Électricité : le branchement au réseau de la SNE devient un casse-tête dans les quartiers périphériques de Brazzaville

Jeudi 5 Juin 2014 - 18:36

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Les populations de ces quartiers périphériques ne supportent plus la charge des poteaux et câbles électriques que l'on exige d'eux pour se connecter au réseau de la Société nationale d’électricité (SNE). Elles brisent le silence, alors que la direction de la société semble dénier toute responsabilité sur cette pratique illicite 

La première impression qui se dégage lorsque l’on parle des prestations de la SNE, c’est que cette société paraît aux yeux des usagers perdre peu à peu sa crédibilité, surtout dans les quartiers périphériques. « Nous sommes plongés dans le noir et cela donne libre cours au banditisme. Nous avons déjà entrepris plusieurs démarches au niveau des services de la SNE mais, selon les agents de cette société, nous devons nous-mêmes acheter des poteaux et câbles électriques pour un coup estimé entre 60 et 90.000 FCFA pour un poteau. Quant aux câbles, nous ne savons pas combien coûte le mètre », a laissé entendre un habitant du quartier « le bled » dans le 7e arrondissement Mfilou.

Un autre habitant du quartier périphérique, Makabandilou 2 dans le 9e arrondissement Djiri, précise : « Les poteaux que l’on nous exige d’acheter sont vendus par les agents de la SNE, quel contraste ! Il s’agit là d’un rançonnage qui ne dit pas son nom ! Où va cet argent ? » Cette question est récurrente dans tous les quartiers périphériques de Brazzaville, voire des autres villes.

Comment alors comprendre que certains agents de la SNE se font passer pour des vendeurs détaillants des poteaux alors que, le 29 mars 2014, lors de la visite sur le site Don Bosco au quartier Massengo au nord de Brazzaville où le pylône 16 de la ligne haute tension de 30 kVa était exposé aux menaces des érosions, le directeur général de la SNE, Louis Kanoha Elenga, répondant à la presse sur la question de la vente des poteaux disait : « D’aucuns disent que quand ils viennent chercher un abonnement au niveau de la SNE, le client supporte le câble électrique et même le poteau. Non pas les poteaux, les poteaux sont la propriété de la SNE, le client ne peut pas les supporter. Le câble électrique c’est du matériel que nous sommes censés fournir en contrepartie d’un paiement. Ce matériel nous ne le trouvons pas gratuitement, nous l’achetons et nous le revendons aussi aux clients. Ce n’est pas une raison pour que les gents viennent créer le désordre. »            

De gros investissements ont pourtant été réalisés durant cette dernière décennie par le gouvernement congolais, tant pour la production que pour la distribution de l’énergie électrique. Par exemple, la construction du barrage hydroélectrique d’Imboulou, 340 millions de dollars américains, soit 170 milliards de FCFA, pour satisfaire les besoins de la population, n’a hélas, pas suffi à améliorer la donne. Situé à environ 220 km au nord-est de Brazzaville sur le cours inférieur de la rivière Léfini, à 14 km de son confluent avec le fleuve Congo, le barrage hydroélectrique d’Imboulou compte 4 turbines, pour une puissance totale de 120 MW. Sa capacité de production est de 876 GWH.  

Ce gigantesque projet, qui a été inauguré le 7 mai 2011, a fait naître « une ère d’espoir » aux populations congolaises qui, pour la plupart, sont soumises au phénomène dit de délestage, c'est-à-dire des coupures intempestives d’électricité qui interviennent de jour comme de nuit. Que dirait-on des centrales électriques à gaz de Pointe-Noire, des lignes attenantes et du boulevard énergétique parti de Pointe-Noire jusqu’à Brazzaville et d'une bonne partie du nord Congo ?

Les Brazzavillois avaient beaucoup espéré sur l’expertise des agents de la SNE avec l’implantation dans différentes zones, de nouveaux postes transformateurs de courant électrique. Malheureusement, ces populations ne cessent de s’interroger, car le bout du tunnel n’est toujours pas vu. L’amélioration attendue depuis plusieurs années du service public de l’électricité se fait attendre, alors que la ville, tout comme Pointe-Noire, connaît une poussée démographique importante.

Produire, transporter et distribuer l’électricité auprès des usagers

Cette fonction de la SNE ne devrait souffrir d’aucune entorse car il s’agit de sa raison d’être. Plus la ville s’élargit, plus le raccordement des nouvelles habitations et autres édifices au réseau de la SNE devrait aisément se réaliser dans les règles de l’art. Aussi la SNE devrait-elle se mettre à l’idée qu’une habitation, dans son périmètre d’action, est une clientèle potentielle. Par conséquent, elle devrait élargir son réseau au fur et à mesure que s’étend la ville, pour que le chemin de la modernité soit profitable à tous.

Jeanice Hortence N’guellet (Stagiaire)

Légendes et crédits photo : 

Poteaux et câbles de la SNE.