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Enfin, le Congo a son Quotidien

Samedi 20 Mai 2017 - 14:15

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21 mai 2007-21 mai 2017. Nous étions une équipe de journalistes mobilisés autour de Jean-Paul Pigasse, directeur de publication des Dépêches de Brazzaville, qui tenait à relever le défi d’une grande aventure : transformer le mensuel créé fin 1997 en un quotidien. Pour cela, il a fallu franchir plusieurs étapes redoutables les unes que les autres. La première était sans doute de se procurer un équipement nécessaire, entendu ordinateurs, abonnement à Internet, puis l’une sans l’autre, d’un personnel formé, les deux sans une troisième, le nerf de la guerre, et enfin, la quatrième étape, une imprimerie moderne.

La veille du 21 mai 2007, nous étions reçus au JT de Télé-Congo par une collègue joviale, Edith Karen Kourissa, pour annoncer la bonne nouvelle : « Le Congo dispose désormais d’un quotidien d’information, donc d’un espace à la disposition des acteurs de l’actualité, des annonceurs et de tous les partenaires qui savent combien dans toutes leurs affaires, le journal peut-être une valeur ajoutée inestimable ». Nous le disions avec un sentiment de fierté car dans la sous-région d’Afrique centrale, le Congo était le seul pays à ne pas disposer d’un outil de cette importance en matière de presse écrite alors qu’il fut pionnier au Sud du Sahara avec la chaîne de télévision, lancée le 28 novembre 1962, deux ans seulement après son indépendance en 1960.

Quel parcours donc ? La route n’a pas été facile quand on sait qu’un quotidien est une machine lourde à manier. Rattraper la dernière actualité en dernière heure, pour en faire un petit bonheur de lecture le lendemain matin, il faut une part accomplie d’amour du travail, une dose assumée de sacrifice, une grande bonne humeur pour vaincre le stress, les petits procès en famille d’absences notoires à la maison, mais finalement cette passion de servir l’intérêt général qui n’animent que ceux qui ont appris le métier et l’exercent avec l’humilité de s’abstenir de se prendre la tête au moindre succès reconnu, quand celui qui vient de vous lire, de vous écouter et de vous voir vous approche pour vous le témoigner.

Autosatisfaction sans bornes ? Non plutôt. Les lecteurs sont exigeants, ils vous disent sans détours que telle information a manqué dans le journal, que telle autre n’a pas été suffisamment relayée ; ils ont tendance à croire que dans les rédactions œuvrent des demi-dieux, qui sont au courant de tout, de sorte que quand ils n’ont pas dit c’est qu’ils ont choisi de ne pas dire. A la vérité se pose toujours le problème de l’authentification de l’information que l’on traite pour le grand public, se pose aussi celui des sources qui ne vous ferment pas la porte au nez pour vous obliger de tout rapporter au conditionnel pour ensuite vous accuser de manipulation, de rouler pour X ou Y. Des procès intentés à la presse à travers les âges dans presque tous les pays du monde. D’où la responsabilité pour les professionnels de tirer la conclusion que leur métier doit évoluer avec la société.

Le siècle présent est justement celui de la communication en raison de la multiplicité des moyens de diffusion de l’information. Depuis que sont apparus les réseaux sociaux, il n’est plus de monopole qui tienne pour les médias traditionnels quant à l’initiative de communiquer. Mais l’homme étant la mesure de toute chose, même quand est abondante la nourriture et qu’il a très faim, la panse ne pouvant tout contenir, il opère souvent le choix nécessaire. En matière d’information, il peut tomber dans le panneau de l’intox sans le savoir, et quand il l’a su, il grandit, se forme, aiguise son discernement et commence à faire attention à ce qu’il lit, ce qu’il voit et entend.  

Au bout de dix ans donc, nous avons aussi connu des difficultés de tous genres, été priés par le régulateur ou d’autres acteurs de nous justifier sur une information parue dans le journal, vexés par des gens qui s’estimant lésés par le traitement d’une actualité n’ont trouvé mieux que de nous chanter pouilles. Contre quoi, nous avons toujours opposé l’unique boussole qui nous guide et qui est en principe la règle du métier : l’information est sacrée, le commentaire libre. Nous avons envie de partager ce dixième anniversaire fêté ici avec tous ceux et celles qui, au Congo ou ailleurs nous lisent sur support papier et sur notre site web. Il nous revient que comme portail d’information, nous avons quand même avancé de quelques pas.

De Brazzaville à Paris, Rome et Bruxelles, de Pointe-Noire à Kinshasa, toutes les équipes des Dépêches de Brazzaville vous disent à tous et à toutes : poursuivons cette aventure ensemble !

Gankama N'Siah

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

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