Émission monétaire : les billets usés et les pièces échangés par la banque centrale

Mardi 19 Novembre 2013 - 13:15

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La Banque des États de l’Afrique centrale (Béac) a lancé une opération coup de poing afin de réguler les situations de pénurie de pièces de monnaie et de billets usés. Mise en œuvre le 8 novembre, cette opération consiste à injecter des pièces de monnaie et à changer les billets usés pendant une période de transition en attendant leur renouvellement

Le directeur national de l’institution bancaire, Cédric Ondaye-Ebauh, a annoncé cette mesure lors d’une interview qu’il a accordée à Digital Congo radio-télévision, un média audiovisuel RD-congolais. Au cours de cet échange, il a reconnu que la banque avait une part de responsabilité dans cette situation, car elle a connu un retard dans le renouvellement de sa gamme.

En effet, les pièces et les billets de banque devaient être retirés de la circulation depuis 2012, le renouvellement étant opéré tous les dix ans. Malheureusement, la Béac n’a pas honoré son engagement en raison d’un problème technique qui n’a pas été expliqué.

Consciente du désagrément que subissent les populations dans leurs transactions quotidiennes, la Béac les invite à venir changer les billets usés tous les mardis, et les pièces tous les jeudis dans leurs établissements bancaires.

Cette opération draine déjà du monde. Avant de la lancer, la Béac a rencontré les responsables des comités de marché et de transport en commun pour examiner les modalités pratiques de mise en œuvre.

Toutes les dispositions sont prises pour éviter les dérapages et les plaintes. Le processus est le suivant : la personne se présente au guichet de la banque, remplit un formulaire en précisant le montant et le type de pièces qu’elle veut se procurer. En fin d’après-midi, elle repasse à la banque pour les récupérer. Tout se fait dans la journée.

Un manque à gagner pour les commerçants

La rareté des pièces implique un manque à gagner pour les commerçants qui ne vendent presque plus sur les marchés faute de monnaie. Lorsqu’un client leur tend un gros billet, ils sont obligés de le renvoyer. Dans le cas contraire, c’est l’acheteur qui en supporte les conséquences en acceptant de laisser la monnaie. Au niveau des transports en commun, toutes les courses dans la ville de Brazzaville sont passées à 1 000 FCFA, même pour de courtes distances, alors que le prix officiel est de 700 FCFA.

S’agissant des types de pièces, cette opération est une opportunité offerte aux populations de revenir à l’utilisation des pièces de 1, 2, 5 et 10 FCFA qui n’existent plus dans les échanges de monnaie.

« Tant que les gens ne les utilisent pas, une inflation artificielle va s’installer, qui n’est pas bonne pour l’économie d’un pays. Au lieu de vendre un produit 35 FCFA, par exemple, il revient à 50 FCFA à cause du manque de pièces de 5 FCFA. C’est pareil pour 2 bonbons à 10 FCFA chacun qui reviennent à 25 FCFA », a indiqué un agent de banque.

Ainsi, les populations sont invitées à échanger des billets contre ces pièces, la Béac offrant toutes les valeurs de pièces.

Peu d’attrait pour d’autres formes de payement

Quant aux billets usés, ils sont objet de grogne dans les marchés. Beaucoup de personnes en détiennent et ne peuvent rien en faire, la plupart étant refusés. Toutes les transactions se font en espèces et les billets s’usent rapidement.

La réforme du système des moyens de payement n’a pas encore changé les habitudes. Les populations n’ont pas encore bien assimilé les différentes possibilités offertes depuis peu avec le chèque et la carte bancaire ; aujourd’hui, les sociétés de téléphonie mobile proposent aussi certains avantages de payement via le téléphone portable.

Les gens préfèrent encore utiliser les espèces, mais les conditions de conservation laissent à désirer. Elles font perdre de la qualité au billet en lui ôtant toutes ses caractéristiques. Néanmoins, la Béac assure qu’elle les reprend et peut les traiter tant qu’ils ne sont pas dégradés.

L’image et la crédibilité de l’institution bancaire sont ternies face à cette situation durant cette période de transition. En partie responsable, la Béac attend, courant 2014, une nouvelle gamme de pièces et de billets pour retirer complètement de la circulation ceux en cours. 

Nancy France Loutoumba

Légendes et crédits photo : 

(© Adiac)