Enjeux de l’heure : Félix Tshisekedi renonce à la primature

Mercredi 16 Août 2017 - 18:05

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Le président du Rassemblement/aile Limete et responsable de l’UDPS a rejeté, via son compte twitter, toute idée ou négociation qui aboutirait à lui offrir le poste de Premier ministre.

Il passait dans l’opinion pour quelqu’un d’ambitieux qui rêve d’accéder, un jour, au strapontin du pouvoir. Félix Tshisekedi qui n‘a jamais caché son jeu était pressenti comme virtuel Premier ministre au fur et à mesure qu’ont évolué les négociations du Centre interdiocésain ayant accouché de l’accord du 31 décembre. Son positionnement au Rassemblement de l’opposition où il jouait les premiers rôles en faisait carrément le digne successeur de Samy Badibanga qui aurait usurpé « son » fauteuil après avoir craché dans la soupe de l'UDPS. On se souvient de la controverse qu’avait  alors suscitée le processus de nomination du Premier ministre qui, selon l’accord, était censé sortir des rangs du Rassemblement.

Alors que cette plate-forme n’entendait nullement épiloguer sur la candidature unique de Félix Tshisekedi au point d’en faire une fixation qualifiée par certaines langues d’insensée, la majorité, elle, voulait voir le pouvoir discrétionnaire du chef de l'État s’appliquer dans ce cas. Le Rassemblement était prié d’élargir l’éventail de choix et proposer deux à trois noms sur lesquels Joseph Kabila allait tabler pour opérer le choix définitif du prochain Premier ministre. Refusant d’accéder à cette requête qu’il estimait aller à l’encontre des prescrits de l‘accord de la Saint-Sylvestre, le Rassop avait, un moment, bloqué la dynamique politique entraînant, de ce fait, un dysfonctionnement des institutions.

La scission du Rassemblement avec l’avènement de l’aile Olenghankoy s’est présentée comme une aubaine dans le chef du pouvoir qui ne s’est pas posé de questions pour tirer dans ses rangs l’oiseau rare. C’est dans ce contexte de scissiparité qu’a surgi Bruno Tshibala, ancien cadre de l’UDPS, et qui continue à se revendiquer du Rassemblement. Coup dur pour Félix Tshisekedi qui se voyait déjà dans la peau du Premier ministre et qui avait, en son temps, multiplié des déclarations mettant en exergue ses compétences et son sens élevé de l’État. Déception également dans les rangs de ses partisans qui avaient imaginé le scenario du fils Tshisekedi alors devenu Premier ministre accueillant la dépouille toujours en instance d’un rapatriement sans cesse avorté de son défunt père.   

Devrait-on décrypter l’activisme politique affiché ces derniers temps par Félix Tshisekedi et ses pairs du Rassop/Limete comme l’expression d’une rancœur mal dissimulée ou mieux d’une désillusion mal contenue ? Toute la trame de sa lutte politique actuelle ponctuée par des actions de rue ne procède-t-elle pas d’une velléité revancharde vis-à-vis de celui qui l‘a roulé dans la farine ? Des questions qui taraudent bien des esprits étant entendu que l'homme avait, jusque-là, fait de la primature son centre d’intérêt. Puis survient curieusement cette déclaration fracassante qui paraît tout remettre en cause et chambouler toutes les prédictions à son sujet. « Je veux que ça soit clair : Je ne suis ni demandeur, ni preneur d'un poste de Premier ministre », avait-il écrit le mercredi 16 août sur son compte Tweeter. Sacré rétropédalage.

En fait, le fils Tshisekedi réagissait là à une information diffusée récemment sur les réseaux sociaux faisant état des conciliabules avec les délégués de la famille politique du chef de l’État visant à lui offrir la primature d’ici fin septembre et ce pour une transition de deux ans, en remplacement de Bruno Tshibala. Des propos qui ont le mérite de tirer un trait définitif sur les vraies ambitions de cet acteur politique. Pour l’heure, son combat s’articule essentiellement sur l’enjeu électoral avec, en prime, la tenue des scrutins d’ici décembre 2017 conformément à l’accord du 31 décembre. Cependant dans l’hypothèse de plus en plus plausible de la non-tenue des élections à cette échéance, il prône une « transition sans Kabila ».

Autant dire que pour le Rassemblement, toute nouvelle concertation ou négociation politique est sans objet, si ce n’est que pour changer la tête de l’exécutif national. Mais la politique étant dynamique et face à l’impasse qui se profile à l'horizon du fait de la non-organisation des élections en 2017, Félix et ses amis seront contraints d’assouplir leur position en intégrant, bien malgré eux, la logique du glissement afin de contourner le spectre du chaos qui plane sur le pays. De toute façon, l’arrêt implacable de la Cour constitutionnelle ayant accordé un sursis à Joseph Kabila de demeurer en poste jusqu’à l’installation du nouveau président élu ne leur accorde pas suffisamment de marge de manœuvre pour changer la donne politique…                         

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Félix Tshisekedi

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