Enjeu sécuritaire à l'Est : le Rwanda sur le pied de guerre

Mardi 3 Septembre 2013 - 18:30

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D’après le ministre rwandais des Affaires étrangères, son gouvernement se préparerait à défendre ses citoyens et son territoire tout en poursuivant le chemin politico-diplomatique de concert avec la région.

Les nouvelles en provenance du front ne sont guère rassurantes. Alors qu’il est annoncé pour ce 5 septembre à Kampala un sommet extraordinaire des chefs d’État de la Conférence internationale pour la région des Grands lacs, à la frontière rwando-congolaise, le risque d’escalade entre la RDC et le Rwanda est perceptible. D’après plusieurs sources concordantes, le Rwanda aurait renforcé sa présence militaire ces derniers jours au niveau de la ville frontalière de Gisenyi. À en croire des témoins cités par l’AFP, cette présence militaire rwandaise se fait de manière discrète. Au niveau de la colline surplombant cette ville, des chars se seraient positionnés notamment sur le Mont Rubavu avec des canons tournés vers le territoire congolais. On y trouve un peu de tout. Pour parer à toute éventualité, le Rwanda aurait déployé tout son arsenal militaire. Blindés, hommes, gros camions et armes lourdes seraient mis en contribution.

Interrogée à ce sujet, la ministre rwandaise des Affaires étrangères n’a pas démenti le fait que son pays se trouvait en état d’alerte. Louise Mushikiwabo continue d’alléger que son pays « est préparé à défendre ses citoyens et son territoire, tout en poursuivant le chemin politico-diplomatique de concert avec la région ». Cette situation fait suite à la reprise il y a quelques semaines des hostilités entre les Fardc et le M23 sur fond de bombardements entendus de part et d’autre de la frontière. Le gouvernement rwandais continue d’accuser les Fardc d’avoir intensifié les bombardements délibérés ces derniers temps sur le territoire rwandais en le prenant pour cible. Une trentaine d’obus tirés à partir de la RDC auraient fini leur course sur le territoire rwandais, confirment des sources officielles rwandaises. Déjà, les autorités rwandaises ne cachaient pas leur menace d’entrer éventuellement en guerre contre la RDC en guise de représailles évoquant des « provocations » de la part du Congo voisin. Avec ce renforcement militaire, il va sans dire que le Rwanda se prépare d’ores et déjà à répondre au coup par coup à toute attaque qui proviendrait hors de ses frontières.

Du côté de la RDC, aucune réaction officielle n’est encore enregistrée à ce jour par rapport à ces derniers développements. Exhortation est cependant faite au Rwanda de se conformer à ses engagements contenus dans l’Accord-cadre d’Addis-Abeba de ne pas apporter aide et appui au groupe armé M23 qui est une force négative. Appuyées par la Brigade spéciale d’intervention de la Monusco, les Fardc qui sont sur une bonne dynamique après leur dernier succès militaire sur le M23 sont dans l’expectative. Entre-temps, la Monusco, à en croire l’envoyée spéciale du secrétaire général de l’ONU dans la sous-région des Grands lacs, serait disposée à repousser une nouvelle attaque si jamais elle se déclarait. « Je crois que maintenant s' il y a une autre attaque, on peut la repousser de manière beaucoup plus forte parce qu’on a maintenant acquis l’expérience d’un travail en équipe », a déclaré Mary Robinson depuis Goma où elle séjourne depuis lundi.     

      

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Paul Kagame