Emploi et jeunesse en Afrique, par le Collectif Oser l’Afrique

Vendredi 6 Décembre 2013 - 10:19

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Avec près de 200 millions d’habitants âgés de 15 à 24 ans, l’Afrique compte aujourd’hui la population la plus jeune du monde. Et celle-ci ne cesse de s’accroître : en 2045, les Africains seront 400 millions

Si cette tranche d’âge est la plus représentée sur le continent, c’est aussi celle qui est la plus impactée par le chômage : six jeunes Africains sur dix sont au chômage ou occupent un emploi précaire. Le vivier que représentent ces jeunes est pourtant unique : chaque année, ils sont 7 à 10 millions à intégrer le marché du travail. En 2040, avec environ un milliard de personnes, le continent africain abritera la plus importante main-d’œuvre au monde, dépassant celle de la Chine et de l’Inde.

La forte croissance de la population associée à un faible taux de création d’emplois en Afrique met inévitablement le continent face à un défi majeur : transformer ce qui s’apparente aujourd’hui à une bombe à retardement en un formidable feu d’artifice. Une question doit occuper notre agenda citoyen : comment créer un cercle vertueux permettant à chaque jeune Africain de devenir acteur de son devenir et créateur de valeur pour sa communauté ?

Fidèles à notre démarche participative et collaborative, nous avons interrogé nos internautes sur cette question. Il en est ressorti trois axes majeurs qui s’imposent dans la feuille de route : l’éducation et la formation, la professionnalisation et l’auto-emploi.

Éducation et formation

Être un jeune actif commence en mettant toutes les chances de son côté au travers d’une éducation de qualité et d’une formation pointue (y compris une formation continue). Notre émancipation en tant que jeunes ne peut s’envisager sans une base de connaissances authentiques et en phase avec notre environnement immédiat. Il devient donc urgent de repenser l’offre de formation et d’éducation en Afrique pour répondre notamment à deux objectifs essentiels.

Créer un état d’esprit orienté vers la prise d’initiatives : aujourd’hui, la jeunesse appelle de ses vœux un parcours scolaire et académique vecteur de créativité, élargissant ainsi le champ des possibles pour ouvrir la voie à de formidables aventures professionnelles ou entrepreneuriales comme celles qu’on a pu voir récemment en Asie ou aux États-Unis.

Transmettre un savoir-faire en phase avec les besoins et les défis de notre environnement : comment expliquer que certains pays africains grands producteurs de pétrole ne possèdent même pas un cycle de formation en pétrochimie digne de ce nom ? Que penser de la prolifération des cursus spécialisés en littératures ou sciences sociales alors que nos pays font sans cesse appel à des ingénieurs étrangers ? Il devient urgent, en s’inspirant des compétences pluridisciplinaires de nos vieux sages africains, de faire profiter notre jeunesse d’un savoir capable de faire émerger autant de scientifiques et ingénieurs pointus que d’avocats ou économistes brillants.

Professionnalisation

Aussi, éducation et formation ne font pas tout. De bons élèves ne font pas automatiquement de bons salariés ou de bons entrepreneurs. Là encore, et pour faciliter l’entrée des jeunes dans le monde du travail et leur permettre de sauter le pas avec succès, il faudra collégialement apporter des solutions concrètes à deux impératifs : créer de véritables filières d’apprentissage et plus généralement encourager les acteurs privés à s’impliquer dans la politique d’éducation et de formation ; faciliter la rencontre entre l’offre d’emplois et la demande : cela doit passer par une application claire des lois en faveur de l’emploi des jeunes ou encore en poussant les entreprises du secteur privé à publier leurs offres d’emploi et multiplier les forums de recrutement.

L’auto-emploi, l’entrepreneuriat

Enfin, l’emploi n’implique pas seulement le salariat. L’auto-emploi est d’ailleurs, de manière volontaire ou non, et ce au vu du dynamisme du secteur informel en Afrique, le quotidien de nombreux jeunes du continent. Il y a de la place pour tout le monde et la jeunesse fourmille d’idées, il y a donc des opportunités à saisir. Ces jeunes entrepreneurs ont une préoccupation et un besoin : placer l’innovation au cœur de leur démarche entrepreneuriale, la jeunesse crée au quotidien. Plus elle entreprend pour satisfaire ses besoins, plus elle crée de la valeur ajoutée.

Mais aussi bénéficier de structures d’accompagnement nécessaires au décollage pérenne de tout projet entrepreneurial : tous les intervenants doivent jouer leur rôle. Les jeunes entrepreneurs doivent s’organiser en groupements ou en fédérations afin d’augmenter leurs chances de réussite. Les entreprises du secteur privé doivent, pour se maintenir dans la course de l’innovation, investir dans la jeunesse. À travers des incubateurs et du tutorat, les responsables du secteur privé pourraient avoir un impact considérable, y compris sur leurs propres entreprises. Enfin, les pouvoirs publics doivent prendre un ensemble de mesures visant à favoriser l’entrepreneuriat (assainissement du climat des affaires pour permettre aux entrepreneurs de lever des fonds ou encore investissements dans des infrastructures).

Nous l’avons vu, de nombreuses initiatives restent à mettre en œuvre. L’Afrique est le continent de l’avenir. Mais, seule une jeunesse responsable, outillée et en confiance pourra être au rendez-vous de l’histoire. Concentrons donc nos efforts à investir et faire fructifier ce capital inestimable !

Marylène Owona est responsable communication Oser l’Afrique et P-DG de Kouaba Digital Agency.
NB : Le Collectif Oser l’Afrique (Ouverture, Solidarité, Exemplarité et Respect) a été créé en 2009 par des jeunes de la diaspora. Il a pour objectif de permettre l’essor et le rayonnement de l’Afrique par la voix de sa jeunesse.

Marylène Owona