux auxquels le Congo a souscrit en matière de droit de l’homme, qui énoncent si bien les principes, la pratique de la discrimination de la femme est flagrante et tenace. « [La Fécodho] dénonce et condamne les graves discriminations dont les femmes sont victimes. À cet effet, [elle] lance un vibrant appel à l’État congolais pour prendre, en urgence, les mesures pratiques, opérationnelles qui s’imposent en vue de supprimer toutes les formes de discrimination à l’égard de la femme », a indiqué Céphas Germain Ewangui.

L’ONG s’appuie, par exemple, sur la représentativité sinon les fonctions qu’occupent les femmes dans les différentes institutions constitutionnelles du pays. Du Parlement à la Cour des comptes et des disciplines budgétaires, en passant par la Cour suprême, la Cour constitutionnelle, le Conseil supérieur de la liberté de communication, le Conseil économique et social, la Commission nationale des droits de l’homme et la médiation de la République, elle a noté la présence d’une seule femme à la tête d’une structure. Elle a même relevé une forte tendance à la régression des femmes au sein du Parlement depuis 1992. « De 28%, le pourcentage est descendu à près de 15% en dix ans. Cet indicateur est suffisamment révélateur des artifices subtils utilisés par les acteurs politiques pour reléguer les femmes au second plan, en dépit de la pertinence des dispositions légales qui fixent les pourcentages de la représentativité des femmes dans les listes de candidatures », regrette la Fécodho.

Au niveau du gouvernement, sur les cinq ministres d’État, a rappelé le président de la Fécodho, il n’y a aucune femme. Il a, par ailleurs, noté l’absence des femmes à la tête des ministères de souveraineté tels que la Défense, les Affaires étrangères, la Justice et les Finances. Sur les trente-sept ministères, deux femmes seulement assurent les fonctions de directeurs de cabinet, notamment aux Affaires étrangères ainsi qu’aux Affaires sociales. Cela est aussi visible à la tête des préfectures et des conseils départementaux, ainsi qu’au niveau des communautés de plein exercice. Au niveau de la Force publique, a-t-il ajouté, sur près de cinquante généraux nommés, on dénombre aucune femme. « La Fécodho souligne que la marginalisation des femmes est bien une forme de violence à leur égard et invite à une mobilisation de tous en vue de l’élimination de toutes les stéréotypes sexospécifiques néfastes qui sont en ce XXIe siècle, totalement inacceptables», a conclu Céphas Germain Ewangui.

Parfait Wilfried Douniama