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Emmanuel Macron et le 11 novembre

Dimanche 18 Novembre 2018 - 18:15

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Sa rapide ascension en politique, sa jeunesse et son élection, le 7 mai 2017, à la présidence de la République française, avaient déjà surpris. Y compris aussi d’ailleurs- en considérant évidemment le respect de la vie privée d’autrui mais lui, heureusement, est un homme politique, donc livré au jugement de l’opinion et des médias- l’originalité du couple qu’il forme avec son épouse Brigitte.

Puis donc le visage du monde dans lequel nous vivons, marqué par la perte d’un certain nombre de valeurs, la résurgence des égoïsmes prédateurs, des volontés de puissance et le peu de considération pour la vie humaine. Au long de l’histoire des hommes sur terre, la survenue des chaos a souvent fabriqué des seigneurs de guerre et parallèlement des faiseurs de paix. Emmanuel Macron voudrait se situer dans la seconde catégorie, celle des leaders engagés à promouvoir le vivre-ensemble. Si la volonté y est, on peut se demander avec quels moyens et quels alliés pourrait-il tenir un tel engagement.

La commémoration, le 11 novembre, à Paris, du centenaire de l’Armistice de 1918 a donné à voir que le jeune chef d’Etat français a du courage et de la détermination. Lorsqu’il lui tient à cœur de porter une idée, il marche sans s’arrêter. L’avant-veille, au nombre des invités de marque ayant foulé le sol de la Ville Lumière, se trouvait son homologue américain, Donald Trump. Qui s’était signalé aussitôt arrivé par un tweet pour l’alerter de son mécontentement.

Emmanuel Macron s’était, en effet, permis de convier les Européens à se procurer les moyens de leur propre politique de défense. A ses yeux, le cercle des ennemis potentiels du Vieux Continent pouvait désormais compter en plus des puissances traditionnellement « hostiles ? » comme la Russie et la Chine, l’ami historique que sont les Etats-Unis.  Une « insulte » pour le locataire de la Maison-Blanche qui rappelait le sacrifice des soldats américains sur le sol européen durant les deux guerres mondiales provoquées par les Européens eux-mêmes.

Obligé d’arrondir les angles, Emmanuel Macron devait jouer dans un tour d’adresse diplomatiquement correct lorsqu’il a reçu Donald Trump, le 10 novembre : « Nous devons mieux partager le fardeau au sein de l'Otan ». Plaidoyer suffisamment rassurant pour le Français qui arrache sur le moment une chaude poignée de main de l’Américain. Pourtant, le premier a repris à zéro l’exercice de mise au point au moment de faire parler son intime conviction. En présence de l’ensemble de ses invités, le voilà porter l’estocade contre les adeptes du nationalisme et du repli sur soi au cours d’une déclaration de circonstance solennelle.

Il n’avait manqué au président français que de nommer son hôte américain qui ne pouvait pas ne pas avoir évalué le poids des mots. En connaissance de cause, ce dernier ne s’est pas privé, une fois rentré chez lui, d’élever la critique sur le peu de popularité du dirigeant français dans son pays. Les médias de l’Hexagone qui commentaient la cérémonie s’étaient attachés à examiner les faits et gestes du président Trump : le choix d’une escorte personnelle « pour des raisons de sécurité » (ce fut aussi le cas pour le président russe, Vladimir Poutine, et le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou), mais plus particulièrement son arrivée au dîner une demi-heure après ses pairs.

A l’analyse, on a eu l’impression d’assister à ces passes d’armes dont finalement Français et Américains sont un peu coutumiers. On se souvient de celle qui se produisit dans l’enceinte de l’ONU, à New-York, entre le ministre français des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, et le secrétaire d’Etat américain, Colin Powell, peu avant le déclenchement de la guerre d’Irak, en 2003. Cette fois, les « hostilités » ne sont pas ministérielles mais présidentielles. Qui de Donald Trump et d’Emmanuel Macron en sortira grandi ? La question reste posée.

Gankama N'Siah

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Édition Quotidienne (DB)

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